TY - JOUR ID - 1061908ar T1 - Charlot, une source d’inspiration pour Henri Michaux : de la figuration de mouvements à la subversion des genres littéraires A1 - Gillain, Nathalie JO - Études françaises VL - 55 IS - 2 SP - 95 EP - 113 SN - 0014-2085 Y1 - 2019 Y2 - 28 mars 2024 16:29 PB - Les Presses de l’Université de Montréal LA - FR AB - Henri Michaux compte parmi ces écrivains qui, au début du xxe siècle, refusent de reproduire aveuglément les codes génériques fixés par la tradition littéraire. Cependant, il ne croit pas en la possibilité d’écrire sans être influencé par ceux-ci ; ainsi, plutôt que de feindre l’oubli, l’écrivain prend le parti d’écrire contre les genres, c’est-à-dire de les attaquer, par les moyens conjugués de la déformation expressive et du court-circuitage. Cet article montre que Michaux élabore ces procédés en se donnant, comme horizon d’écriture, le rythme trépidant du slapstick américain et, plus particulièrement, les mouvements simples mais subversifs du personnage incarné par Charlie Chaplin. En analysant des extraits de ses premiers recueils (Plume, Mes propriétés, Ecuador) à la lumière d’articles sur le cinéma écrits peu avant, nous démontrons en effet que les stratégies énonciatives mises au point par Michaux pour déjouer la reproduction des genres littéraires sont inspirées par les gestes à la fois agressifs et indifférents que Charlot oppose aux conduites réglées par les conventions sociales. Dès 1924, l’écrivain partant en guerre contre les genres s’identifie au personnage de Chaplin et multiplie impassiblement, comme lui, les gestes d’agression envers les représentants de l’ordre. À l’image de Charlot, qui fait basculer d’un coup de pied le corps d’un agent de police, l’écrivain renverse les modèles génériques en prenant la littérature par-dessus la jambe et fait ainsi de la désinvolture, sinon de l’indifférence, sa marque de fabrique : il ne s’agit pas simplement d’écrire vite, pour traduire les mouvements du corps et de la matière pensante, mais aussi de porter atteinte aux modèles littéraires par un geste impulsif, qu’on peut assimiler à une rature. AB - Henri Michaux is among those writers who, at the beginning of the 20th century, refused to blindly reproduce the generic conventions established by literary tradition; however, it must be noted that he did not believe in writing without their influence. Thus, rather than pretending to disregard these conventions, Michaux decided to write against them, through the combined means of expressive deformation and short-circuiting. This article will show that Michaux’s development of these methods uses both the frantic rhythm of American slapstick and, more particularly, the simple yet subversive movements of Charlie Chaplin’s prominent character, Charlot. By analysing excerpts from his first collections (Plume, Mes propriétés, Ecuador), as well as his articles on cinema, we will demonstrate that Michaux devised strategies to thwart the reproduction of literary genres that were inspired by Charlot’s aggressive and indifferent gestures against social conventions. As early as 1924, the writer identified himself with Chaplin’s character and, impassively, not unlike Charlot, continued to increase his acts of aggression against convention and order. In the way Charlot literally knocks down a police officer with a kick, the author figuratively knocks down generic conventions, thus making facetiousness his trademark. DO - https://doi.org/10.7202/1061908ar UR - https://id.erudit.org/iderudit/1061908ar L1 - https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/2019-v55-n2-etudfr04745/1061908ar.pdf DP - Érudit: www.erudit.org DB - Érudit ER -