Comptes rendus : Politique étrangère

Yakemtchouk, Romain, La Politique étrangère de l’Union européenne, Paris, L’Harmattan, 2005, 487 p.[Notice]

  • Raúl Bernal-Meza et
  • Denise Castello

…plus d’informations

  • Raúl Bernal-Meza
    cerial, Mendoza, Argentine

  • Denise Castello
    cerial, Mendoza, Argentine

L’Union européenne a déjà une longue histoire d’efforts pour formuler une politique extérieure et de sécurité commune. Ces efforts remontent à l’origine même de la cee. Mais jusqu’à présent cette politique n’a obtenu que de maigres résultats. Le livre de Romain Yakemtchouk fait l’historique de ces efforts, dans une perspective profondément érudite et bien documentée. L’auteur décrit, à travers l’analyse de plusieurs crises internationales et de divers thèmes de l’Agenda international, les difficultés qu’ont trouvées les pays de l’Union pour converger vers des points de vue communs. Le livre est divisé en six parties, plus une brève préface, une conclusion et un index de noms. La première partie du livre analyse l’évolution de la recherche d’une politique étrangère commune, à travers l’analyse des divers plans, rapports, déclarations des États membres, actes, traités et, finalement, la Convention pour une Constitution européenne. L’histoire de ces efforts va de la première proposition, le Plan Fouchet, jusqu’à la Convention pour une Constitution européenne, en juin 2003. Les parties suivantes s’occupent chacune de thèmes spécifiques : sécurité et défense commune, terrorisme, l’Union européenne et les Nations Unies, respect des droits de l’homme, et stratégies, positions et actions communes, ainsi que dialogue politique. Dans plusieurs de ces thèmes, l’Union a à son actif une série d’indéniables réalisations, par exemple en ce qui concerne la défense des droits de l´homme et la promotion de la paix. Pour le public en général la première partie est la plus intéressante, car elle lui permet d’avoir une connaissance assez complète des divers accords signés et initiatives lancées dans ce domaine. Les autres parties du livre sont davantage destinées à des lecteurs spécialisés, qui peuvent y trouver une information détaillée appuyée sur un grand nombre de documents. À travers cette lecture, on comprend que, dès l’origine, il y a eu une coopération fondamentale pour arriver à parler d’une voix commune en matière de sécurité et défense. Celle-ci a été la coopération politique franco-allemande, qui remonte aux premiers efforts entrepris en vue de la formulation d’une politique extérieure commune de la Communauté. De ce point de vue, un pas essentiel fut que l’Allemagne fédérale, par la voix de son chancelier Konrad Adenauer, avait reconnu le leadership français et que, à partir de cette reconnaissance, les deux États furent disposés à aller ensemble dans la formulation d’une politique extérieure commune dans le cadre de formules institutionnalisées. Celles-ci étaient destinées à coordonner la politique extérieure de la Communauté. L’auteur souligne que beaucoup d’analystes ont pensé que la réalisation du Marché commun comprenait implicitement une future coopération politique, surtout dans la mesure où l’intégration économique aura été largement achevée. Mais l’Europe économique a avancé beaucoup plus vite que l’Europe politique, pour la réalisation de laquelle il n’y avait pas, dans la Communauté européenne, une institution motrice telle que la Commission. L’auteur démontre que les difficultés pour y arriver ont des fondements de divers types. En particulier il met en relief la réticence historique des États à renoncer à une partie de leur autonomie dans le champ des relations internationales, et l’influence qu’a exercée l’otan, ainsi que les compromis dérivant de leur appartenance à cette organisation. D’une part, « un État qui n’est plus en mesure de mener en toute indépendance sa politique étrangère, perd l’attribut essentiel de sa souveraineté, il risque de ne plus être un État indépendant ». En plus de la grande diversité des pouvoirs nationaux – avec des grands et petits pays, il y a des pays dits Grands – et même des puissances nucléaires et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies – dont les intérêts …