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DUPRÉ, Florence

2014 La fabrique des parentés. Enjeux électifs, pratiques relationnelles et productions symboliques chez les Inuit des îles Belcher (Nunavut, Arctique canadien), Ph.D., Université Laval, Québec.

Cette thèse est une contribution à l’étude des relations de parenté inuit. Elle présente une ethnographie et une analyse des pratiques relationnelles contemporaines dans le village arctique de Sanikiluaq (Nunavut). Elle vise plus particulièrement à comprendre le processus de production, de pratique et d’interruption du lien de parenté dans une communauté travaillée par le contexte sociohistorique des sociétés inuit canadiennes du début du XXIe siècle; elle met ainsi en regard le contexte historique de l’archipel des îles Belcher, les enjeux électifs travaillant les pratiques relationnelles contemporaines et les identités de leurs acteurs pour accéder à une compréhension du sens de la parenté inuit refusant de postuler la flexibilité de l’organisation sociale comme une réponse culturelle satisfaisante à la question de la nature de la parenté. Sur le fond du contexte historique ayant déterminé la formation récente du village de Sanikiluaq, la première partie (chapitres 2 et 3) retrace les évolutions des pratiques relationnelles au cours du XXe siècle et s’attache à identifier les principaux enjeux déterminant aujourd’hui l’élection parentale. La deuxième partie (chapitres 4 et 5) est consacrée à une ethnographie et à une analyse de la fabrique des parentés dans neuf fratries qikirtamiut (c.-à-d. des îles Belcher) contemporaines; elle travaille le rapport entre les enjeux électifs contemporains, la production du lien de parenté et le vécu effectif de la relation autour des trois registres d’appartenance parentale structurant les pratiques et les théories culturelles concernées: la généalogie, l’identité et le quotidien. La troisième et dernière partie (chapitres 6 et 7) poursuit l’analyse dans des lieux et des milieux mobilisant l’image de la personne et de la relation pour produire, dire et pratiquer le lien. Elle aborde les pratiques relationnelles sur les sites Internet de réseaux sociaux, l’utilisation des photographies de famille, ainsi que plusieurs catégories de marquage qui, du tatouage au dessin, participent de pratiques d’identification impliquant l’identité ontologique à la base de la relation de parenté. La thèse propose ainsi une approche de la parenté inuit articulant processus électifs, pratiques relationnelles et productions symboliques dans le contexte arctique du début du XXIe siècle.

Kinship choices. Strategies, relational practices, and symbolic productions among the Inuit of the Belcher Islands (Nunavut, Canadian Arctic), Ph.D., Université Laval, Quebec City.

This doctoral dissertation is a contribution to the study of Inuit kinship. It presents an ethnography and analysis of contemporary kinship practices in the Arctic village of Sanikiluaq (Nunavut). The specific aim is to understand how kinship ties are produced, practised, and severed in a community that historically and socially has much in common with other Canadian Inuit societies of the early 21st century. The text thus covers the history of the Belcher Islands, the strategies currently used to establish kinship ties, and the kin identities of the people involved. The aim, here, is to understand the meaning of Inuit kinship without having to fall back on the flexibility of social organization to provide a satisfactory answer. After describing the historical backdrop to the recent formation of the village of Sanikiluaq, the first part (chapters 2 and 3) retraces the development of kinship practices during the 20th century and identifies the main strategies behind present-day kinship choices, e.g., choosing a mate, a godmother, a godfather, or a namesake for a newborn child. The second part (chapters 4 and 5) provides an ethnography and analysis of kinship choices in nine groups of siblings who are contemporary Qikirtamiut (i.e., Inuit of the Belcher Islands). It addresses how kinship strategies, production of kinship ties, and the actual kinship experience interrelate in terms of three factors that structure the practices and cultural theories under discussion: genealogy, identity, and daily life. The third and last part (chapters 6 and 7) pursues this analysis in places and settings where images of oneself and one’s kin group are used as means to produce, convey, and practise kinship. Topics include kinship practices on social networking websites, use of family photos, and several categories of tagging, which range from tattooing to drawing, that help people to identify themselves to others via the ontological identity that underlies their kinship ties. In sum, this dissertation describes Inuit kinship by showing how strategy processes, day-to-day practices, and forms of symbolic production relate to each other in the Arctic of the early 21st century.

DUVICQ, Nelly

2015 Les écrits du Nunavik depuis 1959: problématiques et conditions d’émergence d’une littérature inuit, Ph.D., Université du Québec à Montréal, Montréal, 426 pages.

