Comptes rendus : Analyse de politiques étrangères

Litwak, Robert S., Regime Change. us Strategy through the Prism of 9/11, Washington, dc/Baltimore, ma, Woodrow Wilson Center Press/The Johns Hopkins University Press, 2007, 406 p.[Notice]

  • Simon Petermann

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  • Simon Petermann
    Département de science politique
    Université de Liège, Belgique

Robert Litwak est directeur de la Division of International Security Studies du Woodrow Wilson International Center for Scholars qui fait partie de la Smithsonian Institution à Washington, dc. Il est également professeur à la School of Foreign Service de l’Université Georgetown, et auteur de nombreux ouvrages dont notamment Détente and the Nixon Doctrine, Security in the Persian Gulf, Nuclear Proliferation after the Cold War, et Rogue States and us Foreign Policy. Le présent livre s’inscrit en quelque sorte dans le prolongement de ses recherches antérieures sur la politique étrangère des États-Unis, mais cette fois-ci à travers le prisme des événements du 11 septembre et de la guerre en Irak. Il prolonge également plusieurs réflexions condensées dans l’un des ouvrages cités plus haut, Rogue States and us Foreign Policy. Ce livre dense et remarquablement documenté se divise en deux grandes parties. Dans la première, composée de trois chapitres, l’auteur analyse en profondeur les grandes options de la politique étrangère des États-Unis dans le nouvel ordre international en gestation, l’usage de la force et la stratégie envers les Rogue States. Dans la seconde partie composée de quatre chapitres, il s’attache plus particulièrement à analyser l’évolution des quatre pays qui, selon lui, constituent le noyau dur des Rogue States : l’Irak, la Libye, l’Iran et la Corée du Nord. Il montre également la menace que représentent des acteurs non-étatiques comme Al-Qaïda. Dans ses conclusions, il s’interroge longuement sur les facéties de la politique étrangère de ce qu’il appelle la République impériale et de l’impact des événements du 11 septembre et de la guerre en Irak sur la posture internationale des États-Unis. Dans cet ouvrage, l’auteur développe trois thèmes principaux. Le premier concerne les changements importants dans la politique de sécurité nationale des États-Unis après les événements du 11 septembre. Ceux-ci ont incontestablement contraint l’Administration Bush à redéfinir le concept même de sécurité nationale sur la base des nouvelles menaces. Les attaques du 11 septembre 2001 ont grandement bouleversé tous les débats en cours. Elles ont non seulement fait passer, à l’époque, les discussions sur le nucléaire ou les défenses antimissiles au second plan, mais également profondément renouvelé l’approche des questions de prolifération. En effet, elles ont montré la difficulté de repérer à l’avance les agissements d’un groupe terroriste bien organisé, et ont fait apparaître l’inefficacité de la dissuasion traditionnelle – puisque les terroristes n’ont pas d’État, de territoire ou de population contre lesquels exercer des représailles. Le vrai danger, c’est que ces groupes se procurent des armes de destruction massive auprès des Rogue States. C’est donc là qu’il faut agir – en plus de la lutte contre les réseaux terroristes eux-mêmes. L’auteur montre bien que la simple existence d’armes de destruction massive devient en quelque sorte une menace pour les États-Unis, et dans ce contexte, la distinction entre les armes nucléaires d’un côté (vraiment dangereuses) et les armes chimiques et biologiques de l’autre (beaucoup plus difficiles à mettre en oeuvre et moins létales) a été un peu plus effacée. Après la politique de non-prolifération (par les traités et les relations bilatérales), puis celle de contre-prolifération (plus active car elle implique éventuellement des actions militaires), est venue la politique de préemption, élevée cette fois-ci au rang d’option politique. C’est dans le cadre de cette nouvelle perception de la sécurité nationale que l’Administration Bush a décidé de frapper l’Irak, accusée de développer des armes de destruction massive et d’entretenir des liens avec Al-Qaïda. Cette guerre visant au changement de régime en Irak était dès lors, selon l’auteur, devenue impérative pour une Administration en lutte contre le terrorisme international. Elle n’aurait pas …