Comptes rendus : Analyse de politique étrangère

Gurtov, Mel, Superpower on Crusade. The Bush Doctrine in us Foreign Policy, Boulder, co, Lynne Rienner Publishers, 2006, 265 p.[Notice]

  • Simon Petermann

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  • Simon Petermann
    Département de science politique
    Université de Liège, Belgique

Mel Gurtov, professeur de science politique et de relations internationales à Portland State University, nous propose un ouvrage extrêmement intéressant sur la politique étrangère de l’Administration Bush. Son livre, écrit dans un style clair et concis, se compose de sept chapitres, d’une bibliographie et d’un index. De très nombreuses notes et références suivent chaque chapitre. Dans son livre, l’auteur adopte d’emblée une attitude critique envers la politique étrangère de l’Administration Bush mais son approche est mesurée, balancée et bien argumentée. Il couvre la politique étrangère et l’idéologie qui la sous-tend depuis 2001 jusqu’au milieu de 2005 et s’intéresse particulièrement à l’influence des néoconservateurs au sein de l’Administration Bush. Mel Gurtov part du constat que la politique étrangère des États-Unis oscille historiquement entre isolationnisme et internationalisme, bilatéralisme et multilatéralisme, engagement et désengagement. Mais contrairement à certains auteurs, il met plutôt l’accent sur la continuité et la défense de l’intérêt national, comme fondements de la politique étrangère, mais dans un contexte totalement nouveau marqué par l’hégémonisme des États-Unis et les événements du 11 septembre 2001. Pour tenter de comprendre les fondements de cette politique, l’auteur revient sur le passé dans son premier chapitre intitulé From the War on Communism to the War on Terror. Il montre clairement dans ce chapitre comment l’hégémonisme américain s’est affirmé au cours des cinquante dernières années, et surtout comment la sécurité nationale des États-Unis se confond avec la sécurité globale depuis les événements du 11 septembre. À ce sujet, il évoque de manière pertinente le fameux NSC-68 d’avril 1950 sur la menace communiste et note qu’il suffit de substituer le mot « terrorisme » à « Union soviétique » pour avoir un document d’actualité permettant de mieux comprendre ce que l’administration Bush entend par Global War on Terror. Dans le deuxième chapitre, l’auteur explore les origines immédiates de la doctrine Bush. Il analyse pour cela les éléments clés de cette doctrine à partir de l’examen des idées de conservateurs comme Ronald Reagan et de celles des néo-conservateurs : unilatéralisme, guerre préemptive (ou préventive), volonté de répandre la démocratie par un changement de régime, etc. L’auteur plonge dans l’univers idéologique des conservateurs et des néoconservateurs américains et décortique par le menu leur manière d’appréhender la société internationale et ses défis. Il montre clairement comment le 11 septembre a propulsé sur le devant de la scène la pensée néo-conservatrice, jusque-là marginale et à l’influence réduite. Les chapitres 3 et 4 sont consacrés à une évaluation critique des guerres menées par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. Sous le titre Faux prétexte. La guerre en Irak, l’auteur cherche à démontrer dans le chapitre 3 que la politique irakienne de l’Administration Bush reposait d’emblée sur l’idéologie, l’intérêt et l’opportunisme. Il analyse pour cela les relations entre les États-Unis et l’Irak depuis les années 1980, s’étend longuement sur les mensonges de l’Administration, notamment sur la détention par l’Irak de Saddam Hussein d’armes de destruction massive ainsi que sur les liens présumés avec Al-Qaida. Dans le chapitre 4, l’auteur analyse l’agenda stratégique de l’Administration Bush en regard de la situation en Afghanistan et en Irak. Il s’interroge longuement sur les conséquences d’un enlisement américain dans ces deux pays et évoque dans ses conclusions la possibilité d’un nouveau syndrome, comparable à celui du Vietnam. Dans le chapitre 5, Mel Gurtov revient plus en détails encore sur l’unilatéralisme américain. Il analyse de manière particulièrement critique le concept d’axe du mal et montre combien la notion de Rogue State est à géométrie variable en fonction des intérêts immédiats des États-Unis et des rapports de forces en présence (Corée du Nord et …