Jusqu’à l’arrivée des missionnaires dans l’Arctique à la fin du XVIIIe siècle, les Inuit formaient une société «sans écriture». Ils avaient néanmoins développé une littérature orale riche, variée et complexe. Depuis maintenant une soixantaine d’années, les Inuit du Canada ont pris la plume, et l’écriture est devenue un autre moyen de conserver leur histoire. Dans les années 1980, Robin McGrath publie ses travaux de recherche (thèse et bibliographie) dans lesquels elle démontre l’existence d’une littérature inuit écrite au Canada. Mon projet de thèse s’inscrit dans le chemin balisé par McGrath, mais analyse les productions de la région arctique du Québec seulement, le Nunavik. Héritière de la tradition ancienne, s’appropriant des langues et des formes venues de l’extérieur, la littérature écrite du Nunavik vient transcender sous une forme inédite la littérature orale depuis longtemps instituée. Depuis que les gouvernements du Canada et du Québec administrent le Nord du Québec et y ont ouvert des écoles dans les années 1960, des textes épars se publient ici et là; certains restent dans l’obscurité d’une boîte, d’autres sont édités dans des revues ou encore sous forme de monographies. Jusqu’à nos jours, une quantité substantielle de textes (plus de 300) ont été publiés, mais ils sont peu connus du grand public ou de la communauté inuit elle-même. Le corpus retenu est trilingue (inuktitut, anglais et français) et regroupe des extraits de périodiques, des romans, de la poésie, des contes, des nouvelles, des essais, mais aussi des textes appartenant à la littérature de scène comme la chanson ou la poésie performée (spoken word) et, enfin, des scénarios de films. L’observation, diachronique et synchronique, du fait littéraire inuit permettra ici d’analyser le processus de son autonomisation et de sa légitimation, si tant est qu’il soit possible de prouver leur existence. Suivant les principes de l’histoire littéraire, cette étude tente de faire la lumière sur la constitution des écrits du Nunavik en une littérature émergente et de déterminer les enjeux littéraires, culturels et idéologiques qui la soutiennent.

Nunavik writings since 1959: issues facing Inuit literature and conditions for its emergence, Ph.D., Université du Québec à Montréal, Montreal, 426 pages.

Until missionaries arrived in the Arctic in the late 18th century, the Inuit formed a “pre-literate” society. They had nonetheless developed a rich, diverse, and complex oral literature. For about 60 years now, Canadian Inuit have been writing, and writing has become another means of preserving their history. In the 1980s, Robin McGrath published her research work (dissertation and bibliography), in which she showed the existence of Canadian-written Inuit literature. My dissertation proposal is in line with McGrath’s work, but analyzes literary output only from Quebec’s Arctic region, Nunavik. The written literature of Nunavik is heir to an ancient tradition and has borrowed from languages and forms that have come from elsewhere. It is transcending the long-established oral literature and has given it a new form. Ever since the Canadian and Quebec governments began to administer Northern Quebec and opened schools there in the 1960s, scattered texts have been published here and there. Some have remained in the darkness of a box. Others have been published in journals or as monographs. To date, a substantial quantity of texts (over 300) have been published, but they are poorly known to the public at large and the Inuit community itself. The selected corpus is trilingual (Inuktitut, English, and French) and encompasses extracts from periodicals, novels, poetry, tales, short stories, essays, and also texts from the performing arts like songs or performance poetry (spoken word) and, finally, movie scripts. By observing Inuit literary creation over time and at single points in time, it is possible to analyze how it has become empowered and legitimized, to the extent that both processes can be shown to exist. Following the principles of literary history, this study attempts to shed light on the development of Nunavik writings as an emerging literature and determine the underlying literary, cultural, and ideological issues.

FABBI, Nadine C.

2015 Inuit Nunaat as an Emerging Region in Area Studies: Building an Arctic Studies Program South of the Tree Line, Ph.D., University of British Columbia, Vancouver, 210 pages.

This dissertation addresses the emergence of the Arctic as a distinct world region and actor in international geopolitics and what this means for the field of area studies. I ask how the Arctic fits into the established field of area studies and how the unique characteristics of the region—as defined by Arctic Indigenous peoples— challenge Western understandings of what constitutes a global region, including how we understand territory, sovereignty, and the relationship between space and social justice. To answer this question I analyze how the Arctic region maps onto the preexisting geographies of sovereignty, as held by the U.S. Title VI program. In the United States the field of area studies has been significantly influenced by the Department of Defense and later the Department of Education via the Title VI grant program. Title VI provides grants to support area and international studies and foreign languages at colleges and universities across the country. The program has traditionally defined world regions based on the nation-state model, and it identifies important areas of the world as those critical to U.S. interests. In order to answer how the particular characteristics of the Arctic, specifically Indigenous worldviews, challenge and broaden current understandings of area studies, I first seek to understand the Arctic from a northern perspective. How do the Inuit in Canada and internationally define their homeland, and what is the relevance of Inuit Nunangat (Inuit territory in Canada) and Inuit Nunaat (Inuit homeland internationally) to domestic and international relations? Next, I explore how Inuit concepts of territory further the voice and self-determination of the Inuit. Finally, I conduct an analytic autoethnography of the Arctic studies initiative at the University of Washington, culminating in the inclusion of the Arctic as a distinct world region in the Canadian Studies Center’s 2014 Title VI grant proposal. I argue that understanding the Arctic as a global actor—via the lens of new thinking in international relations theory, theories of social justice, and Inuit concepts of space—has the potential to reconfigure area studies in higher education to more effectively address 21st century global challenges.

Le Inuit Nunaat, une région en émergence dans les études régionales. Élaborer un programme en études arctiques au sud de la limite des arbres, Ph.D., University of British Columbia, Vancouver, 210 pages.

