Résumés
Mots-clés :
- éducation pour un avenir viable,
- Établissements verts Brundtland,
- Centrale des syndicats du Québec,
- école,
- projet pédagogique,
- outil pédagogique,
- formation des enseignants,
- réussite scolaire
Keywords:
- school,
- pedagogical project,
- teaching tool,
- teacher training
Corps de l’article
Lorsque nous cherchons à retracer l’histoire de l’éducation relative à l’environnement (ERE) et de l’éducation au développement durable (EDD) au Québec, nous pouvons difficilement passer à côté de celle du mouvement des Établissements verts Brundtland (EVB-CSQ). Ce mouvement, initié en 1993 par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)[1], offre un exemple unique d’innovation pédagogique portée par le mouvement syndical et ses nombreux partenaires de la société civile. Depuis plus de vingt ans, d’innombrables initiatives et projets ont été réalisés par les jeunes et les adultes qui les accompagnent au sein des quelque 1 500 établissements qui composent aujourd’hui le mouvement EVB-CSQ, soit le tiers des établissements scolaires québécois.
Or, plus de vingt ans après sa création, et malgré notre conviction profonde de la pertinence du mouvement EVB-CSQ, force est de constater que trop peu de recherches ont été réalisées afin de déterminer les facteurs ayant favorisé sa croissance, de mesurer l’effet des activités de formation continue et des outils pédagogiques en ERE offerts au personnel de l’éducation et de démontrer la pertinence d’activités en ERE sur la persévérance et la réussite scolaires ainsi que sur l’engagement citoyen des jeunes.
Cet article permettra aux lectrices et aux lecteurs de mieux percevoir le rôle historique du mouvement EVB-CSQ dans le développement de l’ERE et de l’EDD au Québec, de saisir quelques-uns des défis organisationnels que celui-ci rencontre et de découvrir le terreau fertile pour la recherche qu’il constitue.
Le mouvement EVB-CSQ : un témoin privilégié de l’évolution des préoccupations environnementales et sociales du milieu scolaire
La petite histoire du mouvement EVB-CSQ débute peu après la publication en 1988, de la version française du Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies aussi connu sous le nom de rapport Brundtland.
Rappelons que depuis sa création, la CSQ, autrefois la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), n’a cessé de s’engager pour sensibiliser ses membres aux grands enjeux de société. Au fil de son histoire, elle a mené diverses campagnes de sensibilisation, la plupart du temps appuyées par la publication de guides pédagogiques sur des thèmes tels que les droits de la personne, l’égalité des sexes, la lutte au racisme, l’engagement de la jeunesse, etc.
En 1988, la CSQ a invité les intervenantes et intervenants québécois les plus actifs en éducation relative à l’environnement (ERE) à participer à la réalisation de l’opération Ensemble, récupérons notre planète (cahier pédagogique, vidéo, affiche, pièce de théâtre, cassette musicale, etc.). Elle a contribué à mieux faire connaître auprès du milieu scolaire d’excellents outils déjà produits dans ces domaines par vingt-quatre ONG, ministères et sociétés d’État. Cette opération a permis notamment, pour la première fois au Québec, d’élargir la vision de l’ERE aux thèmes de la viabilité et du développement durable, donc à l’écologie, bien sûr, mais aussi à la démocratie, à la coopération, au pacifisme, à la solidarité internationale et aux droits de la personne dans une perspective de développement durable, qui se traduira quelques années plus tard par le concept d’éducation pour un avenir viable (EAV)[2].
L’opération Ensemble, récupérons notre planète a suscité auprès des personnels de l’éducation un engouement inégalé envers les enjeux liés à l’environnement et au développement durable. Cela s’est traduit par la création d’un comité et d’un réseau de responsables locaux de la CSQ et des ONG (première réunion de 80 personnes en novembre 1989). Véritable moteur de cette démarche éducative avant-gardiste, le réseau Environnement accueille les pionnières et pionniers du mouvement EVB-CSQ. Le réseau gagne rapidement en popularité et s’étend aux quatre coins de la province. Dans chacune des écoles primaires et secondaires qui composent le mouvement EVB-CSQ, on pense globalement et on agit localement, on pose de petits et de grands gestes pour améliorer son milieu, on sensibilise les membres de sa communauté à l’importance d’agir pour un avenir viable.
