Comptes rendus : Régionalisme et régions - Amériques

Cruz Herrera, Dulce María, États-Unis/Cuba. Les interventions d’un empire, l’autodétermination d’un peuple, Québec, qc, Presses de l’Université du Québec, 2007, 323 p.[Notice]

  • Raúl Bernal-Meza et

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  • Raúl Bernal-Meza et
    Gustavo Alberto Masera
    cerial, Mendoza, Argentine

Dans cet ouvrage, qui a été distingué par un prix de l’Institut d’études internationales de Montréal, l’auteure présente une étude exhaustive sur les relations bilatérales entre les États-Unis d’Amérique et Cuba, à partir de la perspective de l’histoire et du droit international. Son objectif central est d’éclaircir la nature des mesures de coercition économique et politique que la puissance mondiale a exercée et exerce encore contre l’île. Le travail est divisé en deux grandes sections. La première retrace la trajectoire historique de Cuba, de l’ère coloniale à l’indépendance. Dans sa deuxième section, le livre aborde spécialement l’analyse des relations cubano-américaines à l’ère de la mondialisation des relations internationales. L’oeuvre analyse les politiques d’intervention des États-Unis et leur application extraterritoriale, face au processus d’autodétermination cubaine depuis la révolution de 1959. À travers l’analyse de ce qu’elle appelle « les relations fondées sur le colonialisme », l’auteure, dans la première section, remonte à l’explication du contexte historique dans lequel ces relations ont évolué. Elle développe les principaux événements qui ont eu lieu depuis la découverte de l’île et sa postérieure conquête par l’Espagne. C’était la première étape des relations coloniales de Cuba avec les pouvoirs hégémoniques. La deuxième phase arrive avec l’occupation par les États-Unis en 1898, qui est la conséquence de l’affrontement entre ce pays et l’Espagne. La domination nord-américaine impose un nouveau pacte colonial, qui implique l’arrivée de nombreuses entreprises et capitaux étrangers, en majorité des États-Unis, attirés par l’expansion du secteur sucrier et confortés par le débarquement des forces militaires d’intervention. L’auteur s’attache à analyser la signification de l’amendement Platt, qui donne lieu à un état d’intervention permanente des États-Unis dans la politique intérieure de Cuba. L’amendement sera la clef juridique du nouveau statut quasi-colonial de l’île et pourra être interprété comme une manifestation de ce qui a été appelé une « intervention consentie » dans le droit international. Avec la révolution cubaine de janvier 1959 commence une nouvelle phase dans les relations cubano-étatsuniennes, caractérisée par la rupture des relations commerciales et diplomatiques, dans un processus de détérioration causé par la décision du gouvernement révolutionnaire de nationaliser les entreprises nord-américaines et de se rapprocher progressivement de l’urss. La rupture donne lieu à une stratégie de pression qui aboutira à l’embargo commercial, financier et économique, qui va être maintenue par la politique nord-américaine vis-à-vis de Cuba pendant les dernières décennies. La chute du bloc soviétique a pour conséquence directe l’apparition d’un monde unipolaire sous le leadership nord-américain. Selon l’auteure, dans ce nouvel entourage international s’est intensifiée la pression nord-américaine et se sont renforcées les interventions économiques ; il s’y ajoute une nouvelle composante à la coercition économique : la guerre idéologique. Durant cette période, soit les années 90, les responsables de la formulation de la politique de la Maison-Blanche étaient convaincus de ce que l’expérience révolutionnaire cubaine touchait à sa fin, étant donné que la rupture des liens spéciaux avec l’Union soviétique allait irrémédiablement mener à l’échec du paradigme cubain de développement national autocentré et de planification. Les gouvernements de George Bush et de Bill Clinton ont mené une guerre économique ouverte contre Cuba, qui a eu deux modalités : continuité des politiques en vue de déstabiliser le régime révolutionnaire et introduction de nouvelles mesures d’intervention allant plus loin que celles adoptées par les administrations précédentes. Parmi ces mesures il faut mentionner spécialement la Cuban Democracy Act (ou loi Torricelli) de Clinton. La politique de Clinton envers Cuba sera alors caractérisée par une augmentation des pressions commerciales, avec un déploiement d’initiatives et d’actions diplomatiques, accompagnées d’une révision de la stratégie de communication face à la communauté internationale, pour …