Comptes rendusÉconomie internationale

Regulatory Failure and the Global Financial Crisis. An Australian Perspective, Mohamed Ariff, John Farrar et Ahmed M. Khalid (dir.), 2012, Northampton, ma, Edward Elgar, 234 p.[Notice]

  • Louis-Alexandre Kirouac

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  • Louis-Alexandre Kirouac
    École nationale d’administration publique (enap), Montréal

Le but recherché par les éditeurs de l’ouvrage Regulatory Failure and the Global Financial Crisis était d’apporter une perspective différente et multidimensionnelle à la dernière crise financière. Dans l’idée de faire un pronostic de cette crise, ils ont choisi de rassembler les écrits d’auteurs de diverses professions ayant présenté leurs idées et analyses lors d’un symposium à Sydney en 2010. De là découle le principal défaut de l’ouvrage, soit d’avoir déjà perdu de sa pertinence, puisque les données les plus récentes remontent à 2009, qu’elles manquent de recul tout en ne reflétant plus vraiment l’état actuel des choses. L’ouvrage compte 13 chapitres en excluant le chapitre introductif. Il a été divisé en quatre parties couvrant les origines de la crise, les impacts de cette dernière, la gouvernance et le cadre réglementaire ainsi que les leçons à en tirer. D’entrée de jeu, il faut spécifier que, malgré un sous-titre laissant présager une place prépondérante de l’Australie dans les analyses, seulement deux chapitres y sont véritablement consacrés, de sorte que le terme ne figure pas dans l’index à la fin de l’ouvrage. La première partie portant sur les origines de la crise et son impact sur les secteurs bancaires et financiers se distingue et offre effectivement une perspective différente des autres écrits sur le sujet. En effet, les deuxième et troisième chapitres de l’ouvrage tentent de déconstruire deux mythes abondamment évoqués pendant la crise : d’une part, que les fameux prêts hypothécaires subprimes sont véritablement à l’origine de la crise et, d’autre part, qu’à court terme il ne serait pas profitable que la Chine cède aux demandes constantes d’apprécier la valeur de sa monnaie. L’origine immédiate de la crise est certes liée à l’effondrement du marché immobilier, mais les prêts hypothécaires subprimes n’auraient représenté qu’une faible portion des saisies effectuées et, malgré une hausse de 400 %, seulement la moitié de l’ensemble des prêts subprimes ont été saisis. Pour Ariff, la véritable origine de la crise est plutôt liée à trois facteurs : de bas taux d’intérêt, un environnement réglementaire faible et un appétit pour les innovations financières à haut risque. Pour sa part, Ronald MacKinnon ne nie pas qu’à long terme la Chine devrait encourager une internationalisation de sa monnaie. Toutefois, selon lui, l’épargne domestique est relativement insensible au taux de change, même si l’investissement dans un monde industriel et financier globalisé y est sensible. Si la Chine appréciait trop brusquement la valeur de sa monnaie, certains investisseurs préféreraient certes investir aux États-Unis. Or, cela aurait pour effet de faire diminuer les investissements en Chine, qui représentent environ 45 % de son PIB, ce qui ferait contracter l’économie et du même coup possiblement faire diminuer les importations chinoises. La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux impacts de la crise sur l’économie et sur les emplois. En faisant état de l’impact de la crise sur les pays développés, mais aussi sur les pays émergents, Ahmed Khalid affirme que la crise aurait plus sévèrement touché les pays développés. Cependant, les pays émergents, ceux dont l’économie dépend largement de leurs exportations, ont subi les contrecoups de l’impact de la crise sur les pays développés. Melisa Bond et Noel Gaston offrent quant à eux une analyse comparative de 29 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (ocde) en cherchant à savoir ce qui a permis à certains de mieux performer que les autres eu égard au chômage. Ils en viennent à la conclusion que l’intégration économique semble être associée à des taux de chômage plus élevés en période d’après-crise. La troisième partie porte sur la gouvernance et sur le cadre réglementaire. …