Recensions d'écrits

Pour en lire plus : L’éducation à l’environnement : L’affaire de tous ?Cottereau Dominique (2014). L’éducation à l’environnement : L’affaire de tous ? Paris : Éditions Belin, 126 p.[Notice]

  • Gaston Pineau

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  • Gaston Pineau
    Professeur des universités honoraire en science de l'éducation de l'Université de Tours. Chercheur émérite du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’Université du Québec à Montréal

L’éducation relative à l’environnement (ERE) a plus de cinquante ans. En effet, le champ s’est institutionnellement et internationalement consolidé en 1977, à l’occasion d’une Conférence de l’UNESCO et du Programme des Nations unies pour l’environnement à Tbilissi: « Le but ultime de l’éducation relative à l’environnement est de permettre aux individus de percevoir le caractère complexe de l’environnement et le fait que les nations doivent adapter leurs activités et s’employer à se développer par des moyens en harmonie avec l’environnement » (extrait de la Conférence, cité par Cottereau, p.15). Depuis, est-elle devenue l’affaire de tous ? comme interroge frontalement le titre de ce livre, petit en volume, mais dense en contenu et en intérêt. En 126 pages et 6 chapitres, Dominique Cottereau réussit le tour de force de présenter de façon claire et inspirante, un historique depuis l’éducation dans la nature jusqu’à l’éducation au développement durable (chap. 1). Elle fait ensuite un survol de l’éducation à l’environnement à partir des deux champs croisés de l’éducation et de l’environnement (De quoi parle-t-on aujourd’hui ?, chap. 2),   des moyens utilisés (Des dispositifs et des partenariats, chap. 3), des groupes d’âge concernés (De la petite enfance à l’adolescence, une éducation adaptée, chap.4), en s’attardant  à l’enjeu d’Intervenir auprès des adultes (chap. 5) et enfin,  en évoquant des pédagogies engageantes (chap. 6). Ce livre est le fruit d’une longue collaboration entre l’auteure, Dominique Cottereau, pionnière des premières années (À l’école des éléments, 1994) et une éco-entreprise appelée Éco-emballage, qui, lors de sa création en 1992, « a fait face à un enjeu de taille : comment faire évoluer les comportements de milliers de personnes - à terme de millions de personnes ?... Aujourd’hui, 87% de Français trient » (p. 51). De courts encarts d’informations socio-historiques ponctuent l’ouvrage et relient chaque chapitre à une littérature déjà ample sur le sujet. À titre d’exemples: La vie en pleine nature d’après Henri-David Thoreau ; Éducation au développement durable, deux points de vue ; Éco-École, un dispositif de territoire ; Le label Citoyenneté-Environnement-Développement (CED) de la Ligue de l’enseignement ; Changements d’habitudes : plus avancés pour les déchets que pour l’eau ; De la diversité des approches pédagogiques. Et chaque chapitre se termine par trois questions posées à deux acteurs/auteurs de cette éducation en marche multiforme, générant des sigles multiples, porteurs de courants variés: ERE (Éducation Relative à l’Environnement) ; EE (Éducation à l’Environnement), EEDD (Éducation à l’environnement et au Développement Durable) ou EDD (Éducation au Développement Durable). Dominique Cottereau n’esquive pas ces différences, mais, au contraire, dans une dynamique de pédagogie de discernement (p. 111), elle les explicite pour favoriser les synergies possibles. Malgré les urgences, l’EE comme pilier de la transition écologique (p. 4) n’est malheureusement pas encore l’affaire de tous, surtout dans les institutions économiques et même éducatives, entre autres, celles des sciences de l’éducation. Or dans cette période d’émergence, la complexité des réalités contemporaines est telle qu’on ne peut agir seul. Le partenariat s’impose pour apprendre à relier les dimensions physiques et sociales de l’environnement, de même que le local et le global. Cela ouvre sur tout un champ d’apprentissage à l’alternance des regards et des actions : voir et relier le proche mais aussi le lointain, relier le visible et même l’invisible, vivre l’instant mais aussi le temps long. Le chapitre 3 sur les dispositifs partenariaux comme ingrédients de la réussite (p. 43) outille méthodologiquement la perspective holistique de l’ERE identifiée dès 1977 (p. 15). La notion de partenariat « apprenant » est centrale. Elle est héritée de Yannick Bruxelle, pionnière (récemment décédée) d’un des rares organismes …

Parties annexes