Cette thèse porte sur l’émergence de l’Arctique en tant que région du monde distincte et en tant que protagoniste de la géopolitique internationale, et sur ce que cela signifie pour le champ des études régionales. J’interroge l’inscription de l’Arctique dans le champ bien établi des études régionales et la façon dont les caractéristiques uniques de la région – telles que définies par les peuples autochtones de l’Arctique – contredisent les conceptions occidentales de ce qui constitue une région du monde, y compris la façon dont nous comprenons le territoire, la souveraineté et la relation entre espace et justice sociale. Pour répondre à cette question, j’analyse la façon dont la cartographie des régions arctiques recoupe la géographie des souverainetés préexistantes telles que les définit le «Programme de l’Article VI» issu de la Loi sur les droits civiques américaine. Aux États-Unis, le champ des études régionales a été considérablement influencé par le Département de la Défense et, plus tard, par le Département de l’Éducation par l’intermédiaire du programme de subventions de l’Article VI. Celui-ci accorde des subventions de recherches dans le domaine des études régionales et internationales ainsi qu’en langues étrangères dans les universités de tout le pays. Ce programme a toujours défini les régions du monde en se basant sur le modèle de l’État nation et il identifie d’importantes régions du monde comme étant essentielles aux intérêts américains. Afin de savoir en quoi les caractéristiques particulières de l’Arctique, en particulier les visions du monde autochtones, contredisent et élargissent la façon dont on conçoit actuellement les études régionales, je cherche tout d’abord à comprendre l’Arctique d’un point de vue nordique. Comment les Inuit du Canada et d’ailleurs définissent-ils leur patrie, et quelle est la pertinence du Inuit Nunangat (le territoire inuit au Canada) et du Inuit Nunaat (le territoire inuit international) pour ce qui est des relations nationales et internationales? Ensuite, j’explore la façon dont les concepts inuit du territoire donnent une voix aux Inuit et renforcent leur autodétermination. Enfin, je conduis une auto-ethnographie analytique de l’initiative en études arctiques du Canadian Studies Center de Washington University, qui culmine avec l’inclusion de l’Arctique en tant que région du monde distincte dans sa demande de subvention de 2014, au programme de l’Article VI. J’avance que le fait de comprendre l’Arctique comme un protagoniste mondial – au prisme d’une nouvelle façon de penser la théorie des relations internationales, les théories de la justice sociale et les concepts inuit de l’espace – peut permettre de reconfigurer les études régionales dans l’enseignement supérieur afin de répondre plus efficacement aux défis mondiaux du XXIe siècle.

JULL, Janet

2014 Cultural Adaptation of a Shared Decision-Making Intervention to Address the Needs of First Nations, Métis and Inuit Women, Ph.D., University of Ottawa, Ottawa, 230 pages.

Little is known about shared decision-making (SDM) interventions with Aboriginal Peoples. To explore Aboriginal women’s SDM needs and engage Aboriginal women in culturally adapting an SDM approach, three studies were guided by an advisory group, an ethical framework, and a postcolonial theoretical lens: 1) a systematic review of the literature to identify health decision-making interventions to support Indigenous peoples; 2) an interpretive, descriptive qualitative study using individual interviews with Aboriginal women to explore decision-making needs; and 3) an interpretive, descriptive qualitative study to culturally adapt and usability-test the Ottawa Personal Decision Guide (OPDG) to support decision making by Aboriginal women. The results were as follows. 1). The only eligible intervention study was a randomized control trial conducted in the United States with 44 Indigenous students. Compared to baseline, post-intervention students demonstrated increased knowledge and use of a four-step decision-making process. 2). Interviews with 13 Aboriginal women supported SDM. Shared decision-making needs were represented by four major themes and presented in a Medicine Wheel framework: to be an active participant; to feel safe with care; engagement in the decision process; personal beliefs and community values. Support for each of the major themes focused on the relational nature of shared decision-making. 3) Aboriginal women participated in two focus groups (n=13) or usability interviews with decision coaching (n=6). For culturally adapting the OPDG, seven themes were identified: “This paper makes it hard for me to show that I am capable of making decisions”; “I am responsible for my decisions”; “My past and current experiences affect the way I make decisions”; “People need to talk with people”; “I need to fully participate in making my decisions”; “I need to explore my decision in a meaningful way”; “I need respect for my traditional learning and communication style”. Conclusions: There is little evidence on SDM interventions with Indigenous peoples. Although Aboriginal women support SDM, they may have unmet decision-making needs. The OPDG was culturally adapted to be combined with decision coaching and needs to be evaluated.

Adaptation culturelle d’une intervention en prise de decision partagée pour répondre aux besoins des femmes des Premières Nations, métisses et inuit, Ph.D., University of Ottawa, Ottawa, 230 pages.

