Comptes rendus : Économie internationale

Hugon, Philippe et Charles-Albert Michalet (dir.), Les nouvelles régulations de l’économie mondiale, coll. Hommes et sociétés, Paris, Karthala, 2005, 264 p.[Notice]

  • André Joyal

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  • André Joyal
    Université du Québec à Trois-Rivières

Dans la conclusion de cet ouvrage, Françoise Renversez, cite Héraclite : « On ne descend jamais deux fois le même fleuve ». Professeure émérite à Paris x-Nanterre, comme plusieurs auteurs de ce volume, elle souligne que c’est là le défi relevé par les différents auteurs de ce volume, fruit d’un séminaire animé sur une période de deux ans par Pierre Grou et Michel Delapierre grâce à l’appui du cerna, une association localisée à Paris X-Nanterre. Quatre grandes questions ont fait l’objet des débats : le champ d’intervention de l’État, les biens publics, le rapport salarial et la régulation de la concurrence. Chacun de ces points a été abordé dans autant de parties non pas au niveau habituel de l’économie classique soit celui de l’économie nationale ou internationale, mais au niveau où leur objet se développe actuellement, à savoir celui de l’économie mondiale. Comme l’indique C.A. Michalet en introduction, cet ouvrage représente une tentative de réflexion critique – au sens philosophique du terme – entre universitaires ayant, au départ, des positions relativement hétérogènes, voire divergentes, mais qui avaient en commun un certain penchant pour l’hétérodoxie. Leurs différences se retrouvent évidemment dans leurs différentes contributions. Ainsi, environ une vingtaine de collaborateurs, à des degrés divers, ont tenté dans les quatre parties du volume d’aborder des questions comme le retour des États-nations et des nationalismes. On sait que la mondialisation économique et culturelle devait éroder les nations et les nationalismes, hautement responsables des deux guerres mondiales, au profit d’une nouvelle phase historique inéluctable, voire souhaitable, de globalisation. La première partie intitulée Le dépérissement de l’État et la régulation de la mondialisation débute par une contribution de Gérard Kébabdjian qui distingue quatre fonctions pour l’État familières à tous. À ses yeux, c’est celle visant l’accroissement et la préservation de sa puissance qui présente un retrait à la fois incontestable et possiblement irréversible. Pour s’en convaincre il suffit de considérer que la privatisation, tel que signalé, a été le grand mouvement de ces vingt dernières années autant dans les pays développés que moins développés. L’apport de C.A. Michalet professeur émérite lui aussi, mais de Paris-Dauphine, trouve son intérêt dans la présentation des quatre acceptations du concept de régulation. Il voit l’avènement d’un marché postmoderne caractérisé par un système s’étendant sur un espace mondial de réseaux reposant sur des contrats interfirmes où l’information ne sera pas davantage parfaite que dans « l’ancien régime ». Un contexte où le droit des affaires deviendra la lex mercatoria, mais pour seulement un temps. Car les agences de régulation devront s’affranchir du droit et des institutions nationales en renforçant leur autonomie et leur légitimité. Ce serait là le défi majeur pour la réussite de la régulation postmoderne. Un intéressant commentaire de Pierre Llau complète cette partie. À l’instar de l’auteur de ces lignes, le professeur, lui aussi émérite, n’affiche pas une affectation particulière pour le terme « postmoderne » préférant l’expression globalisation ou mondialisation régulée. La deuxième partie, Les bien publics mondiaux, débute avec une contribution de Philippe Hugon, un auteur familier aux plus anciens lecteurs d’Études internationales pour ses travaux sur l’Afrique et l’économie informelle. Ici, ces sont les actions collectives dans la mondialisation dont il est question en s’attaquant, entre autres choses, aux différents argumentaires analytiques des biens publics mondiaux et aux conceptions pouvant fonder l’action publique sur le jeu des intérêts ou des conflits de valeurs. La troisième partie portant sur le rapport salarial, contient un chapitre de Roland Guillon traitant de l’affrontement toujours possible entre les ong et les syndicats. Ceux qui comme moi, trouvent que l’expression « société civile » …