Petit lexique des microformes journalistiques[Notice]

Dans cette bigarrure, évidemment l’onomastique tout comme la syntaxe sont trompeuses. En régime informatif, le personnage-clé serait le sujet de la phrase mis en valeur par le nom propre, par l’allitération en ch et par la longueur du titre en apposition. Ici, le noeud de l’épigramme n’est pas le sujet qui apparaît en clair et en premier, M. Roux, mais se trouve en fin de phrase, dans l’indétermination molle de la périphrase « auguste personnage ». L’épigramme joue sur le codage et la substitution. L’auguste personnage est, dans la tradition du théâtre classique, le roi. Par rétroaction, le sens figuré de l’ensemble de l’épigramme se dévoile. Le roi est dit devant être opéré de la cataracte car il est aveugle dans ses décisions politiques. Tout est métaphorique dans cette information qui ne renvoie à aucun fait précis, sinon de manière très décalée à la nomination du controversé ministre Polignac. Le comique de l’épigramme est que sa brièveté supplée à un long récit argumentatif ; elle fait travailler un lecteur attentif, très actif et donc complice. Le mot à trouver est Ham-Eau. À l’époque, Louis-Napoléon Bonaparte subissait alors au fort de Ham la peine d’emprisonnement prononcée par la Chambre des pairs. Durant l’année 1840, Le Charivari publie de fausses questions parlementaires qui sont en fait de vraies devinettes. Par exemple, on trouve celle-ci dans le Charivari du 13 janvier 1840 : On peut pour atténuer la fantaisie que Larousse donne au fait divers, ajouter quelques lignes de l’introduction d’Anne-Claude Ambroise-Rendu à son essai sur le fait divers : « Récit commun d’une vie partagée, avec ses aléas, ses péripéties burlesques et ses déboires, ses horreurs aussi, la colonne des faits divers peut être approchée comme la narration fragmentée mais continue du quotidien où communie toute une société par-delà ses multiples motifs de division. Si le spectaculaire est ainsi quotidiennement au rendez-vous, ce serait cependant à tort qu’on réduirait les faits divers aux seuls récits de crime dont le lecteur est certainement friand. Car ce sont, sans hiérarchisation de valeurs, tous les petits événements ordinaires de l’existence quotidienne qui font l’objet de cette élaboration narrative, dont la principale caractéristique est la diversité des faits relatés. » Avant de devenir un genre, le feuilleton a d’abord été un espace à remplir, une case que s’ouvrent Le Propagateur, Le Journal du commerce puis le Journal des débats le 8 pluviôse, an VIII. Le feuilleton est en fait né d’un « subterfuge fiscal ». L’innovation du feuilleton vient du fait que l’augmentation du format de la feuille de journal (et donc la création d’un espace supplémentaire en haut ou bas de page) du quarto traditionnel (11, 3 dm2) au petit in-folio (16,1 dm2) pouvait se faire sans augmentation du timbre de trois centimes ni de la taxe postale. De cette augmentation du format découle la création d’un nouvel espace indépendant au sein du journal. Les quotidiens adoptent plus ou moins rapidement ce nouvel espace : la Gazette de France en quelques mois, le Journal de Paris, le 1er octobre 1811 (il avait jusque-là privilégié un supplément feuilletonesque par encart), le Constitutionnel créé en 1815, seulement en 1832. Le logogriphe était un genre encore très prisé sous la monarchie de Juillet. On trouve ainsi dans la rubrique Agriculture-industrie-commerce de La Presse du 10 avril 1837 cette réclame qui est à lire en écho avec les nombreuses annonces pour le même produit parues dans la quatrième page des publicités :

Parties annexes