Corps de l’article

Qu’on me permette d’abord de mentionner les aspects de ma collaboration avec Patrick Plumet qui m’ont touché de façon intime. J’enseignais au Collège Sainte-Marie quand celui-ci est devenu d’office partie du réseau de l’Université du Québec, créé en 1969. J’avais à ce moment terminé la scolarité d’un doctorat en archéologie préhistorique à la Sorbonne, avec l’art rupestre comme sujet de thèse. On m’a donc rattaché à la section d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).

Certains collègues ont entamé à ce moment des intrigues visant à remplacer deux membres de cette section par des copains. Patrick a réagi avec vigueur contre ce genre de procédés. Finalement, un des intéressés a réagi en trouvant un poste à l’Université de Montréal, tandis que notre directeur de département, qui penchait dans le même sens que Patrick, me faisait discrètement signer une demande de congé pour terminer ma thèse de doctorat. Entre-temps, Patrick avait créé le Laboratoire d’archéologie, qui fut l’occasion d’une fructueuse et loyale collaboration entre nous, et un milieu propice aux recherches, attirant chargés de cours et étudiants. Son rattachement au département de Géologie et des Sciences de l’atmosphère rétablit une tranquillité propice au travail.

C’est alors que Claire Mousseau, du ministère des Affaires culturelles du Québec, sollicita l’aide du Laboratoire d’archéologie de l’UQÀM pour organiser une école de fouilles à Grandes-Bergeronnes, sur la Haute-Côte-Nord, où plusieurs sites préhistoriques amérindiens étaient menacés par l’érosion. Grâce à l’entregent de Patrick et à ses talents d’organisateur, l’École de fouilles de l’UQAM devint un lieu de collaboration entre disciplines: archéologie, géologie, palynologie, datations, vestiges végétaux, restes osseux, etc. Des collègues de l’Université de Montréal, Normand Clermont et Claude Chapdelaine, apportèrent leur expérience des sites amérindiens, en particulier celui de Pointe-du-Buisson, dans l’analyse des vestiges céramiques de la région des Bergeronnes. Nos collègues des Sciences de la terre, Gilbert Prichonnet et Robert-André Daigneault, assumèrent l’établissement de la carte géologique de la région, tandis qu’Hélène Gauvin et Marie-France Archambault dirigeaient des fouilles complétant celles de Grandes-Bergeronnes à Tadoussac et à Baie Sainte-Catherine. Marie-France Archambault avait déjà réalisé une évaluation du site de la Falaise, entamé par l’érosion, dont je devais, avec l’aide de Serge Lebel pour la partie ouest, m’occuper après le lancement des travaux du site Lavoie, que Patrick puis Jean-François Moreau, ont dirigé. Je dois aussi mentionner la participation de deux spécialistes en palynologie, Pierre Richard et Pierre Gangloff, du département de Géographie de l’Université de Montréal, ainsi que celle d’Alayn Larouche, pour l’analyse des restes végétaux. L’Ostéothèque de Montréal, logée à l’époque dans les locaux de notre Laboratoire d’archéologie, réalisa l’analyse des vestiges osseux animaux sous la direction de Michèle Courtemanche.

Ces recherches et cette collaboration entre institutions[1] se sont déroulées de façon harmonieuse grâce au talent de Patrick Plumet pour l’organisation des rapports humains où les compétences de chaque spécialiste étaient à la fois reconnues et utilisées au mieux. Patrick a également lancé, en marge de la création du Laboratoire d’archéologie, la publication de Paléo-Québec, qui traitait aussi bien d’archéologie arctique que de la préhistoire du Québec en général. On y retrouve comme auteurs plusieurs universitaires québécois.

En guise de conclusion, on pourrait ajouter que le dynamisme et l’apport scientifique de Patrick Plumet ont honoré l’archéologie québécoise, et que ce fut pour moi un honneur de compter parmi ses collaborateurs.