Comptes rendus : Mondialisation et transnationalisation

Graz, Jean-Christophe et Andreas Nölke (dir.), Transnational Private Governance and its Limits, Londres et New York, Routledge/ecpr Studies in European Political Science, 2008, xxiii + 275 p.[Notice]

  • Joseph Pestieau

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  • Joseph Pestieau
    Professeur retraité Collège Saint-Laurent
    Montréal, Canada

Cet ouvrage est une collection d’articles qui se divisent en quatre parties. La première porte sur l’autorégulation du secteur financier. La deuxième, sur la gouvernance adoptée par des firmes transnationales face à leurs employés, à l’environnement et aux pressions de leurs clients. La troisième traite des règles qui s’imposent dans le cyberspace. La quatrième envisage les relations entre des regroupements régionaux, l’ue au premier chef, et l’autorégulation du business. Les sujets traités sont divers. Dans une introduction (chap. 1), les directeurs de l’ouvrage montrent pourquoi il est intéressant de les aborder les uns après les autres. La première contribution (chap. 2) est consacrée à la gouvernance privée des services financiers transnationaux. Elle soutient que : 1) si la concurrence entre les firmes majeures est stabilisée, celles-ci essaieront de s’entendre pour se donner des règles communes de fonctionnement, tandis que si leur concurrence est encore vive, elles tendront à faire appel à un régulateur public ; 2) que l’industrie des services financiers illustre cette hypothèse. C’est manifestement un avantage pour des firmes que de se passer d’une régulation étatique, surtout pour les plus dominantes d’entre elles qui peuvent alors imposer l’ordre qui leur est favorable. Seules les firmes désavantagées par l’autorégulation de leur secteur feront appel à un régulateur public. La deuxième contribution (chap. 3) traite de l’autorégulation des grandes firmes d’audit ou de vérification comptable. Ces firmes, avec la participation d’associations professionnelles, le soutien de différentes délégations nationales et l’aval des grands États industrialisés, tentent à se donner des règles communes et transnationales qui se fondent sur leur expertise technique. Parce qu’elles sont standardisées, ces règles facilitent – et c’est leur justification – le marché global des capitaux en permettant aux investisseurs d’évaluer plus facilement la situation financière des diverses entreprises où ils voudraient placer des avoirs. La troisième contribution (chap. 4) discute de la gouvernance internationale des institutions financières et de sa légitimité. Par cette gouvernance, un groupe restreint d’acteurs privés se charge de maintenir une certaine stabilité financière transnationale. Les crises qui se sont succédées ont incité les acteurs publics à exercer plus de contrôle afin d’en prévenir d’autres dans l’avenir, mais les acteurs privés gardent une grande autonomie même si, en cas de crise, les pouvoirs publics participent à payer les pots cassés par leur faute. La deuxième partie comprend quatre contributions. La première (chap. 5) porte sur la gouvernance privée des firmes transnationales en matière d’environnement. Ces firmes influencent la société civile et les États en faisant valoir leur expertise, en imposant leur agenda et leurs perspectives dans la discussion publique, et en se présentant comme écologiquement ou socialement responsables dans des opérations de relations publiques. Elles sont des acteurs politiques d’autant plus prépondérants que la compétitivité, l’efficacité et la croissance économiques qu’elles prétendent promouvoir sont des valeurs largement acceptées. La contribution suivante (chap. 6) discute de la notion d’un demos transnational qui exercerait un contrôle démocratique sur la régulation des risques encourus par les citoyens. Dans la troisième contribution de la deuxième partie (chap. 7), il est question des codes privés de conduite auxquels souscrivent volontairement des firmes ; il est aussi question des limites et de la légitimité de ces codes. La contribution suivante (chap. 8) traite des standards qu’imposent les industries de la chaussure et de la confection à leurs fournisseurs dans les relations de travail entre ceux-ci et leurs employés. La troisième partie de ce livre envisage de réglementation du cyberspace et comprend trois contributions. La première (chap. 9) porte sur la gouvernance transnationale de l’Internet et sur le rôle que joue le business dans cette gouvernance. Les standards …