C’est à la demande des participantes et participants du réseau Environnement que la CSQ soumet à ses organismes partenaires l’idée de valoriser et de reconnaître socialement toutes les réalisations des jeunes et des adultes en EAV. Cela conduira à la création du statut d’École verte Brundtland (EVB) remis annuellement aux écoles ayant démontré leur engagement en EAV. Lorsque le mouvement s’étend à des centres de la petite enfance, de formation professionnelle, d’éducation aux adultes, des cégeps[3] et des facultés universitaires, nous parlons alors d’Établissements verts Brundtland[4] (EVB-CSQ).
Pour obtenir le statut EVB-CSQ, chaque établissement doit faire la démonstration que des gestes concrets ont été posés par les jeunes et les adultes accompagnateurs en matière d’écologie, de pacifisme, de solidarité et de démocratie. Il s’agit là des quatre valeurs qui structurent toute l’action des EVB-CSQ. De plus, les établissements doivent aussi démontrer que ces gestes ont été posés au sein de la classe (dans le cadre d’un cours ou d’une activité d’apprentissage), à l’échelle de l’établissement (comme un projet visant la gestion des matières résiduelles), à l’échelle de la communauté (par exemple, la cueillette de biens non périssables pour des paniers de Noël destinés aux personnes démunies) et en ouverture sur le monde (comme la participation aux activités proposées par des organismes de coopération internationale).
Depuis la reconnaissance des premiers Établissements verts Brundtland en 1993, le secrétariat EVB-CSQ a conservé tous les relevés de réalisations déposés pour l’obtention ou le maintien du statut EVB-CSQ. Ces relevés constituent en soi une banque unique d’information qui pourrait permettre au milieu de la recherche de retracer l’évolution des préoccupations du milieu scolaire à l’égard des enjeux liés à l’écologie, au pacifisme, à la solidarité et à la démocratie depuis plus de 20 ans. Une vraie mine d’or !
Le mouvement EVB-CSQ : des outils et des activités de formation continue en EAV
Au moment de la création du mouvement EVB-CSQ, il n’existe pratiquement aucune formation initiale en ERE ou en EAV au Québec et le personnel de l’éducation dispose de très peu d’outils éducatifs pour aborder les questions d’environnement et de développement durable. Si l’information existe, elle demeure parcellaire, pointue et souvent difficilement accessible. Le mouvement EVB‑CSQ contribue largement à la formation continue du personnel éducatif en faisant connaître les enjeux de l’heure, en publiant diverses trousses éducatives vulgarisées répondant aux objectifs des programmes d’études et en organisant des activités de formation dans le cadre de ses sessions nationales et régionales[5]. Au fil des ans, le mouvement publie et organise des opérations éducatives qui suivent l’évolution des enjeux et de la pensée des membres du réseau. Les premières trousses publiées abordent les thèmes de la gestion des matières résiduelles (Recycler, ça rapporte !, Le BAC), de l’utilisation rationnelle de l’énergie (Des watts entre les deux oreilles) et des problématiques environnementales globales (Terre comprise).
Le Sommet de la Terre de Rio (1992) a offert au mouvement EVB-CSQ l’occasion de s’ouvrir davantage au monde. C’est à cette époque que les groupes de coopération internationale joignent le mouvement EVB-CSQ. Au fil des rencontres et des sessions nationales, les acteurs de l’environnement et ceux de la coopération internationale réalisent qu’il n’est plus possible d’agir en cohérence sans intégrer le point de vue de l’autre. Diverses trousses comme Enfants du monde, Vivre ensemble, tout un art ! Jeunes du monde en santé, Fleuves du monde et, récemment, Forêts du monde permettent au personnel d’aborder en classe des questions liées aux droits de la personne, aux ressources naturelles, au développement, à la santé environnementale et aux inégalités sociales dans une perspective mondiale.
