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La Chaire de recherche McCain en ethnologie acadienne (CREMEA) a été créée en 2006 grâce à un don généreux de la Fondation McCain. Elle a comme mandat de participer à la formation des étudiantes et étudiants au département d’études françaises en dispensant des cours sur l’ethnologie acadienne, de contribuer aux activités de recherche menées au sein du département, de former des équipes de chercheurs afin de faire avancer la recherche tant sur la culture acadienne traditionnelle que sur des phénomènes ethnologiques contemporains, de mettre en valeur les ressources patrimoniales acadiennes par la réalisation d’ouvrages destinés à un public varié et d’assurer une présence de l’Université de Moncton dans le domaine des études ethnologiques tant au Canada qu’à l’étranger.

Programmes principaux

La CREMEA a obtenu en mars 2007 une subvention de 29 000$ du CRSHC dans le cadre de son Programme de recherche et de diffusion lié aux langues officielles. Le projet s’intitule « Mise en valeur des ressources culturelles franco-terreneuviennes ». Ce projet vise à produire trois types de ressources documentaires : une trousse à vocation pédagogique comprenant des documents sonores sur disques compacts accompagnés de transcriptions, un recueil de chansons folkloriques accompagné d’illustrations sonores, ainsi qu’un site internet consacré à la culture traditionnelle franco-terreneuvienne.

Une autre subvention a été obtenue de la J.R. Smallwood Foundation, afin de financer la transcription mélodique des chansons qui feront partie du recueil. Cette initiative constitue un projet pilote, car la CREMEA explorera la possibilité d’appliquer la formule à d’autres régions acadiennes.

Un second projet a été mis sur pied en partenariat avec la Helen Creighton Folklore Society d’Halifax. Intitulé « Chansons acadiennes de Pubnico et Chéticamp », ce projet vise la publication d’une collection de chansons acadiennes recueillies par la pionnière des recherches ethnologiques en Nouvelle-Écosse, Helen Creighton. Le recueil sera accompagné d’informations biographiques sur les chanteurs, ainsi que d’un disque compact.

En tant que titulaire de la CREMEA, je participe en tant que co-chercheur au projet intitulé « Édition critique des oeuvres fondamentales de la littérature acadienne », un projet dirigé par le professeur Dennis Bourque au département d’études françaises et qui bénéficie d’une subvention importante du CRSHC. J’ai entrepris la préparation d’une édition critique de l’ouvrage intitulé L’école aux apparitions mystérieuses, paru en 1896.

Enfin, la CREMEA coordonne les activités d’un nouveau groupe de recherche à l’Université de Moncton, le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les traditions et la modernité (GRITEM). Le groupe bénéficie d’une subvention grâce à un programme spécial de financement des groupes de recherche à l’Université de Moncton. Ses activités aboutiront à la tenue d’un colloque à l’Université de Moncton sur le thème des traditions et la modernité.

Activités d’enseignement

J’ai dispensé deux nouveaux cours au département d’études françaises de l’Université de Moncton en 2006-2007. Le premier, « Ethnologie de l’Amérique française » fait un survol des études ethnologiques, alors que le second « Légendes et récits de croyance » est l’un de trois nouveaux cours à caractère thématique offerts au département. À l’automne 2007, je suis responsable du séminaire intitulé « Ethnolittérature acadienne », offert aux étudiants de 2e et de 3e cycle au département d’études françaises.

Diffusion de la recherche

Dans le cadre de la journée internationale des musées en mai 2007, j’ai prononcé au Musée acadien de l’Université de Moncton une conférence intitulée « Le patrimoine oral acadien. Un trésor culturel universel ». Dans le cadre de La Résistance des Marges, un colloque international qui s’est tenu à l’Université Sainte-Anne en août 2007, j’ai présenté une conférence intitulée « Une charrette qui a traversé l’océan. Les reflets de l’ankou breton dans la légende acadienne de la charrette de la mort ». Enfin, j’ai participé avec l’ethnomusicologue Jeanette Gallant au colloque international « Acadiens et Cajuns. Politique et culture de minorités ethniques en Amérique du Nord » qui s’est tenu au Centre d’études canadiennes, Université d’Innsbruck, en septembre 2007. Notre communication conjointe s’intitulait « La place occupée par la chanson traditionnelle française dans la musique acadienne contemporaine. Une adaptation difficile ».

