Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Conoir, Yvan et Gérard Verna (dir.), Faire la paix. Concepts et pratiques de la consolidation de la paix, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2005, 789 p.[Notice]

  • Richard Garon

…plus d’informations

  • Richard Garon
    Programme Paix et Sécurité internationales
    et étudiant au doctorat en science politique
    Université Laval, Québec

La consolidation de la paix représente un phénomène qui date de quinze ans à peine. Par contre, la recherche de la paix a été une préoccupation constante des sociétés, depuis qu’elles ont connu la guerre. Phénomène parfois considéré de manière systémique par l’équilibre des forces ou l’hégémonie, la paix qui a longtemps été le propre des relations inter-étatiques, est désormais une préoccupation intra-étatique et globale. C’est justement l’approche adoptée par Faire la paix. Ce concept utopique pour certains est souvent résumé à sa plus simple expression par Jacqueline de Romilly, La paix, interruption de la guerre. Dans l’ouvrage d’Yvan Connoir et de Gérard Verna, faire la paix n’est pas aussi simple que de faire taire les armes. Pour eux, la paix serait le résultat d’un long processus complexe à la fois multiple dans ses formes et unique à chaque situation, où l’interaction de nombreux acteurs se complète, voire s’oppose sur une longue période de temps. Cette conception de la paix s’harmonise avec les autres recherches sur la consolidation de la paix. Les efforts théoriques afin de modéliser la consolidation de la paix en sont encore à leurs premiers balbutiements, car la paix, dans sa version contemporaine, est avant tout le résultat de la pratique et des actions d’intervenants aussi différents que nombreux. Dans ce sens, Faire la paix ne se veut pas un guide pratique de la paix ou le grand livre des recettes secrètes pour rétablir une société accablée par la guerre. Yvan Connoir et Gérard Verna ont plutôt voulu transmettre le savoir récemment accumulé, une sorte de mémoire collective dont le but est de pousser la réflexion un peu plus loin, afin de faire évoluer la consolidation de la paix d’un simple mode d’actions, à un modèle plus théorique. Les deux directeurs ne sont pas les derniers venus. De plus, ils représentent l’esprit même de leur ouvrage qui se veut en équilibre entre les praticiens et les chercheurs. Yvan Connoir est bien connu dans le domaine de l’humanitaire puisqu’il a travaillé pour le hcr, care et le ceci. Combinant formation académique et expérience sur le terrain, il a également publié plusieurs ouvrages dans le domaine, dont L’action humanitaire du Canada. Le professeur Gérard Verna offre, quant à lui, une feuille de route encore plus impressionnante. Initié aux oeuvres humanitaires dans les années 60, alors qu’il était militaire, il travaillera dans le domaine du développement et de la coopération sur quatre continents. L’excellence de sa carrière universitaire au Québec ne freine pas son engagement, car il enfante et parraine de nombreux organismes dont les Gestionnaires sans frontière, sa dernière création. La trentaine de collaborateurs de cet ouvrage, juristes, professeurs, chercheurs, coopérants, journalistes, policiers et militaires, combinent leurs expériences et connaissances pour le plus grand bénéfice du lecteur. L’ouvrage se divise en cinq parties. Nous avons déjà abordé la première partie qui pose les bases théoriques de la consolidation de la paix. La deuxième partie en établit les piliers ou selon les termes des auteurs, définit les conditions favorables à son succès. Cette partie compose le coeur du livre, soit plus de la moitié des huit cents pages. La troisième section comporte de nombreuses études de cas illustrant l’expérience canadienne en matière de consolidation de la paix et les nombreuses tentatives initiées en Afrique. La quatrième partie présente un sommaire des tentatives présentement en cours, alors que la cinquième et dernière partie comporte de nombreuses annexes, dont une bibliographie imposante incluant des monographies, des ouvrages gouvernementaux et des sites Internet. Autre annexe très utile, le siglaire permet au lecteur plus ou moins familier avec le langage …