Parallèlement, le mouvement EVB-CSQ ajoute aux 3R traditionnels (Réduire, Réutiliser et Recycler) trois nouveaux R qui permettent de mieux agir à la source des déséquilibres planétaires. Les changements souhaités sont possibles dans la mesure où nous pouvons individuellement et collectivement Repenser nos systèmes de valeurs, Restructurer nos systèmes économiques et Redistribuer les ressources. Un dernier R vient ensuite couronner le tout : Respect de soi, de l’autre, de la nature. Ces réflexions concourent à la mise en œuvre de l’opération éducative Construire une citoyenneté responsable réalisée étroitement avec Oxfam-Québec. Composée de quatre trousses éducatives, l’opération aborde coup sur coup les thèmes de la pauvreté (Tirer le diable par la queue !), de la surconsommation et du commerce (D’un commerce agréable et équitable), des enjeux locaux et globaux liés à l’agriculture et à l’alimentation (La Terre dans votre assiette), pour conclure sur l’importance d’exercer son rôle de citoyenne ou de citoyen responsable (S’investir dans nos communautés en citoyens du monde).
Le mouvement EVB-CSQ est aussi à l’origine de plusieurs événements réalisés en partenariat avec les organismes de la société civile, notamment Solid’ERE (rassemblement de quelque 2 000 jeunes en 1995), le Forum Planèt’ERE (premier forum francophone international sur l’éducation relative à l’environnement, Montréal 1997), plusieurs carrefours de la citoyenneté responsable entre 2004 et 2008 (échanges, formation, kiosques réunissant le milieu scolaire et les organismes de la société civile) et de colloques pédagogiques (Comment parler d’avenir aux jeunes ?, 2009 ; La nature a-t-elle sa place en éducation ?, 2010 ; La nature, un terreau fertile en éducation, 2011 ; S’engager ici, ensemble, 2012).
Depuis quelques années, principalement en raison d’une baisse considérable de financement due au désengagement de l’État fédéral et provincial, les EVB-CSQ ont réduit de façon substantielle leur production de matériel pédagogique. La Fondation Monique-Fitz-Back[6], créée en 2007 pour honorer la mémoire de la cofondatrice du mouvement et poursuivre son œuvre, prend aujourd’hui le relais.
Faute de temps et de ressources suffisantes, les outils pédagogiques et les activités de formation continue du mouvement EVB-CSQ n’ont pu faire l’objet d’une évaluation systématique indépendante. Plusieurs questions de recherche demeurent en suspens. Quels sont les effets des activités du mouvement EVB-CSQ (sessions nationales et régionales, outils pédagogiques, colloques, etc.) sur la conscience environnementale et sociale du personnel de l’éducation, sa pratique éducative, sa perception de son rôle d’éducatrice et d’éducateur et son engagement social ? Quels effets les activités et outils pédagogiques proposés ont-ils eus sur le développement de la conscience environnementale des jeunes, sur leur engagement citoyen, sur leur ouverture au monde ?
Quelques facteurs de succès
Nous déterminons quatre principaux facteurs à la base des succès rencontrés par le mouvement EVB-CSQ. Le premier relève de l’appui indéfectible (financier, technique, humain) que la CSQ offre au mouvement EVB-CSQ depuis sa création. Le mouvement EVB-CSQ a su profiter, entre autres, de la structure de représentation syndicale à tous les échelons pour joindre, sensibiliser, animer et appuyer ses membres, dans toutes les régions et les établissements membres. Les valeurs que promeut le mouvement EVB-CSQ ne diffèrent pas de celles que défend la CSQ dans la société québécoise, telles que définies dans la plate-forme en éducation pour un avenir viable qu’ont adopté ses membres en 1999[7]. Du point de vue strictement syndical, le mouvement EVB-CSQ est un atout pour la CSQ. En effet, de nombreuses personnes aujourd’hui impliquées au sein de leur syndical local se sont d’abord engagées en raison de leur intérêt pour les valeurs d’écologie, de pacifisme, de solidarité et de démocratie qui animent le mouvement EVB-CSQ. En ce sens, l’engagement de membres du personnel de l’éducation au mouvement EVB-CSQ est souvent une porte importante pour le renouveau syndical. La mise en œuvre et le déploiement de ce réseau syndical constituent une réussite en soi, un modèle d’innovation pédagogique qui suscite l’envie de bien des pays préoccupés de sensibiliser et d’éduquer les jeunes en matière d’environnement et de développement durable.
