Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Horn, Bernd, J. Paul de B. Taillon et David Last (dir.), Force of Choice. Perspectives on Special Operations, Montréal/Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2004, 214 p.[Notice]

  • Richard Garon

…plus d’informations

  • Richard Garon
    Programme Paix et sécurité internationales
    hei, Université Laval, Québec

Il existe un paradoxe à propos des opérations spéciales et des forces qui les exécutent. Le secret entourant ces activités fascine l’imagination de tous les publics, mais prive également le lecteur des détails importants pouvant en permettre une compréhension d’ensemble. La littérature existante porte donc principalement sur des récits descriptifs d’opérations conduites dans le passé. Force of Choice tente de pallier cette lacune en établissant une base théorique ou du moins une typologie des différentes opérations et des forces militaires impliquées dans leur conduite. Les auteurs sont majoritairement des praticiens des forces spéciales ou du moins, connaissent en détail la conduite de leurs opérations. Certains auteurs comme le général à la retraite Ulrich Wegener, le général Peter Schoomaker ou le colonel à la retraite Scott Crerar jouissent d’une notoriété solide de par leur carrière ou leurs faits d’armes dans les forces spéciales. D’autres auteurs reconnus pour leurs contributions scientifiques, tels que les Lieutenants-colonels Bernd Horn et David Last, ainsi qu’Anna Simons viennent compléter et équilibrer cette brochette impressionnante de contributeurs à cet ouvrage collectif. L’ouvrage se divise en trois parties. La première partie établit l’assise théorique des forces spéciales qui sera ensuite appuyée dans la deuxième partie par quatre études de cas. La troisième partie se concentre sur l’avenir et les possibilités qu’offriront les forces spéciales dans un monde de plus en plus dépendant de la technologie. Le premier chapitre s’attaque au problème le plus épineux concernant l’étude des opérations spéciales, sa définition. Cette tâche est des plus importantes, car une certaine confusion s’est établie entre ce qui peut être considéré une opération spéciale, une force spéciale, des forces d’élite et une force d’opérations spéciales. La confusion est telle que les organisations utilisent ces termes pour désigner des entités différentes et ce, au sein même des forces armées d’un seul pays. En énumérant et comparant les différentes définitions, Bernd Horn réussit à distinguer les tâches de chaque type de force, ainsi que les critères qui distinguent chaque concept d’un autre. Ce chapitre constitue l’ossature essentielle de l’ouvrage et une clarification théorique importante. Dans le second chapitre, David Last utilise la typologie élaborée précédemment afin de démontrer que le Canada ne possède pas de forces d’opérations spéciales (à part la Force opérationnelle interarmée). En fait, selon l’argumentation de l’auteur, ce n’est pas que le Canada ne possède pas de forces d’opérations spéciales, mais bien que toutes ses forces pourraient être considérées comme spéciales. Dans ce même chapitre, l’auteur énumère les rôles qui pourraient être assumés par des forces d’opérations spéciales dans un avenir rapproché. Ces principaux rôles sont : le contre-terrorisme, la réponse aux menaces d’armes de destruction massive, l’arrestation de criminels de guerre (au pays et à l’étranger), la réponse aux activités militaires des multinationales, les opérations d’information, les opérations de stabilisation et l’appui aux forces conventionnelles. En définitive, David Last élabore quatre options possibles afin de garantir les capacités nécessaires pour l’environnement stratégique contemporain. L’une de ces options, soit la création d’une nouvelle organisation dédiée aux opérations spéciales, jugée la plus ambitieuse par l’auteur, a d’ailleurs été mise de l’avant en février dernier par le gouvernement canadien. Ce chapitre offre de nombreux éléments théoriques utiles à la compréhension des opérations spéciales. Malheureusement, cette section offre un ensemble éclaté et aurait pu se concentrer sur quelques éléments, dont l’image très pédagogique de la comparaison entre Salvation Army et Dirty dozen. Dans le troisième chapitre, le capitaine de marine William Mcraven suggère que la mise en place d’une stratégie basée sur les opérations spéciales pourrait remplacer le besoin pour un pays de déployer d’autres types de forces ou de conduire …