Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Brett, Rachel et Irma Specht, Young Soldiers. Why They Choose to Fight, Boulder, co, Lynne Rienner, 2004, 192 p.[Notice]

  • Julie Gagné

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  • Julie Gagné
    Sous-délégation de Tindouf, Algérie
    Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés

L’ouvrage de Brett et Specht explore les raisons qui poussent les adolescents et les adolescentes à choisir de joindre les forces armées. Il présente les résultats d’une recherche qualitative de terrain. Les auteures ont ainsi interviewé des adolescents soldats qui se définissent eux-mêmes comme des combattants volontaires. Les jeunes personnes interviewées proviennent de diverses régions du monde et regroupent une variété de conflits. En se concentrant sur la réalité des enfants-soldats qui sont volontairement devenus combattants, le texte remet en question plusieurs des thèses élaborées dans la littérature contemporaine en donnant la voix directement aux principaux intéressés. L’intérêt de l’ouvrage est en grande partie lié à la crédibilité de présenter la perspective des enfants-soldats eux-mêmes, en insistant sur les circonstances et les raisons qui ont mené à leur recrutement dans les forces armées. Une telle approche « de l’intérieur » a rarement été présentée dans la littérature. Le premier chapitre de l’ouvrage identifie les facteurs environnementaux généraux sans lesquels un enfant ne joindrait probablement jamais les forces armées. Les facteurs passés en revue sont présentés en sept catégories distinctes : la guerre, la pauvreté, l’éducation et l’emploi, la famille et les amis, la politique et les idéologies, les caractéristiques spécifiques des adolescents, et la culture et la tradition. Les auteures concluent que même si les facteurs ne sont pas cumulatifs en soi, la combinaison spécifique de différents facteurs environnementaux contribuent à rendre davantage vulnérables certains enfants à un recrutement. Outre la présence de la guerre qui est nécessairement un facteur fondamental, la famille et l’éducation sont identifiées comme des facteurs critiques qui peuvent faire la différence chez des enfants à risque. Le second chapitre explore les raisons contextuelles pour lesquelles certaines jeunes personnes joignent les forces armées alors que d’autres enfants soumis aux mêmes conditions générales ne franchissent pas ce pas. Encore une fois, les raisons sont regroupées en six catégories : la guerre et l’insécurité, les motivations économiques, l’éducation, la famille et les amis, la politique, et l’identité et les facteurs psychologiques. Le chapitre trois s’attarde au « moment critique », au facteur crucial qui fait la différence entre la jeune personne qui choisit de joindre les forces armées et celle qui ne le fait pas. Les auteures se penchent donc sur le moment du choix, entre le fait de penser à s’enrôler et le fait de passer à l’acte. Le manque de revenu, la nécessité de subvenir aux besoins de sa famille, la perte soudaine de l’école, un événement familial malheureux et l’influence des pairs sont autant de moments catalyseurs dans la décision individuelle des jeunes de devenir combattants. Dans le chapitre quatre, les auteures analysent ensemble les trois niveaux d’influence présentés dans les chapitres précédents et tentent de définir les liens entre les facteurs de risque. Elles constatent la complexité des relations entre les différents facteurs. Elles concluent également que les facteurs macrosociaux et microsociaux sont fondamentalement les mêmes. Ainsi, la guerre, la famille, la pauvreté, l’éducation et l’emploi sont les facteurs les plus significatifs pour les adolescents qui choisissent de s’enrôler dans les forces armées. De plus, il est intéressant de noter que, malgré la diversité géographique, politique, religieuse et culturelle des cas étudiés, ces facteurs émergent comme étant des traits communs. Le cinquième chapitre présente le point de vue plus spécifique des jeunes filles et tente de mettre en évidence les différences d’arguments pour joindre les forces armées. Il semble que les jeunes filles mentionnent rarement la religion ou les considérations ethniques comme raison de leur volontariat et citent le plus souvent la fuite de situations d’exploitation et d’abus familiaux pour expliquer leur choix. Leur …