Services à la communauté universitaire

En novembre 2006, j’ai rencontré Martin Fournier, le coordonnateur du projet d’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, afin de discuter de la participation acadienne dans ce projet. La CREMEA a depuis conseillé les responsables de l’Encyclopédie quant au contenu acadien et j’ai rédigé un texte intitulé « Le tintamarre, une nouvelle “tradition” en Acadie ».

Au début 2007, j’ai participé à une consultation menée par le doyen de la « School of Arts and Community Studies » à l’Université du Cap-Breton concernant le projet d’établissement d’un programme de maîtrise en « Heritage Studies » au sein de cette institution

À l’Université de Moncton, la CREMEA participe à la numérisation des collections des archives de folklore du Centre d’études acadiennes et une collaboration a été établie avec le CEA afin de faciliter la mise en application de nouvelles technologies dans le domaine des archives sonores.

Services à la collectivité

Pendant l’hiver 2007, j’ai présenté une chronique radiophonique hebdomadaire intitulée « Histoire d’une chanson » sur les ondes de Radio-Canada Atlantique. Cette chronique avait pour but de présenter l’évolution de la chanson traditionnelle acadienne d’une façon abordable par le grand public. En février 2007, j’ai également organisé une activité pédagogique entourant le conte traditionnel à l’école Champlain de Moncton. Il s’agit d’une initiative qui pourrait se poursuivre à l’avenir.

Perspectives d’avenir

Les perspectives de recherche qui s’offrent à la CREMEA sont nombreuses et prometteuses. D’abord, selon les résultats obtenus dans le projet « Mise en valeur des ressources culturelles franco-terreneuviennes », un modèle semblable pourrait être appliqué à plusieurs régions acadiennes. Le nouveau « Groupe de recherche interdisciplinaire sur les traditions et la modernité », qui vient d’entamer ses activités, promet aussi de stimuler de nouvelles recherches à l’Université de Moncton, où le domaine de l’ethnologie fait maintenant objet de travaux concertés.

Au cours des prochaines années, la CREMEA aura une présence continue au sein de l’important projet « Édition critique des oeuvres fondamentales de la littérature acadienne ». L’édition critique de L’école aux apparitions mystérieuses pourrait ainsi être suivie d’autres initiatives impliquant la Chaire.

Dans le domaine du conte traditionnel, un projet important pourra être mis en place impliquant des ethnologues au Canada, en France et en Louisiane. Des discussions initiales ont déjà eu lieu avec des spécialistes dans le domaine et le projet pourrait prendre forme au cours de la prochaine année.

Plusieurs ethnologues consacrent leurs efforts au domaine émergeant du patrimoine immatériel aujourd’hui et la CREMEA a de nombreux contacts avec les spécialistes de l’Université Laval, de l’Université du Cap-Breton, de l’Université Memorial de Terre-Neuve et de l’Université Sainte-Anne. Tous sont appelés à jouer un rôle dans le développement de ce domaine dont l’UNESCO fait aujourd’hui la promotion par la nouvelle Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. À l’extérieur du milieu universitaire, les contacts avec des groupes comme La nuit internationale du conte en Acadie (NICA) amènent aussi des collaborations fructueuses. À titre d’exemple, une figure de proue du renouveau du conte en France, Henri Gougaud, sera présent à l’Université de Moncton à l’automne, grâce à une collaboration avec la NICA. Enfin, un site internet consacré au CREMEA et à ses activités verra le jour pendant l’année 2007-2008, ce qui permettra d’informer les personnes s’intéressant aux activités de la chaire de façon continue.