Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisation

Kuptsch, Christiane (dir.), Merchants of Labour, Geneva, ilo, International Institute for Labour Studies, 2006, 259 p.[Notice]

  • Hélène Pellerin

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  • Hélène Pellerin
    École d’études politiques
    Université d’Ottawa

Cette collection contient les communications d’experts invités au colloque Merchants of Labour. Policy Dialogue on the Agents of International Labour Migration, organisé par l’International Institute for Labour Studies, organisme de recherche autonome de l’Organisation internationale du travail, en avril 2005. Le sujet des agences de recrutement a pris de l’ampleur ces dernières années, avec la croissance des contrats spécifiques pour des emplois hautement qualifiés, réservés aux secteurs de fine pointe technologique et les plus porteurs dans l’économie mondiale. Les agences de recrutement sont aussi devenues plus présentes dès lors qu’elles offraient une alternative aux ententes bi- ou multilatérales signées entre États sur la mobilité de la main-d’oeuvre, notamment entre régions qui ne disposent pas d’accords de coopération économique ou commerciale. Les 23 contributions qui se retrouvent dans ce livre portent soit sur les pratiques existantes, soit sur les défis, soit sur les principes directeurs qui devraient prévaloir dans le recrutement et l’emploi de travailleurs migrants. Dans la première partie de l’ouvrage portant sur la diversité des marchands de travail, Philip Martin traite des services de recrutement de travailleurs migrants en évoquant les difficultés à faire bénéficier l’ensemble des acteurs concernés. Il souligne à cet égard que l’entente entre le Canada et le Mexique sur les travailleurs agricoles est un exemple de bonne pratique à répéter. Un autre auteur tente une comparaison entre les agences de transferts d’argent, qui se sont institutionalisées depuis une dizaine d’années, et les bureaux de recrutement de travailleurs migrants qui pourraient aussi bénéficier de la même évolution. Une troisième contribution adopte une perspective historique sur les marchands de travail pour montrer l’apport central des acteurs économiques les plus puissants dans l’instauration de règles et de principes de protection des droits des travailleurs ; sans le soutien des entreprises qui embauchent ces migrants, les droits et protection du travail risquent de rester lettre morte. La deuxième partie porte sur des études de cas d’agences de recrutement, choisies parmi les pays les plus concernés par cette pratique. Un premier chapitre donne une vue d’ensemble, en analysant les pratiques des agences de recrutement asiatiques – en Inde, au Pakistan, aux Philippines et au Sri Lanka – responsables d’abus et de violations nombreuses, tant dans le non-respect des contrats que dans les cas de fraudes. Le cas des Philippines est ensuite présenté du point du vue des marchands eux-mêmes et l’auteur souligne l’importance de règles et principes généraux permettant de réguler cette activité. Le cas du Sri Lanka évoque l’existence de services de monitorat des agences de recrutement dans les pays de destination des travailleurs, qui servent à mieux suivre les pratiques de ces organismes privés. Pour ce qui est du Bangladesh où les transferts de salaires des travailleurs migrants représentent plus du quart des réserves en devises étrangères du pays, le défi consiste à renforcer la capacité de surveillance de ces services par les pouvoirs publics. Le cas de l’Australie permet de voir que le système d’immigration permanente et temporaire est bien encadré, sauf en ce qui concerne les agences de recrutement qui sont généralement autorégulées. L’auteur préconise l’élaboration d’une liste de principes sur la bonne gouvernance pour mieux encadrer ces pratiques. À Singapour, on apprend qu’une division de gestion de la main-d’oeuvre étrangère fut mise en place en 2003, reconnaissant ainsi l’importance du bien-être des travailleurs étrangers. À Bahrein, une réforme de 2004 entreprise par le prince héritier pour réformer le marché du travail constitue une étape importante, nous dit l’auteur, vers l’adoption d’une approche du travailleur étranger entièrement nouvelle et fondée sur la reconnaissance des besoins réels de l’économie en matière de main-d’oeuvre étrangère. Pour ce …