Comptes rendus : Analyse de politiques étrangères

Paquin, Stéphane (dir.), Les relations internationales du Québec depuis la doctrine Gérin-Lajoie (1965-2005). Le prolongement externe des compétences internes, coll. Prisme, Québec, Presses de l’Université Laval, 2006, 324 p.[Notice]

  • Nadine Khoury

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  • Nadine Khoury
    Étudiante à la maîtrise en politique internationale
    Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec

Cet ouvrage est un recueil de contributions d’ex-ministres et de spécialistes, qui convergent vers le thème des relations internationales du Québec depuis l’énoncé de la doctrine Gérin-Lajoie. Il est le résultat d’une rencontre scientifique organisée en mars 2005 par la Chaire Hector-Fabre de l’uqam. L’ouvrage propose des analyses, des bilans et des études du principe du prolongement externe des compétences internes, qui, émis à l’époque de la Révolution tranquille, s’adapte aujourd’hui aux nouvelles réalités générées par la mondialisation. Le livre est divisé en cinq parties : une première sur la doctrine Gérin-Lajoie, une deuxième sur les relations Québec/États-Unis, une troisième sur les relations France/Québec, une quatrième sur la doctrine Gérin-Lajoie à l’étranger et une cinquième sur les bilans d’ex-ministres des Relations internationales du Québec. Suite à l’avant-propos de Paul Gérin-Lajoie, la première section du livre jette avec rigueur, clarté et concision les bases théoriques nécessaires à l’étude de l’application de la doctrine. Stéphane Paquin expose comment le droit de mise en oeuvre des traités internationaux par les provinces, lorsque leurs champs de compétence sont en jeu, affecte l’action du gouvernement fédéral en relations internationales. Puis, Daniel Turp met en relief la « facture éminemment juridique de la doctrine » qui a donné lieu à certaines assises juridiques en droit québécois et à l’émergence d’un véritable « droit québécois des relations internationales ». Nelson Michaud démontre en quoi la doctrine Gérin-Lajoie est un cadre de référence qui permet aujourd’hui au Québec de passer d’une dynamique de relations internationales simples à une dynamique qui s’apparente de plus en plus à la conduite d’une politique étrangère. Enfin, Jean Tardif émet la nécessité pour le Québec de guider son action à partir d’une vision globale en raison des défis que pose la mondialisation. La deuxième partie du livre concerne la relation du Québec avec son plus important (et de loin) partenaire commercial : les États-Unis. Néanmoins, la place que l’ouvrage accorde à cet objet, comparativement à la relation franco-québécoise notamment, ne reflète pas l’aspect primordial de la relation. Cette deuxième partie est ainsi davantage introductive qu’exhaustive. Louis Balthazar expose (brièvement) pourquoi les États-Unis sont un partenaire prépondérant pour le Québec. Puis, les chapitres de Diane Wilhelmy et de David Biette démontrent l’intérêt pour le Québec d’accroître les liens avec son voisin. Les contributions traitent essentiellement d’économie, ce qui est justifiable puisqu’il s’agit de l’essence de la relation québéco-étatsunienne. Néanmoins, il aurait été intéressant de traiter de la question de la sécurité puisque, particulièrement depuis le 11 septembre 2001, le Québec se voit désormais octroyer un rôle prépondérant dans la question de la sécurité nord-américaine qui, pourtant, relève traditionnellement de la responsabilité des gouvernements centraux. Or, Wilhelmy présente plutôt la question de la sécurité comme étant uniquement une entrave au libre-échange avec les États-Unis. Dans la partie sur les rapports du Québec avec la France, les auteurs appellent unanimement au renforcement de la relation, que Marc Chevrier considère comme encore immature. Il faudrait ainsi élargir le rayonnement international du Québec en ancrant cette action dans des institutions conjointes (Denis Monière) et en mettant en valeur les affinités culturelles du Québec avec l’Europe (Anne Légaré). Pierre-André Wiltzer, dans le même sens, soutient que l’amitié et la solidarité entre la France et le Québec les aideront à relever les défis de la mondialisation. Plus complète que la précédente, cette partie met surtout l’accent sur le caractère historique et culturel de la relation franco-québécoise. Dans la partie intitulée La doctrine Gérin-Lajoie à l’étranger, Ingo Kolboom rappelle l’importance sous-estimée, et même souvent ignorée, du partenaire commercial et culturel allemand. Pour cette raison, l’auteur considère pertinent d’augmenter …