Comptes rendus : Analyse de politique étrangère

Macleod, Alex et David Morin (dir.), Diplomaties en guerre. Sept États face à la crise irakienne, Outremont, qc/Montréal, qc, Athéna éditions/cepes, 2005, 256 p.[Notice]

  • André Dumoulin

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  • André Dumoulin
    École royale militaire,
    Bruxelles

Cet ouvrage collectif a pour intérêt d’examiner la position de sept États à propos de la crise irakienne de 2003-2004. Cette prise de recul permet de donner à l’ouvrage un caractère homogène malgré l’addition d’études de cas. La consigne était de situer le degré de solidarité des alliés vis-à-vis des États-Unis face à une conception de la lutte contre le terrorisme et à celle du remodelage du système international. Elle était aussi d’examiner les motivations des acteurs dans leur refus, leur soutien ou leur louvoiement au sujet de la politique américaine de renversement du régime de Saddam Hussein. Elle était enfin d’examiner les réactions américaines face à ces échelles de positionnement. La détermination des intérêts diplomatiques, économiques et symboliques des différents acteurs considérés aboutit à un tableau complexe, mouvant et parfois contradictoire dans les prises de position des États retenus à savoir le Royaume-Uni, le Canada, la Chine, l’Allemagne, la France, la Russie et les États-Unis. Cet examen, réalisé par une équipe de professeurs, d’assistants, de doctorants et de chercheurs, est précédé d’une importante introduction riche en questionnements qui revient en vérité sur la lecture géopolitique de l’après-guerre froide autour du discours sur l’unipolarité et l’hégémonie américaine, sur les effets du 11 septembre 2001 et sur les signifiants de la guerre en Irak du point de vue de l’ordre international. Le retour de Clausewitz, de la « guerre contre le terrorisme » et de dualisme des identités et des valeurs dominent le champ international en général, mais surtout la lecture américaine du monde. Guerre en Irak qui exprime le caractère précaire du droit comme fondement du droit international même si les États-Unis ont tenté jusqu’au bout d’assurer leur légitimité interventionniste en tentant de justifier l’intervention auprès des Nations Unies. L’autre nuance, au-delà de la dialectique entre légalité/légitimité, fut l’ambivalence américaine à l’égard du multilatéralisme. Celui-ci est conceptualisé à la carte par Washington face aux autres acteurs étatiques dont les postures sont particulièrement complexes puisqu’ils naviguent entre alliances d’opportunité, pragmatisme politique, intérêts nationaux, tiraillements régionaux. Au-delà, l’introduction met en lumière le fossé croissant entre la diplomatie classique et les opinions publiques aux objectifs pluriels, tout comme l’opposition entre la coalition de volontaires et le front du refus à engager la confrontation militaire avec Bagdad, dans un paysage général où persiste l’hétérogénéité des attitudes à l’intérieur de chaque « camp ». D’où l’extrême importance d’examiner plus en détail la position de chaque État. C’est tout l’objet de cet ouvrage. La politique britannique est définie à partir de trois socles que sont le déclin historique de l’Empire, la recomposition postguerre froide et les effets du 11 septembre. Le rôle subalterne du Royaume-Uni dans la relation spéciale est mis en avant dans un cadre politique interne où dominent le cabinet Blair et l’influence permanente de la doctrine britannique de la Communauté internationale avec la rhétorique de « la force du bien ». Malgré sa défense du concept d’hégémonie partagée et de réponse commune aux menaces asymétriques, le cabinet Blair ne peut occulter la perte de crédibilité gouvernementale face à l’absence d’adm en Irak. Cette position délicate n’empêcha pas Londres de souhaiter renforcer la coopération avec les États-Unis pour des motifs technico-militaires (interopérabilité), géopolitiques (restreindre l’unilatéralisme américain) et historiques, tout en se rapprochant de l’ue pour mieux l’influencer. La diplomatie canadienne y est dépeinte comme reposant sur une stratégie de procrastination, à savoir celle de repousser les décisions afin de se préserver une marge de manoeuvre la plus large possible et minimiser les coûts politiques et économiques face à son grand voisin du sud. Il s’agira alors pour Ottawa de rassurer les États-Unis …