Comptes rendusDroit international

Global Political Justice, Terry Macdonald et Miriam Ronzoni, 2014, Londres, Routledge, 173 p.[Notice]

  • Alain-Guy Tachou Sipowo

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  • Alain-Guy Tachou Sipowo
    Université Laval, Québec

Les écrits dans le champ de la gouvernance mondiale se sont intéressés ces dernières décennies à la question de la justice globale, entendue comme la redistribution des richesses et des responsabilités entre les pays du Nord et les pays du Sud sur les problématiques planétaires de sécurité humaine, d’environnement et de développement. Global Political Justice, ouvrage collectif qui réunit près d’une douzaine de chercheurs en science politique, relations internationales et éthique politique, vient combler le vide que constitue l’absence de fondements politiques à la théorie de la justice globale. D’emblée, le premier des neuf chapitres, que signent les directeurs de l’ouvrage, explicite brillamment la problématique. L’idée de départ est que les structures de pouvoir à l’échelon transnational soit manquent de légitimité, soit ne sont pas justifiables (idée de justice). Partant de la théorie rawlsienne selon laquelle la justice est politique par essence, les auteurs estiment qu’on ne saurait présumer ces qualités aux institutions internationales. L’originalité de l’ouvrage repose, contrairement à la littérature sur la démocratie mondiale à l’égard de laquelle il prend ses distances, sur la récusation de la transférabilité mécanique à l’échelon international des modalités de construction de la légitimité et de la justice des institutions politiques qui doivent assurer la justice distributive. À ce titre, son apport est à situer sur un double plan substantiel et méthodologique. Au regard du premier axe, dans lequel s’inscrivent les contributions portant sur la constitution de l’ordre politique mondial, un constat se dégage : l’importance de l’État dans le projet des institutions cosmopolites ne décroît pas. Il était pourtant aisé de le concevoir, comme le font bien de réflexions cosmopolites, comme une structure de pouvoir dépassée, un obstacle plutôt que la voie vers le cosmopolitisme parfait. Sous la plume de la majorité des contributeurs, la figure de l’État est réhabilitée, presque idéalisée, quoiqu’une volonté de la faire coexister avec des structures supranationales, plus aptes à relever les défis mondiaux, soit constante chez l’ensemble des auteurs. Ainsi, pour Paul Muldoon (chapitre 7), l’égalité des individus comme base du pouvoir politique mondial est un leurre, puisque la permanence de ce principe est loin d’être assurée. Miriam Ronzoni (chapitre 4) conteste qu’on doive reconnaître aux structures supranationales des pouvoirs illimités. Elle invite à inscrire leur rôle dans la construction de la souveraineté positive des États, comprise comme leur capacité à résoudre les problèmes qui se posent dans leur ordre interne. Étonnamment, chez Barbara Buckinx la capacité des ong à assumer les fonctions de la gouvernance mondiale est contestée, les acteurs publics étant les seuls susceptibles, selon cette auteure, de responsabilisation. De fait, Avia Pasternak ne concède qu’une fonction de légitimation aux acteurs non étatiques dans son idée de ligue des États démocratiques, structure supranationale à laquelle il confierait la réalisation de la justice mondiale, cela en raison du devoir moral qui est le leur au regard des enjeux planétaires. Les contributions de Hurrell et Macdonald ainsi que de Lenard établissent les ponts avec le second axe de l’ouvrage qui répond à la préoccupation méthodologique d’arriver à concevoir et à justifier les formes de pouvoir qui existent dans l’ordre international. Les premiers n’entendent exclure aucun acteur de l’arène du pouvoir mondial. Il serait selon eux plus important de localiser ce pouvoir, qu’il soit étatique, non étatique ou supranational, afin de lui appliquer les principes de justice politique que sont la légitimité et la justifiabilité. L’intérêt de l’approche est d’unifier les principes au sein des multiples sous-disciplines. Lenard formule pour sa part une proposition fort remarquable sur la construction de la légitimité des institutions internationales qui passe par l’enracinement des objectifs cosmopolites chez les individus. Pour …