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Perspectives de recherche au sein du mouvement des Établissements verts Brundtland[Notice]

  • Jean Robitaille

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  • Jean Robitaille
    Jean Robitaille est l’un des pionniers de l’éducation relative à l’environnement et au développement durable au Québec. Depuis plus de vingt-cinq ans, il a signé de nombreux guides et trousses éducatives en éducation à la viabilité et offert de nombreuses formations dans le domaine, tant au Québec qu’à l’étranger. Il a été co-fondateur de la firme ERE Éducation, président fondateur de l’Association québécoise pour la promotion de l’éducation relative à l’environnement (AQPERE) et chargé de cours en formation des maîtres pendant près de quinze ans. Depuis 2003, il est conseiller en éducation pour un avenir viable et conseiller au mouvement des Établissements verts Brundtland qui compte aujourd’hui près de 1 400 établissements membres, tous animés par le désir d’un monde plus écologique, pacifique, solidaire et démocratique.

Lorsque nous cherchons à retracer l’histoire de l’éducation relative à l’environnement (ERE) et de l’éducation au développement durable (EDD) au Québec, nous pouvons difficilement passer à côté de celle du mouvement des Établissements verts Brundtland (EVB-CSQ). Ce mouvement, initié en 1993 par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), offre un exemple unique d’innovation pédagogique portée par le mouvement syndical et ses nombreux partenaires de la société civile. Depuis plus de vingt ans, d’innombrables initiatives et projets ont été réalisés par les jeunes et les adultes qui les accompagnent au sein des quelque 1 500 établissements qui composent aujourd’hui le mouvement EVB-CSQ, soit le tiers des établissements scolaires québécois. Or, plus de vingt ans après sa création, et malgré notre conviction profonde de la pertinence du mouvement EVB-CSQ, force est de constater que trop peu de recherches ont été réalisées afin de déterminer les facteurs ayant favorisé sa croissance, de mesurer l’effet des activités de formation continue et des outils pédagogiques en ERE offerts au personnel de l’éducation et de démontrer la pertinence d’activités en ERE sur la persévérance et la réussite scolaires ainsi que sur l’engagement citoyen des jeunes. Cet article permettra aux lectrices et aux lecteurs de mieux percevoir le rôle historique du mouvement EVB-CSQ dans le développement de l’ERE et de l’EDD au Québec, de saisir quelques-uns des défis organisationnels que celui-ci rencontre et de découvrir le terreau fertile pour la recherche qu’il constitue. La petite histoire du mouvement EVB-CSQ débute peu après la publication en 1988, de la version française du Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies aussi connu sous le nom de rapport Brundtland. Rappelons que depuis sa création, la CSQ, autrefois la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), n’a cessé de s’engager pour sensibiliser ses membres aux grands enjeux de société. Au fil de son histoire, elle a mené diverses campagnes de sensibilisation, la plupart du temps appuyées par la publication de guides pédagogiques sur des thèmes tels que les droits de la personne, l’égalité des sexes, la lutte au racisme, l’engagement de la jeunesse, etc. En 1988, la CSQ a invité les intervenantes et intervenants québécois les plus actifs en éducation relative à l’environnement (ERE) à participer à la réalisation de l’opération Ensemble, récupérons notre planète (cahier pédagogique, vidéo, affiche, pièce de théâtre, cassette musicale, etc.). Elle a contribué à mieux faire connaître auprès du milieu scolaire d’excellents outils déjà produits dans ces domaines par vingt-quatre ONG, ministères et sociétés d’État. Cette opération a permis notamment, pour la première fois au Québec, d’élargir la vision de l’ERE aux thèmes de la viabilité et du développement durable, donc à l’écologie, bien sûr, mais aussi à la démocratie, à la coopération, au pacifisme, à la solidarité internationale et aux droits de la personne dans une perspective de développement durable, qui se traduira quelques années plus tard par le concept d’éducation pour un avenir viable (EAV). L’opération Ensemble, récupérons notre planète a suscité auprès des personnels de l’éducation un engouement inégalé envers les enjeux liés à l’environnement et au développement durable. Cela s’est traduit par la création d’un comité et d’un réseau de responsables locaux de la CSQ et des ONG (première réunion de 80 personnes en novembre 1989). Véritable moteur de cette démarche éducative avant-gardiste, le réseau Environnement accueille les pionnières et pionniers du mouvement EVB-CSQ. Le réseau gagne rapidement en popularité et s’étend aux quatre coins de la province. Dans chacune des écoles primaires et secondaires qui composent le mouvement EVB-CSQ, on pense globalement et on agit localement, on pose de petits et de grands …

Parties annexes