Quelques questions de recherche :
De quelle façon le mouvement EVB-CSQ contribue-t-il à promouvoir les valeurs de la CSQ auprès de ses membres et de la société en général ? En quoi l’implication des membres de la CSQ au sein du mouvement EVB-CSQ contribue-t-elle à leur engagement syndical ?
Le second facteur résulte de l’engagement profond des responsables EVB-CSQ à tous les échelons, en commençant par les responsables d’établissement. Ces personnes s’investissent pour animer leur milieu, soit dans le cadre habituel des cours ou lors d’activités parascolaires se déroulant souvent hors des heures normales de classe. Ensemble, elles forment un comité EVB-CSQ au sein de l’établissement, proposent des activités portant sur les quatre valeurs, dressent le portrait annuel des activités réalisées, présentent leur relevé de réalisations au secrétariat EVB-CSQ et organisent des activités afin de reconnaître l’engagement pour un monde meilleur des jeunes et des adultes de l’établissement.
Ces personnes sont appuyées par des responsables locaux nommés ou élus à l’échelle de chaque fédération, syndicat ou affilié de la CSQ. Regroupées au sein du réseau des responsables locaux EVB-CSQ, ces personnes constituent la principale force du mouvement EVB-CSQ. Dans certaines régions, s’ajoutent des responsables régionaux EVB-CSQ qui coordonnent les activités EVB-CSQ initiées à l’échelle de leur territoire. Ces personnes veillent à promouvoir localement le mouvement et les valeurs EVB-CSQ, animent les comités locaux et organisent des activités et des sessions régionales EVB‑CSQ.
Le mouvement est coordonné par l’équipe du secrétariat EVB-CSQ qui, avec l’appui des membres du Comité en EAV et du Comité des retraités Brundtland, soutient l’action dans les milieux en proposant, en association avec ses partenaires (Oxfam-Québec, Amnistie internationale, groupes environnementaux et communautaires), des sessions nationales, des opérations éducatives nationales et régionales, des rendez-vous de jeunes engagés, du matériel pédagogique et promotionnel, des ressources éducatives, de la formation et de l’information en EAV. Le secrétariat gère l’ensemble des activités du mouvement et veille à promouvoir et à reconnaître les actions en EAV posées par les jeunes et les adultes des établissements membres, notamment par l’attribution des statuts EVB-CSQ.
Quelques questions de recherche :
Quels types d’outils et de formation mettre en œuvre pour appuyer le travail des divers responsables EVB-CSQ ? Quels sont les besoins de formation de base du personnel de l’éducation qui intervient en EAV ? En quoi la formation initiale et continue proposée par le milieu universitaire répond-elle au besoin du personnel de l’éducation ? Quels sont les besoins d’information, d’éducation et de formation déterminés par les jeunes apprenants ?
Le troisième facteur tient aux valeurs et au projet pédagogique mis de l’avant par le mouvement EVB-CSQ. En proposant au personnel de l’éducation une vision du monde cohérente et englobante, basée sur la prise de conscience des défis environnementaux, sociaux et économiques que connaît le monde dans lequel nous vivons, le mouvement donne un sens à l’éducation en l’arrimant à des situations concrètes qui ont une résonnance pour les jeunes et les adultes en formation. En donnant les moyens aux jeunes de lutter contre la pauvreté dans leur milieu, de régler harmonieusement leurs conflits, d’agir contre l’intimidation, les préjugés et le racisme, de participer à la vie démocratique de leur établissement, les EVB-CSQ rendent les jeunes davantage conscients des enjeux qui les concernent et les invitent à s’engager, individuellement et collectivement, à la construction d’un monde plus écologique, pacifique, solidaire et démocratique.