On sait peu de choses des interventions en prises de décision partagées (PDP) avec les peuples autochtones. Afin d’explorer les besoins en PDP des femmes autochtones et de les inciter à adapter culturellement l’approche PDP, trois études ont été menées, guidées par un groupe conseil, un cadre éthique et une lentille théorique postcoloniale: 1) un passage en revue systématique des travaux sur le sujet pour identifier les interventions en prises de décision dans le domaine de la santé pour soutenir les peuples autochtones; 2) une étude qualitative, descriptive et interprétative à partir d’entrevues individuelles avec des femmes autochtones pour explorer leurs besoins décisionnels; et 3) une étude qualitative, descriptive et interprétative pour adapter culturellement et vérifier les possibilités d’utilisation du Guide personnel d’aide à la décision – Ottawa (GPDO) dans l’aide à la prise de décision des femmes autochtones. Les résultats ont été les suivants: 1) la seule étude d’intervention éligible était un essai randomisé contrôlé mené aux États-Unis avec 44 étudiants autochtones. Comparativement aux référentiels de base, les étudiants, après l’intervention, ont démontré des connaissances accrues et la capacité d’utiliser le processus de prise de décision en quatre étapes. 2) Des entrevues avec 13 femmes autochtones ont confirmé la PDP. Les besoins en prises de décision partagées ont été représentés par quatre thèmes majeurs et présentés dans le cadre d’une roue de médecine: être une participante active; avoir confiance dans les soins; s’engager dans le processus de décision; croyances personnelles et valeurs communautaires. Ces thèmes majeurs étaient soutenus en mettant l’accent sur la nature relationnelle de la prise de décision partagée. 3) Des femmes autochtones ont participé à deux groupes de discussion (n=13) ou entrevues d’utilité avec un conseil en décision (n=6). Pour adapter culturellement le GPDO, sept thèmes ont été identifiés: «Ce guide me rend difficile de montrer que je suis capable de prendre des décisions»; «je suis responsable de mes décisions»; «mes expériences actuelles et passées affectent la façon dont je prends des décisions»; «les gens ont besoin de parler entre eux»; «je dois participer pleinement à mes prises de décisions»; «j’ai besoin d’explorer ma décision de manière significative»; «j’ai besoin qu’on respecte mon apprentissage traditionnel et mon style de communication». Conclusions: il y a peu d’indications d’interventions en PDP avec les peuples autochtones. Bien que les femmes autochtones soient favorables à la PDP, il se peut que certains de leurs besoins en prise de décision n’aient pas été abordés. Le GPDO était culturellement adapté pour être combiné avec les conseils en décision et les besoins à évaluer.

KESTIN VAN DEN SCOTT, Lisa-Jo

2015 Geographies of Knowledge and Identity: Everyday Lived Experience and Features of the Home, Community, and Land, in a Post-nomadic Arctic Hamlet, Ph.D., Northwestern University, Evanston, 374 pages.

Since the earliest days of the discipline, sociologists have been preoccupied with the dislocation and disorientation that comes with sudden social change, particularly that bundle of changes called modernization. A particular type of anomie occurs when nomadic groups are forced off the land and compelled to settle in one place. Under such circumstances groups often attempt to maintain their cultural identity by combining traditional and new (often imposed) elements as a form of resistance to the new environment and to mainstream, Western society. This dissertation takes the Inuit of Arviat, a hamlet in Northern Canada, as a case study for the examination of identity reconstruction via cultural hybridization. It finds a consistent motif of this reconstruction is the merging of elements from the past when living depended on mastery of a harsh environment (being “on the land”) with elements from the present settled lives (being “in the town”). For many Aboriginal groups, including the Inuit, the land is a locus of traditional knowledge and pride. Maintaining the symbolic ties to the land, although the nomadic period ended a half-century ago, is essential to the Arviat Inuit’s collective representation of themselves as a distinct people. With traditional knowledge located in the land, the boundary work which a marginalized group must perform to assert a distinct identity from mainstream Western culture must, therefore, involve a performance of culturally-specific knowledge. Through ethnography, 50 formal in-depth, semi-structured interviews, and photography, I analyze power and place, and knowledge and identity, in Arviat, a built environment that represents colonization and the anomie of relocation to within walls. Displaced groups are not merely victims of their built environment and the historical or colonial power dynamics enforced by that environment. Displaced groups do not merely accept Western scripts with the result that their culture disappears. People engage with things. Interact. Resist. How space is organized contributes to the power of some groups over others and yet the Inuit enact strategies to maintain a distinct cultural identity.

Géographies du savoir et de l’identité. Vécu quotidien et caractéristiques du foyer, de la communauté et du territoire dans un hameau post-nomade de l’Arctique, Ph.D., Northwestern University, Evanston, 374 pages.

Dès les débuts de la discipline, les sociologues se sont préoccupés des ruptures et de la désorientation qui se produisent lors des changements sociaux abrupts, en particulier dans le cas de ce faisceau de changements qu’on appelle modernisation. Il se produit un type particulier d’anomie lorsque des groupes nomades sont contraints de quitter leurs terres et de se fixer en un lieu précis. Dans de telles circonstances, les groupes s’efforcent souvent de conserver leur identité culturelle en combinant éléments traditionnels et éléments nouveaux (souvent imposés) en une forme de résistance au nouvel environnement et à la société canadienne dominante. Cette thèse prend les Inuit d’Arviat, un hameau du nord du Canada, comme étude de cas pour examiner la reconstruction identitaire par le biais de l’hybridation culturelle. Elle découvre que l’un des motifs constants de cette reconstruction est celui de la fusion d’éléments du passé, lorsque la vie dépendait de la maîtrise d’un environnement rude (être «sur le territoire»), avec des éléments de la vie sédentaire du présent (être «au village»). Pour de nombreux groupes autochtones, y compris les Inuit, l’environnement naturel est le lieu par excellence du savoir traditionnel et de la fierté. Le fait d’entretenir des liens symboliques avec le territoire, bien que le nomadisme ait pris fin il y a un demi-siècle, est essentiel pour les Inuit d’Arviat et la représentation collective qu’ils se font d’eux-mêmes en tant que peuple distinct. Le savoir traditionnel étant localisé dans le territoire, le travail sur les frontières que doit réaliser un groupe marginalisé pour affirmer son identité distincte vis-à-vis de la culture occidentale dominante doit, par conséquent, impliquer la performance d’un savoir culturel spécifique. Au moyen de l’ethnographie – avec 50 entrevues en profondeur semi-structurées – et de la photographie, j’analyse le pouvoir et le lieu, et le savoir et l’identité, à Arviat, un environnement construit qui représente la colonisation et l’anomie d’une relocalisation dans des bâtiments. Les groupes déplacés ne sont pas seulement victimes de leur environnement construit et des dynamiques de pouvoir historique ou colonial qu’impose cet environnement. Ils ne se contentent pas d’accepter tout simplement les scénarios occidentaux et leur aboutissement, la disparition de leur culture. Les gens affrontent les choses. Interagissent. Résistent. La façon dont l’espace est organisé contribue à conférer à certains groupes davantage de pouvoir sur les autres et cependant les Inuit mettent en oeuvre des stratégies afin de conserver une identité culturelle distincte.

