Résumés
Résumé
Depuis le début des années 1970, Nairobi a pris une place centrale dans la fiction kenyane. Ville où convergent les migrants des campagnes et les exilés des pays en crise alentour, elle constitue « un microcosme, un monde en soi, qui représente, plus qu’un simple aspect de la société kenyane, ce qu’est véritablement le Kenya » . Pour les jeunes écrivains kenyans, elle est un personnage à part entière : « C’est une magicienne devenue prostituée. Elle est aussi psychotique. Et schizophrène » . Les écrits de cette nouvelle génération s’articulent ainsi autour de la figure ambivalente de Nairobi, ville qui, de simple décor réaliste, est devenue au fil des pages et du temps un lieu palimpseste, et qui à son tour imprime sa marque sur les corps qui la traversent. Écrire la ville, c’est avant tout s’écrire, projeter sur elle ses incertitudes quant à la place qu’on y occupe. Lieu liminaire, « espace ambigu [...] dans lequel les constructions du chez-soi et de l’ailleurs sont temporairement interrompues avant d’être réinscrites, réordonnées, en tout cas reconstituées » , la ville est aussi un lieu carnavalesque, où tous les retournements sont possibles et où l’identité de ses habitants est sans cesse remise en question. Nairobi, dans les textes de la nouvelle génération d’auteurs kenyans comme Yvonne Adhiambo Owuor, Binyavanga Wainaina ou Mehul Gohil, se fait donc texte et miroir, espace où se déchiffre la nature de la condition de l’homme kenyan.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger