Comptes rendusDroit international

Le statut de combattant dans les conflits armés non internationaux, Gérard Aivo, 2013, Bruxelles, Bruylant, 512 p.[Notice]

  • André Dumoulin

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  • André Dumoulin
    Institut royal supérieur de défense, Bruxelles et Université de Liège

Cet ouvrage, véritable somme, issu d’une thèse récompensée par un prix décerné par la Ville de Lyon, s’imposait depuis que l’on assiste à une recrudescence des conflits armés non internationaux (cani), sur fond de guerres asymétriques et autres insurrections. La raison en est simple. Les exactions, atteintes aux droits de l’homme, non-respect du droit des conflits armés sont déjà visibles dans les conflits classiques. Dans le cas des conflits armés non internationaux, le paysage est encore plus complexe et l’absence de réglementation solide aboutit à l’absence de définition des « combattants » et des « civils ». Moyens et méthodes de guerre ne sont pas réglementés et l’absence de statut de combattant dans les cani va compromettre l’efficacité du droit international humanitaire. Et que dire de la participation de civils aux hostilités, celle des mercenaires et des enfants soldats ? L’auteur pose un dilemme fondamental : l’absence de statut de combattant dans ces conflits particuliers pourrait-elle compromettre le respect du droit international humanitaire (dih), dès lors que les groupes armés ne s’y sentiront pas obligés, ne seront pas juridiquement « récompensés » ? Il est vrai que les États répugnent à donner aux combattants rebelles le statut de belligérant et, in fine, le statut de prisonnier de guerre s’ils devaient en être. Une façon d’indiquer que ces États ne souhaitent pas encourager la rébellion. Or, cela ne dissuade en rien les actes d’insurrection, au contraire. Reste que, pour l’auteur, « les États n’adopteront jamais une convention internationale qui aurait pour but de les priver de toutes les prérogatives de souveraineté en période d’insurrection armée ». Aussi, Gérard Aivo tente d’expliciter la complexité de la problématique de cet entre-deux entre civils et insurgés. Qui bénéficie, finalement, de ce statut de combattant ? Réponse complexe et délicate, d’autant que la distinction entre civils et militaires, civils engagés, insurgés en uniforme, civils comme boucliers humains, « civils protégés », « civils momentanément combattants de gré ou de force » devient particulièrement difficile. Les lacunes du droit international en matière de cani aboutissent à des conséquences sérieuses en matière de protection des belligérants « non statutaires ». L’auteur aborde successivement la conception classique de la qualité de combattant, puis son évolution par le principe de distinction entre « civils » et « combattants ». Il tentera, par la suite, de proposer une clarification et un renforcement, qu’il estime nécessaires, de la protection des personnes participant directement aux hostilités et des non-combattants dans les conflits armés non internationaux. Il termine sa démonstration en proposant un « rapprochement » entre les protocoles i et ii afin, d’une part, de jouir d’un statut « par analogie » et, d’autre part, de mettre en avant la solution des accords spéciaux et de l’amnistie. Nous retiendrons ses développements autour des conséquences insatisfaisantes de l’attribution ou non du statut de combattant aux insurgés et de la nécessité de mieux préciser la notion de « participation directe aux hostilités ». En outre, l’auteur pose le problème de l’interprétation par trop large des États qui peuvent refuser de voir appliquer le droit pour des troubles intérieurs et des tensions internes avérées et intenses. Dans tous les cas, si la prise de conscience désastreuse des guerres civiles russe et espagnole a poussé à la réglementation, certes modeste et lente, du droit des conflits armés non internationaux à travers le protocole additionnel ii des conventions de Genève, de toute évidence ces règles restent insuffisantes en ampleur et en contenu, en comparaison de ce que l’on a codifié autour des conflits internationaux. Aujourd’hui, la situation des droits de l’homme dans …