MAIRE, Aurélie

2015 «Dessiner, c'est parler». Pratiques figuratives, représentations symboliques et enjeux socioculturels des arts graphiques inuit au Nunavut (Arctique canadien), Ph.D., Université Laval, Québec.

Cette recherche doctorale examine les pratiques figuratives, les représentations symboliques et les enjeux socioculturels des arts graphiques inuit dans les communautés de Kinngait (Cape Dorset) et de Pangniqtuuq (Pangnirtung) au Nunavut (Arctique canadien). Les notions de dessin (titiqtugaq-) et de parole (uqaq-) se placent au centre de la démarche qui est guidée par une approche interdisciplinaire, dans la perspective d’une ethnohistoire de l’art du dessin inuit. Trois parties structurent la démonstration. La première explore les configurations de la pensée inuit associées aux concepts d’art graphique, de représentation visuelle et de créateur, à partir de leur expression linguistique (chapitre II). Puis une ethnographie de la scène artistique locale présente le dessin et les activités socioéconomiques qui lui sont associées autour de la question du statut de l’artiste (chapitres III et IV). La deuxième partie envisage la figuration en rapport à la parole, à partir de la cosmogénèse et des techniques graphiques anciennes (chapitre V). Elle s’intéresse ensuite aux interactions entre le dessin et la parole sur un plan symbolique: dans le dessin, les pensées et les mots sont mis en actes (chapitres VI et VII). La dernière partie de la thèse définit l’art comme un élément de la dynamique socioculturelle et politique des Nunavummiut. Le recours au dessin dans le cadre de projets communautaires est étudié à partir d’exemples récents (chapitre VIII), avant d’être replacé au centre des dynamiques relationnelles et des échanges socio-cosmiques dans une dimension ontologique (chapitre IX).

“Drawing is like speaking.” Figurative practices, symbolic representations, and socio- cultural issues specific to Inuit graphic arts in Nunavut (Canadian Arctic), Ph.D., Université Laval, Quebec City.

This doctoral research examines figurative practices, symbolic representations and socio-cultural issues specific to Inuit graphic arts in the communities of Kinngait (Cape Dorset) and Pangniqtuuq (Pangnirtung) in Nunavut (the Canadian Arctic). The notions of drawing (titiqtugaq-) and speech (uqaq-) are central to this dissertation, which is guided by an interdisciplinary approach from the perspective of the ethno-history of Inuit drawing. The dissertation is organized into three parts. The first part explores the configurations of Inuit thought associated with the concepts of graphic arts, of visual representation and of creator, through their linguistic expression (Chapter II). In addition, an ethnography of the local art scene presents drawing and associated socio-economic activities in connection with the status of the artist (Chapters III and IV). The second part looks at figuration in relation to speech, with respect to cosmogenesis and ancient graphic techniques (Chapter V). The second part then looks at the interactions between drawing and speaking from a symbolic perspective: through drawing, thoughts and words are put into action (Chapters VI and VII). The last part of the dissertation continues the analysis by defining art as part of the socio-cultural and political dynamics of the Nunavummiut. Recourse to drawing, as a community project, is studied with reference to recent examples (Chapter VIII), prior to being placed, within an ontological dimension, at the centre of relational dynamics and socio-cosmic exchanges (Chapter IX).

McDERMOTT, Noel K.

2015 Unikkaaqtuat: Traditional Inuit Stories, Ph.D., Queen’s University, Kingston, 365 pages.

Commentary on Inuit language, culture, and traditions, has a long history, stretching at least as far back as 1576 when Martin Frobisher encountered Inuit on the southern shores of Baffin Island. The overwhelming majority of this vast collection of observations has been made by non-Inuit, many of whom spent limited time getting acquainted with the customs and history of their objects of study. It is not surprising, therefore, that the lack of Inuit voice in all this literature raises serious questions about the credibility of the descriptions and the validity of the information. The Unikkaaqtuat: Traditional Inuit Stories project is presented in complete opposition to this trend and endeavours to foreground the stories, opinions, and beliefs of Inuit, as told by them. The unikkaaqtuat were recorded and translated by professional Inuit translators over a five-day period before an audience of Inuit students at Nunavut Arctic College, Iqaluit, Nunavut in October 2001. Eight Inuit elders from five different Nunavut communities told stories, discussed possible meanings, and offered reflections on a broad range of Inuit customs and beliefs. What emerges, therefore, is not only a collection of stories, but also a substantial body of knowledge about Inuit by Inuit, without the intervention of other voices. Editorial commentary is intentionally confined to correction of spellings and redundant repetitions. A detailed account of the editing process highlights some of the problems of translating from Inuktitut to English. This is followed by a discussion on the possibility of developing a theory of Inuit literature, based on remarks about unikkaaqtuat made by the elders. The appendices provide background information on the subject of traditional stories and the development of Inuktitut in written form.

