Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Macleod, Alex et Dan O’Meara (dir.), Théories des relations internationales. Contestations et résistances, Outremont, Athéna éditions/cepes, 2007, xii + 515 p.[Notice]

  • Yves Laberge

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  • Yves Laberge
    Directeur de collection
    pul, Université Laval, Québec

On trouve déjà en langue française une dizaine de livres (dont plusieurs sont épuisés) portant le titre de Théories des relations internationales, publiés pour la plupart en France, sans compter une multitude d’ouvrages en anglais sur un sujet similaire. Néanmoins, et bien qu’il soit difficile de le trouver en librairie, ce manuel rédigé sous la direction d’Alex Macleod et Dan O’Meara mérite une attention particulière du fait de son caractère comparatif entre les différents paradigmes de la discipline et du fait de l’originalité de son approche. En outre, ses qualités pédagogiques lui ont valu d’être signalé en 2008 lors du concours des Prix de la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec. Ce livre, qui émane du Centre d’études des politiques étrangères et de sécurité (cepes) de l’Université du Québec à Montréal, contient 18 chapitres étoffés et bien délimités, axés principalement sur les dimensions fondamentales d’une théorie particulière au sein de la discipline des relations internationales. On trouve pour chaque théorie présentée individuellement un rappel de ses origines, de son évolution, ainsi qu’un lexique présentant ses principaux concepts (la « norme », la « réification ») et quelques-uns de ses penseurs les plus influents. Sur le plan pratique, presque tous les chapitres introduisant une approche théorique spécifique proposent, en guise de complément, une analyse succincte de la seconde guerre en Irak selon une perspective théorique précise : ainsi, l’intervention irakienne est décrite et « théorisée » successivement à partir de la lecture faite par une douzaine d’approches distinctes : les réalistes classiques (chap. 3), les néoréalistes (chap. 4), les libéraux (chap. 5), les néolibéraux (chap. 6), les marxistes (chap. 7), l’école anglaise (chap. 8), les constructivistes (chap. 9), les néomarxistes (chap. 10), la théorie critique (chap. 11), les postmodernes (chap. 12), les féministes (chap. 13), les tenants de la sociologie historique (chap. 14), de l’économie politique (chap. 15), de l’éthique (chap. 17). Cet avant-dernier chapitre de Jean-François Thibault portant sur l’éthique en relations internationales donne l’occasion de situer le débat des dernières années entre communautarisme et cosmopolitisme. L’audace des responsables de l’ouvrage est particulièrement appréciable : ils ont en effet inclus parmi les nombreuses perspectives théoriques proposées une présentation de l’approche postmoderne des relations internationales, ce qui n’est pas fréquent, mais permet en revanche d’introduire des éléments comme la théorie postcoloniale, le concept d’identité, mais aussi la mention des écrits d’Antonio Gramsci, sans oublier les aspects symboliques, trop souvent négligés dans l’analyse sociale. L’un des nombreux points forts de ce livre important est d’apporter une perspective réflexive sur la discipline, une distance qui permet la critique et l’autocritique – ou du moins le constat de certains symptômes – que l’on pourrait remarquer, entre autres, chez une frange des chercheurs québécois en relations internationales. Les auteurs de ce livre parviennent à identifier plusieurs de ces « résistances », d’où la mention de ce problème dans le titre même du livre. Par exemple, dès les premières pages, Alex Macleod et Dan O’Meara soulignent fort à propos que la nécessité d’une pratique concrète des relations internationales a trop souvent réduit les aspects théoriques à seulement quelques cours dans les programmes universitaires, surtout dans les universités francophones. Ils signalent en outre que « le quasi-monopole états-unien sur la discipline a été brisé » pour reconnaître du même souffle que « le centre le plus actif des réflexions sur ces théories est la Grande-Bretagne ». Il suffit de penser au dynamisme des approches interdisciplinaires comme les études transatlantiques (Atlantic Studies) et des études culturelles (Cultural Studies) pour s’en convaincre. Or, tout un chapitre (le huitième, …