Comptes rendusÉtudes stratégiques et sécurité

Dictionnaire mondial des opérations de paix, 1948-2016, Jocelyn Coulon et Michel Liégeois, 2016, Outremont Athéna Editions, 319 p.[Notice]

  • André Dumoulin

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  • André Dumoulin
    Institut royal supérieur de défense
    Université de Liège, Belgique

Issu des travaux du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix créé en 2005, dont l’objectif est de diffuser électroniquement, en français, un maximum de renseignements sur celles-ci, ce dictionnaire se présente cette fois sous forme papier et traite des 187 opérations recensées jusqu’en novembre 2015. L’exercice réalisé par les auteurs et par d’autres collaborateurs a consisté à identifier les interventions internationales correspondant à ces opérations, à présenter l’historique de leur création et de leurs actions et à dresser la liste des dirigeants et des pays qui ont contribué aux opérations en envoyant du personnel. L’examen de ces « fiches » est facilité par un avant-propos et une introduction exposant les grandes tendances historiques et thématiques de ces opérations qui furent, jusqu’en 1989, peu nombreuses. La fin de la guerre froide, les recompositions des frontières et les conflits identitaires allaient faire augmenter considérablement les interventions onusiennes et autres : 160 opérations au cours des 25 dernières années. Pour les auteurs tout comme pour les études qu’ils citent, les opérations de paix sont devenues populaires parce qu’elles produisent des résultats positifs mesurables et quantifiables, bien qu’il faille probablement nuancer cette affirmation selon les missions. L’ouvrage est structuré de manière intelligible avec un petit chapitre intitulé « Comment lire le Dictionnaire ». Nous pouvons y trouver une méthode de recherche thématique (opération et mandat, contribution, biographies, doctrines, acronymes) mais aussi, en préambule, quatre sections spécifiques à savoir, primo, une analyse sur les conditions dans lesquelles les premières opérations ont vu le jour, secundo, les caractéristiques spécifiques des activités associées à l’outil militaire, tertio, les tensions doctrinales faisant naître bien des débats dans le monde politique et universitaire et, enfin, la section abordant la question de l’évaluation et de la mesure de leur utilité. L’index n’est pas utile dès lors que la recherche d’une opération passe par des renvois à des chapitres spécifiques : acronymes de mission, pays concernés (contributeurs ou pays « hôte ») et nom des personnalités avec une petite biographie (chefs de mission, commandant de la force, commissaire de police, chef des observateurs, représentant spécial, etc.). Relevons que pour Michel Liégeois, la sélection des opérations passe par la mise en évidence des trois grands principes onusiens du maintien de la paix que sont le cessez-le-feu, le consentement des parties et l’impartialité. Dès lors, il peut être utile de reprendre sa définition, à savoir qu’une opération de paix est « une intervention multinationale revêtue de la légitimité internationale, visant à prévenir un conflit ou à rétablir, maintenir, stabiliser, consolider ou imposer la paix par le déploiement de personnel militaire, policier ou civil ». Plus spécifiquement, cet exercice réalisé autour d’une analyse synthétique sur les opérations de paix dans le paysage international contemporain est des plus utiles. Il permet de saisir l’évolution du concept depuis sa « préhistoire » avec la Société des Nations jusqu’aux derniers développements en République centrafricaine, en passant par la résolution 377 de l’Onu (résolution Dean Acheson du 3 novembre 1950), où l’Assemblée générale contournait de possibles veto du Conseil de sécurité, l’apparition des premiers casques bleus en 1956 (Suez), l’Agenda pour la paix (1992) ou le Rapport Brahimi (2000). Les auteurs montrent clairement combien l’apparition des missions et leurs développements doivent être analysés en tenant compte du contexte historique, de la position des États et du rôle essentiel de certaines personnalités qui furent les pères fondateurs du maintien de la paix. De même, ils explicitent le passage des missions d’observation aux stratégies d’interposition armée, ainsi que l’apparition des quatre piliers sur lesquels reposent les opérations de maintien de la paix de …