Unikkaaqtuat. Histoires traditionnelles des Inuit, Ph.D., Queen’s University, Kingston, 365 pages.

Les commentaires sur la langue, la culture et les traditions inuit ont une longue histoire, qui remonte au moins aussi loin que l’année 1576, lorsque Martin Frobisher a rencontré des Inuit sur la côte sud de l’île de Baffin. L’immense majorité de cette vaste collection d’observations a été faite par des non-Inuit, et beaucoup d’entre eux n’avaient passé que peu de temps à se familiariser avec les coutumes et l’histoire de leurs objets d’étude. Il n’est donc pas étonnant que l’absence de voix inuit dans toute cette littérature soulève de sérieux doutes quant à la crédibilité de ces descriptions et à la validité de l’information. Le projet Unikkaaqtuat. Histoires traditionnelles des Inuit se présente en complète opposition à cette tendance et s’efforce de mettre au premier plan les histoires, les opinions et les croyances des Inuit telles qu’ils les racontent eux-mêmes. Les unikkaaqtuat ont été enregistrés et traduits par des traducteurs inuit professionnels sur une période de cinq jours avant une session devant des étudiants inuit au Nunavut Arctic College à Iqaluit, Nunavut, en octobre 2001. Huit aînés inuit de cinq communautés différentes du Nunavut ont raconté des histoires, discuté de leurs sens possibles et proposé des réflexions au sujet d’un grand éventail de coutumes et de croyances inuit. Par conséquent, ce qui en résulte n’est pas seulement un recueil d’histoires, mais aussi un corpus substantiel de connaissances des Inuit au sujet des Inuit, sans l’intervention d’autres voix. Le commentaire éditorial se cantonne intentionnellement à la correction de l’orthographe et à la suppression des répétitions. Un compte-rendu détaillé de ce processus éditorial souligne quelques-uns des problèmes de traduction de l’inuktitut à l’anglais. Cela est suivi d’une discussion sur la possibilité d’élaborer une théorie de la littérature inuit à partir des remarques formulées par les aînés au sujet des unikkaaqtuat. Les annexes fournissent des informations contextuelles au sujet des histoires traditionnelles et du développement de l’inuktitut sous sa forme écrite.

McGREGOR, Heather Elizabeth

2015 Decolonizing the Nunavut School System: Stories in a River of Time, Ph.D., University of British Columbia, Vancouver, 336 pages.

This research explores the recent history of educational change in Nunavut’s public school system, primarily between the years 2000 and 2013. During this time, decision makers mandated that schools deliver programs in accordance with Inuit foundations of knowledge, values, and ways of being. I show how new school system initiatives were largely informed by long-term Nunavut educators—Inuit and non-Inuit—as well as Elders and Inuit knowledge holders, whose perspectives reach into the remembered past and towards an imagined future. My inquiry centres on in-depth interviews with Cathy McGregor, an educational leader who carries 40 years of experience North of 60° and was responsible for facilitating many recent curriculum, policy, and leadership changes. Cathy is also my mother. Illuminated by her memories and vision, materials developed for the Nunavut school system, and my own research journey, I examine processes of bringing knowledge from and about the past forward in educational change. I describe three sites as demonstrating decolonization: 1) the role of Inuit Elders in the school system, including full-time Elder Advisors; 2) processes of curriculum development based on Inuit Qaujimajatuqangit; and, 3) an annual leadership development workshop facilitating history education. Building on these stories of change, I work towards theorizing two concepts, and the relationship between them, in the context of the Nunavut school system: decolonizing and knowing with historical consciousness. I find the sustainability of change in this context is elusive and challenging. Educators are unlikely to reach a stable moment of fulfillment wherein they hold sufficient knowledge of the context, or where the institution of schooling is decolonized. Using the metaphor of a river melting in spring throughout the dissertation, I find it is unsettling to acknowledge that time constantly slips away, that what was done before may no longer be relevant or possible now. However, knowledge from and about the past may serve educators by illustrating that knowing is always conditioned by place, time, identity, and relationships; therefore, knowledge can, and must, be remade. I argue that this warrants practices of continuously and recursively revisiting what is called for in Nunavut schools, to support educational change towards decolonization.

Décoloniser le système scolaire du Nunavut. Histoires dans une rivière du temps, Ph.D., University of British Columbia, Vancouver, 336 pages.

