Comptes rendus : Économie internationale

Robertson, David, International Economics and Confusing Politics, Northampton, ma, Edward Elgar, 2006, 230 p.[Notice]

  • Deniz Akagül

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  • Deniz Akagül
    Faculté des sciences économiques et sociales
    Université de Lille 1, France

Cet ouvrage qui traite la problématique de la gouvernance mondiale s’inscrit dans le cadre d’une vaste littérature sur l’économie politique internationale ; une discipline qui se situe à la croisée du politique et de l’économique et qui est largement enseignée et reconnue dans le monde anglo-saxon, grâce aux réflexions initiées dans les années 1970 par des auteurs comme Robert Keohane, Robert Gilpin, Joseph Nye, Susan Strange, Robert Cox ou encore Stephen Gill. L’analyse de David Robertson prend comme point de départ les difficultés des institutions internationales, comme le Fonds monétaire international (fmi) et la Banque mondiale issues du compromis de Bretton-Woods, ainsi que le gatt/omc, qui encadrent l’évolution d’une économie mondiale prospère, dans un contexte d’interdépendance accrue des économies nationales. Bien que conçues pour gérer la coopération intergouvernementale, ces institutions, en dépit des efforts d’adaptation, se trouvent confrontées à des défis multiples, en corollaire avec l’émergence de nouveaux acteurs favorisée par le processus de mondialisation. Les organisations non gouvernementales (ong), les agences de l’onu autopromues, les gouvernements des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui contestent la gestion du G7, ainsi que les « petits » pays en voie de développement qui agissent collectivement pour occuper « une place à la table », figurent parmi ces nouveaux acteurs qui ébranlent le cadre institutionnel mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À la lumière de ces développements qui ont bouleversé les équilibres économiques et modifié les alliances, l’auteur se livre à une évaluation des perspectives des relations économiques internationales. L’ouvrage comporte dix chapitres ; le premier et le dernier étant consacrés à la problématique centrale, les autres traitant les différentes dimensions de celle-ci dans le cadre d’analyses ciblées. Dans un premier chapitre introductif, l’auteur commence par délimiter son champ d’analyse en précisant les trois questions qu’il privilégie dans sa réflexion. Comment l’évolution économique affecte-t-elle les décisions politiques et vice-versa ? Quelles sont les conditions politiques favorables au développement d’une économie mondiale plus interdépendante ? Enfin, quels sont les effets d’une économie de marché à l’échelle mondiale sur les politiques nationales ? Une fois ces questions précisées, David Robertson s’attaque à l’identification des problèmes, lesquels sont déterminés selon lui par des rapports complexes faisant intervenir le social, le politique, le scientifique et les forces économiques. Au centre des débats se trouvent les institutions internationales considérées comme dépassées par leurs détracteurs. Tandis que pour leurs défenseurs, convaincus que les décisions devraient être prises dans un cadre institutionnel ayant fait ses preuves, les amendements apportés au fonctionnement de ces institutions mettraient en péril la cohérence de l’édifice assurant la coopération internationale. Ces thèses diamétralement opposées renvoient aux évolutions plus ou moins liées au processus de mondialisation tel qu’il se déroule actuellement. Pour David Robertson, le système onusien serait sous la pression de conflits multiples entre les ong et les bureaucrates internationaux revendiquant la gouvernance mondiale. Le système serait également sous la pression exercée par les pays en développement en croissance rapide comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui veillent à leurs souverainetés. Enfin, on assisterait à l’apparition d’un « international socialiste » réinventé à travers le concept de « démocratie participative » qui est instrumentalisé par la société civile pour contester la légitimité des institutions intergouvernementales. Une fois le thème central posé, l’auteur s’attaque au traitement détaillé du sujet. Le chapitre 2, qui traite des deux institutions de Bretton-Woods, dresse un état des lieux et passe en revue les projets de réforme dont elles font l’objet. Les trois chapitres suivants examinent la dimension commerciale des relations internationales ; à …