Nous publions ces deux lettres à partir de l’édition procurée par François-Léopold Marcou, Étude sur la vie et les oeuvres de Pellisson suivie d’une correspondance inédite du même, « thèse présentée à la Faculté des Lettres de Paris », Paris, Didier et A. Durand, 1859 (« Appendice au chapitre III. Quinze lettres de Pellisson à M. de Don[n]eville, conseiller au parlement de Toulouse », p. 439-485), où elles sont numérotées « X » (p. 463-468) et « XI » (p. 468-472). Elles n’ont jamais été republiées depuis. – Voici ce que François-Léopold Marcou nous apprend du correspondant de Pellisson : « Quant à M. de Don[n]eville, fils d’un président au parlement de Toulouse, conseiller lui-même et bientôt président, c’était un de ces jeunes magistrats, beaux, et, souvent, bons esprits. Celui-ci, pour dire le bien et le mal, aimait passionnément la littérature, de quelque part qu’elle vînt, de Pline le Jeune, de Térence ou de M. de Chauvart, poëte de Toulouse ; grand épistolier, il tremblait toujours de laisser échapper quelque négligence, et demandait pardon à son correspondant de la liberté grande. À Paris il fit des madrigaux aussi nombreux et aussi mauvais que tout autre habitué du salon de Mlle de Scudéry : une santé continuellement chancelante, excellent motif d’intérêt et source de vers galants et mélancoliques, lui donna ce je ne sais quoi d’achevé que lui enviaient sans doute les jeunes précieux fleuris et robustes. Malgré ces ridicules, il goûtait les anciens et écrivait sur eux d’excellentes choses, si l’on en croit le plaisir que Pellisson avait à le lire et à lui répondre. C’est lui qui souvent provoque par ses lectures et son admiration les lectures et les jugements de son ami » (p. 56). La première lettre, considérée par Bernard Beugnot comme le lieu d’une véritable « théorie » de la citation, est transcrite en intégralité. De la deuxième lettre, on donne l’extrait le plus significatif qui ressaisit en trois remarques le point de vue de Pellisson sur la rhétorique des citations vers 1650. Monsieur, Par votre lettre du 22 mars j’apprends que j’en ai perdu une autre avec le présent que vous me faisiez de l’Énéide en gascon, duquel je ne vous suis pas moins obligé que si je l’avais reçu, et vous en rends mille grâces très-humbles. Je vous supplie de croire qu’en cette perte je regrette la lettre plus que le livre, eût-il été le meilleur du monde. Je savais pourtant bien qu’il ne l’était pas, en ayant lu autrefois une partie, et je vous l’avais demandé moins pour moi que pour autrui, moins comme une bonne chose que comme une chose curieuse en ce pays où l’on considère des vers gascons comme l’on considérait autrefois à Rome ceux qu’Ovide fit dans son exil en la langue des Gètes, et dont il parle en quelque endroit de ses Tristes. Je suis bien aise que M. de Fondamente vous ai fait part des nouveautés que j’avais envoyées à Castres ; vous les auriez reçues de moi, si je n’eusse appréhendé de vous écrire trop souvent ou de vous les envoyer sans vous écrire. J’attends maintenant qu’on m’en apporte quelques-unes pour les enfermer dans ce paquet ; mais je ne sais encore s’il y en aura beaucoup et si elles seront bonnes ou mauvaises. Je suis de votre avis sur les deux sonnets héroïques-burlesques de Scarron, et plus encore sur la Secchia rapita qui a été son modèle et qui me plaît infiniment, aussi bien qu’à vous. Il y a six ans que je ne l’ai lue ; mais je n’oublierai jamais …
Deux lettres de Paul Pellisson à M. de Donneville, conseiller au parlement de Toulouse
L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.
Options d’accès :
via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.
via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.
Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.
Options d’accès
