Comptes rendus : Études stratégiques et sécurité

Yakemtchouk, Romain, Le conflit en Tchétchénie, Paris, L’Harmattan, 2006, 157 p.[Notice]

  • Julie Breton

…plus d’informations

  • Julie Breton
    Programme Paix et sécurité internationales
    hei, Université Laval, Québec

Le conflit en Tchétchénie a suscité une littérature importante tant en français qu’en anglais. En langue française, on retrouve notamment les récits de guerre des journalistes indépendantes Anne Nivat et Anne Politkovskaya et le recueil d’essais édité par André Glucksmann visant à attirer l’attention de l’opinion publique et des médias européens sur l’horreur de cette guerre aux marges de l’Europe. D’un point de vue plus scientifique, on retrouve le livre d’Anne Le Huérou qui analyse les causes de ce conflit. À celui-ci s’ajoute l’ouvrage de Yakemtchouk qui se distingue des écrits précédents parce qu’il pose l’étude du conflit en Tchétchénie dans un contexte historique, celui de l’expansion territoriale russe vers le Sud du xvie siècle jusqu’à aujourd’hui. Le livre est divisé en dix-sept chapitres et une conclusion. Les deux premiers chapitres abordent brièvement l’expansion territoriale de la Russie vers le Sud et la résistance des montagnards à cette expansion. On y présente aussi le héros tchétchène, l’imam Chamil. Le chapitre huit est d’ailleurs totalement consacré à ce dernier, Chamil. Un héros national ou un réactionnaire islamiste féodal ? Les chapitres trois et quatre traitent de l’époque de la Russie impériale et de la Révolution d’octobre alors que le chapitre cinq, La résistance des montagnards islamistes, aborde la résistance des montagnards islamistes sous le régime soviétique, en particulier durant la collectivisation forcée. Dans les chapitres six et sept, la période de la Deuxième Guerre mondiale, la question de la collaboration des Tchétchènes avec les Allemands et les déportations sont présentées. En effet, Staline a accusé le peuple tchétchène dans son ensemble d’avoir collaboré avec l’ennemi, et pour le punir l’a déporté vers l’Asie centrale avec d’autres peuples caucasiens tels que les Ingouches, les Kalmouks, les Karatchaïs, les Balkars, les Tatars de Crimée, les Allemands de la Volga et les Turcs meshkets. À partir du chapitre neuf, l’auteur entre dans la période contemporaine, de la fin du régime soviétique à aujourd’hui. D’abord, il décrit la déclaration d’indépendance de la Tchétchénie avec à sa tête le général à la retraite de l’armée soviétique, Djokhar Doudaiev. Le chapitre dix, Hésitations de Moscou. Les intérêts russes en Tchétchénie, est consacré à la réaction de Moscou à la proclamation de l’indépendance de la Tchétchénie et à ses intérêts dans ce pays. Ensuite, les interventions militaires russes de décembre 1994 et son règlement, et de septembre 1999 sont abordées, dans les chapitres onze, treize et quatorze. Les chapitres douze, L’Europe face au conflit russo-tchétchène, et quinze, Les réactions euro-américaines, traitent des réactions européennes à la première intervention russe en Tchétchénie et des réactions européennes et américaines à la seconde intervention russe dans ce pays. Dans ce dernier chapitre, l’auteur note l’attitude de refus de la Russie d’accepter toute médiation de la part des institutions européennes sous prétexte d’ingérence dans les affaires intérieures de la Russie, notamment après que la secrétaire d’État et le président américain de l’époque (M. Albright et B. Clinton) aient évoqué leurs inquiétudes sur des questions humanitaires. Après le 11 septembre 2001, l’auteur souligne le durcissement de la position russe face à la Tchétchénie, associant la guerre en Tchétchénie à la lutte antiterroriste. Dans les deux derniers chapitres, les événements récents russo-tchétchènes sont abordés. Dans le chapitre seize, Ni paix ni guerre en Tchétchénie. Le drame de Beslan et sa condamnation. La mort de Maskhadov, l’auteur condamne le terrorisme tchétchène tout en évoquant la politique russe à l’égard de la Tchétchénie, qui refuse de négocier avec des terroristes. La perte du soutien occidental à la Tchétchénie à la suite des multiples attentats et particulièrement à la prise d’otages …