Cette recherche explore l’histoire récente des changements dans l’enseignement dans le système scolaire public du Nunavut, surtout entre les années 2000 et 2013. Durant cette période, les décideurs ont demandé aux écoles de mettre en application des programmes en accord avec les fondements de la connaissance, des valeurs et des façons d’être des Inuit. Je montre en quoi les initiatives du nouveau système scolaire ont été en grande partie nourries par des personnes ayant enseigné sur une longue durée au Nunavut – Inuit et non-Inuit – ainsi que par des aînés et des détenteurs de la connaissance inuit, qui se projettent autant dans un passé remémoré que dans un avenir imaginé. Mon enquête se base sur des entrevues en profondeur avec Cathy McGregor, une enseignante de premier plan ayant 40 ans d’expérience au nord du 60e parallèle et qui a été responsable de la mise en oeuvre de nombreux changements récents dans les programmes, les politiques et leurs responsables. Cathy est aussi ma mère. À la lumière de ses souvenirs et de sa vision, des matériaux élaborés pour le système scolaire du Nunavut et de mon propre journal de recherche, j’examine le processus d’apport des connaissances venues du passé et au sujet du passé dans le système scolaire, y compris les conseils d’aînés à plein temps; 2) les processus d’élaboration des programmes basés sur l’Inuit Qaujimajatuquangit; et 3) un atelier annuel de développement du leadership pour permettre l’enseignement de l’histoire. À partir de ces histoires de changement, je travaille à la théorisation de deux concepts et de la relation entre eux, dans le contexte du système scolaire du Nunavut: décoloniser, et savoir en ayant conscience de l’histoire. Je découvre que la durabilité du changement dans ce contexte est difficile à atteindre. Il est peu probable que les enseignants parviennent à atteindre un moment stable d’accomplissement dans lequel ils détiendraient une connaissance suffisante du contexte, et où l’institution scolaire serait décolonisée. En utilisant, à travers toute la thèse, la métaphore du dégel d’une rivière au printemps, je trouve troublant de reconnaître que le temps s’enfuit constamment, que ce qui a été fait auparavant pourrait ne plus être pertinent ou possible maintenant. Cependant, la connaissance venue du passé et au sujet du passé pourrait servir aux enseignants en illustrant que le savoir est toujours conditionné par le lieu, le temps, l’identité et les relations; par conséquent, le savoir peut, et doit, être reconstruit. J’avance que cela garantirait des pratiques consistant à revisiter continuellement et de manière réitérée ce dont les écoles du Nunavut ont besoin, afin de soutenir le changement éducatif en direction de la décolonisation.

PERNET, Fabien

2014 La construction de la personne au Nunavik. Ontologie, continuité culturelle, et rites de passage, Ph.D., Université Laval, Québec.

Dans la perspective d’une anthropologie ontologique, la thèse vise à mieux comprendre les continuités et les transformations au sein des rites de passage chez les Inuit du Nunavik, depuis leur conversion au christianisme jusqu’au contexte actuel. Les rites de la grossesse, de l’accouchement et de la naissance y sont décrits en détail, tout comme le processus de dénomination de l’enfant, puis les rites de la première fois. Cette ethnographie mobilise une démarche comparative régionale, et s’appuie sur plusieurs collaborations avec des institutions du Nunavik. Les séquences de ces rites de passage sont dès lors analysées à la fois comme des temps forts de la construction de la personne, et comme des témoins de la résilience manifestée par la culture inuit. Au coeur de la socialisation de l’enfant, ces rites paraissent en effet avoir contribué à transmettre certains principes culturels grâce auxquels différents éléments de la cosmologie chrétienne ont pu être adaptés et incorporés. Ces rites auraient alors participé de l’actualisation de la cosmologie inuit au XXe siècle, et en particulier de la réorganisation des relations que les humains entretiennent avec différents êtres non humains. En transmettant jusqu’à aujourd’hui les principes ontologiques fondant ces relations, après y avoir intégré plusieurs éléments de la tradition chrétienne, ces rites suggèrent de considérer l’importance du rôle socialisateur des êtres non humains – foetus, défunts, animaux, esprits – dans l’éducation enfantine, et appellent une réflexion sur l’extension de la notion de personne aux êtres non humains.

Construction of personhood in Nunavik. Ontology, cultural continuity, and rites of passage, Ph.D., Université Laval, Quebec City.

From the perspective of ontological anthropology, this dissertation aims for a better understanding of the continuities and transformations in rites of passage among the Inuit of Nunavik, from their conversion to Christianity to the present day. Pregnancy, delivery, and birth rituals are described in detail, as is the process of naming the child and then the first-time rituals. This ethnography uses a regional comparative approach, and relies on several joint endeavours with Nunavik institutions. The sequences of these rites of passage have been analyzed both as high points of the construction of personhood and as witnesses to the resilience shown by Inuit culture. These rites are central to socialization of children and appear to have helped to pass on certain cultural principles whereby different elements of Christian cosmology have been adapted and incorporated. These rites would have then helped to update Inuit cosmology in the 20th century, and in particular to reorganize the relationships that humans have with different nonhuman beings. By passing on to the present day the ontological principles that support these relationships, after having integrated several elements of Christian tradition, these rites point to the importance of the socializing role of nonhuman beings—fetus, dead individuals, animals, spirits—in childhood upbringing and should make us reflect on extending the notion of personhood to nonhuman beings.