Quelques questions de recherche :
Les valeurs, les principes et les activités du mouvement EVB-CSQ sont-ils toujours d’actualité, en phase avec les préoccupations des jeunes ? En quoi concourent-ils à la formation de jeunes citoyennes et citoyens critiques et responsables ? En quoi sont-ils complémentaires aux visées éducatives du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec ?
Le quatrième facteur de réussite résulte des liens étroits que les EVB-CSQ ont su tisser avec des organismes de la société civile engagés en EAV (écologie, pacifisme, solidarité et démocratie) et des organismes dont la mission est de soutenir l’engagement social des jeunes. Ces organismes jouent un rôle important dans la vie du mouvement en offrant au milieu scolaire du matériel pédagogique et des opérations éducatives qui rendent vivantes les valeurs EVB-CSQ au sein de nos établissements. Les EVB-CSQ les appuient concrètement en facilitant leur relation avec le milieu scolaire et en assurant la promotion de leurs activités et de leurs services lors de sessions nationales et régionales ainsi que sur son site Internet et autres outils de communication.
Quelques questions de recherche :
Quelles sont la pertinence et la valeur pédagogique des activités et des actions en ERE, EAV, EDD menées par les organismes partenaires ? En quoi leur association avec le mouvement EVB-CSQ favorise-t-elle leurs interventions en milieu scolaire ? Comment conjuguer efficacement les actions en milieu scolaire des organismes en EAV et celles vouées à l’engagement jeunesse ?
Le défi de s’adapter à un monde en changement
Depuis la création du mouvement, la société québécoise, le milieu de l’éducation et les organismes de la société civile ont fait face à des changements importants : nouvelle réforme de l’éducation, désengagement des pouvoirs publics, perte importante du financement gouvernemental destiné aux organismes de la société civile, etc. C’est dans ce contexte que les EVB-CSQ ont organisé, en novembre 2013, une rencontre regroupant quelques organismes de la société civile et des membres du personnel de l’éducation afin de dresser un bilan de la situation et de dégager des pistes pour le développement de l’EAV au Québec. Il ressort de cette rencontre plusieurs constats qui sont autant de questions de recherche.
Les jeunes. Les jeunes adoptent de nouvelles valeurs et développent de nouvelles façons de communiquer et de s’engager. Quelles incidences ces nouvelles réalités ont‑elles sur la pratique éducative, sur la façon de transmettre les savoirs, sur les activités d’engagement à proposer aux jeunes ?
Le personnel de l’éducation. Le milieu de l’éducation accueille une nouvelle génération de personnel qui a des valeurs, une conception de l’engagement et un rapport au temps différents. Quelles sont les représentations des nouvelles cohortes de personnel à l’égard de l’éducation et de l’engagement social et environnemental ? Comment repenser l’organisation de l’école pour mieux répondre aux besoins éducatifs du XXIe siècle, tout en tenant compte de contraintes grandissantes que rencontre le personnel de l’éducation (dont la conciliation travail-étude-famille et la surcharge de travail) ?
L’école. L’école compose avec de nouvelles réformes, vit d’importantes contraintes financières, est mise en compétition avec les autres établissements et voit les parents y jouer un rôle accru. Quels sont les effets de ces changements sur la pratique éducative et la capacité du personnel d’accompagner et de guider les jeunes dans leurs désirs d’engagement social et environnemental ?
L’État. On assiste au désengagement financier de l’État. Le financement des activités en milieu scolaire devient quasi inexistant. Il en est de même de celui des organismes en EAV. Quel est l’impact du désengagement de l’État sur les pratiques éducatives en EAV ? Quelles avenues doivent emprunter les organismes en EAV pour poursuivre leur mission éducative ? Quelles nouvelles pistes de collaboration entre les organismes et le milieu scolaire doivent être explorées ?
La société. Les préoccupations changent. Les idées conservatrices sont en croissance. L’accent est mis sur la surconsommation. Le bonheur est plus individuel que collectif. Comment intégrer à l’éducation les préoccupations liées à l’ERE, à l’EAV et à l’EDD dans le contexte des changements profonds que vit la société ?
La mobilisation. Elle prend d’autres formes. Les actions sont plus ponctuelles et moins engageantes. Les actions locales priment les causes internationales. Comment favoriser l’engagement citoyen des jeunes et des adultes en faveur d’un monde meilleur ?
Tous ces facteurs ont un effet direct sur les conditions de pratique du personnel de l’éducation dont il faudra tenir compte dans toute stratégie de développement de l’EAV en milieu scolaire. Les questions précédentes s’inscrivent en filigrane d’un projet de recherche partenariale que le mouvement EVB-CSQ et ses partenaires éducatifs et associatifs entreprendront sous peu grâce à l’appui d’une équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Montréal. Plus spécifiquement, l’étude visera notamment à démontrer l’intérêt et la pertinence des actions que mènent les organismes de la société civile en milieu scolaire et à documenter les effets positifs qu’engendre l’engagement des jeunes sur la persévérance et la réussite scolaires. Elle cherchera à bien cerner les contraintes de type structurel et administratif (assurance, manque de reconnaissance de la pertinence des activités, autorisation, coûts, effectifs, bureaucratie, plan de gestion, etc.) liées à la tâche (surcharge de travail, précarité, changement de garde au sein du personnel, nombre d’établissements à desservir, temps, budget octroyé, reconnaissance du travail, etc.) ou autres (perception des missions des organisations, etc.) qui limitent l’engagement en EAV des jeunes et des adultes qui les accompagnent.
Bien sûr, cette recherche ne couvrira que quelques-unes des questions qui découlent de l’expérience unique du mouvement EVB-CSQ en matière d’ERE, d’EDD et d’EAV. Elle contribuera cependant à mieux orienter les actions que le mouvement EVB-CSQ et ses partenaires mèneront dans les années à venir pour contribuer à l’avènement d’un monde plus écologique, pacifique, solidaire et démocratique.
Parties annexes
Notes
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[1]
La Centrale des syndicats du Québec compte 200 000 membres, dont quelque 130 000 professionnelles et professionnels, enseignantes et enseignants et personnel de soutien du secteur de l’éducation.
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[2]
Les réflexions des membres de la CSQ ont conduit à l’adoption de la définition suivante de l’éducation pour un avenir viable (EAV) : L’EAV place l’être humain au centre de ses préoccupations. Elle cherche à harmoniser les rapports entre les individus, les peuples et leur environnement. Elle explore les implications économiques, sociales et environnementales de nos modes de penser et d’agir. Elle vise la formation de citoyennes et citoyens aptes à s’engager dans des actions individuelles et collectives qui contribuent à l’avènement de sociétés démocratiques, justes, équitables et viables, tant au point de vue économique, sociopolitique qu’environnemental.
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[3]
Au Québec, un collège d'enseignement général et professionnel, ou cégep, est un établissement d'enseignement collégial public où sont offertes des formations techniques et préuniversitaires.
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[4]
Pourquoi vert ? Pourquoi Brundtland ? Un établissement est vert parce qu’il se préoccupe d’environnement. Il est Brundtland parce qu’il réalise des actions touchant, entre autres, le partage, la coopération, l’équité, la solidarité, le respect, la paix et les droits humains, autant de préoccupations majeures apparaissant dans le rapport Brundtland.
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[5]
Les sessions EAV-EVB, qu’elles soient nationales ou régionales, sont au cœur de la dynamique EVB. Véritable espace de formation continue, elles constituent des lieux d’échange d’information, de partage d’expériences, de ressourcement, de réflexion, de formation du personnel de l’éducation et de réseautage avec les organismes nationaux, régionaux et du milieu qui partagent les valeurs EVB-CSQ.
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[6]
Le site de la Fondation : fondationmf.ca
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[7]
Au Québec, de nombreux syndicats, outre leur mandat traditionnel de défense des intérêts de leurs membres, s’engagent concrètement afin de promouvoir un modèle de société correspondant aux valeurs qu’ils défendent. La CSQ a adopté en 1999 une plate-forme en éducation pour un avenir viable (EAV) qui précise ses engagements en ce domaine et oriente les actions qu’elle entend mener pour contribuer à la viabilité économique, environnementale et sociopolitique de la société québécoise en toute solidarité avec les autres peuples de la Terre.