RODGERS, Joyce Ellen

2015 Deliverance and Destruction: The Erosion of Inuit Spirituality During the Early Years of the Moravian Mission to Labrador, Ph.D., Union Institute and University, Cincinnati, 85 pages.

This dissertation presents an exploration into the intersection of spirituality of the Inuit of Labrador and Czech Moravian missionaries in the late 18th and early 19th centuries. Moravians came to North America to educate and convert the Indigenous peoples to a pre-Protestant sect of Christianity. This exploration describes the Labrador Inuit’s spirituality and shamanism, and posits the question: what is the strength of their cosmology and, in particular, the symbol of the Tree of Life / cosmic axis during the decades after contact? Utilizing methods of ethnohistory and art history, the study surveys the appearance worldwide of the symbols of the Tree of Life and cosmic axis. The research scrutinizes Inuit cultural artifacts, such as clothing and dwellings, for evidence of the persistence of their cosmology. Additionally, the Moravians kept meticulous notes of their contact with the Inuit in their station diaries, in daily records of their routine, as well as in a record of conversion and its sustainability. The study examines these records for their perspective on this process and on indigenous spirituality, and presents a picture of a systematic attempt to impose an antithetical and incompletely understood set of Christian beliefs on a people whose own cosmology was not even acknowledged. The Moravians also ran a store at each mission station, which orchestrated and tightly controlled the Inuit’s absolute reliance on them. The impacts on physical sustenance, spirituality, and social customs were little short of devastating.

Délivrance et destruction. L’érosion de la spiritualité inuit durant les premières années de la mission morave au Labrador, Ph.D., Union Institute and University, Cincinnati, 85 pages

Cette thèse explore l’intersection de la spiritualité des Inuit du Labrador et de celle des missionnaires moraves tchèques à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles. Les moraves étaient venus en Amérique du Nord pour instruire et convertir les peuples autochtones aux croyances de leur secte chrétienne pré-protestante. Cette exploration décrit la spiritualité et le chamanisme des Inuit du Labrador, et cherche à savoir quelle était la force de leur cosmologie et, en particulier, le symbole de l’Arbre de Vie/axe cosmique au cours des décennies postérieures au contact. En utilisant les méthodes de l’ethnohistoire et de l’histoire de l’art, cette étude présente une vue d’ensemble de la présence, dans le monde entier, des symboles de l’Arbre de Vie et de l’axe cosmique. La recherche se penche en détail sur les artefacts culturels inuit, tels que les vêtements et les habitations, pour attester de la persistence de leur cosmologie. En outre, les moraves notaient méticuleusement leurs contacts avec les Inuit dans les journaux des missions, leurs faits et gestes quotidiens, en tenant également les registres des conversions et de la stabilité de celles-ci. L’étude examine ces registres pour le point de vue qu’ils apportent sur ce processus et sur la spiritualité autochtone, en plus de brosser le tableau de la tentative systématique d’imposer un ensemble de croyances chrétiennes antithétiques et mal comprises à un peuple à qui on ne reconnaissait même pas sa propre cosmologie. Les moraves tenaient également, dans chacune des missions, un magasin qui orchestrait et contrôlait étroitement la dépendance absolue des Inuit vis-à-vis d’eux. Les impacts sur leur subsistance, leur spiritualité et leurs coutumes sociales ont manqué de peu d’être dévastateurs.

RUSSEL, Gail

2015 Canadian Arctic Policy and Program Development and Inuit Recognition: A Neoliberal Governmentality Analysis of Canada’s Northern Strategy and “The Missing Piece”, Ph.D., University of Toronto, Toronto, 192 pages.

In 2007, the Canadian government announced its commitment to the development of the Canadian North by launching Canada’s Northern Strategy. The purpose of the Strategy was to address the issue of climate change and its associated effects of increased natural resource extraction and shipping activity in the Canadian Arctic region. Different from past federal government policy and program development initiatives in the Canadian Arctic, this Strategy appeared to make central Inuit voices by way of involving them in the four pillars that constituted the Strategy: exercising our Arctic sovereignty; promoting social and economic development; protecting our environmental heritage; and improving and devolving Northern governance. As the Strategy began to unfold, however, responses from Inuit communities suggested otherwise. Current literature in regards to this issue agrees that Inuit have been placed on the periphery of Canada’s Northern Strategy. Instead of asking how this took place, focus has been placed on ways to better insert Inuit voices into the Strategy as it moves forward. As a consequence, this issue does not get fully resolved. My dissertation examines the question: How do Inuit get positioned on the periphery of Canada’s Northern Strategy in the first place? I posit that it is by illuminating the political rationale that underpins the Strategy that this question can be addressed. Using a neoliberal governmentality framework, I examine three case studies from Canada’s Northern Strategy that are all in their beginning stages of development, in order to reveal how a neoliberal political rationale is operating within each of these projects and, consequently, how it defines the way in which Inuit communities are able to participate. The intention of this analysis is to illuminate both the objective and associated technologies that are responsible for placing Inuit communities on the periphery, in order to be able to reconsider how these aspects influence the Strategy and its relationship with Inuit communities moving forward.

Politique et programme de développement canadien dans l’Arctique et reconnaissance des Inuit. Analyse de gouvernance néolibérale de la Stratégie pour le nord du Canada et de sa «pièce manquante», Ph.D., University of Toronto, Toronto, 192 pages.

En 2007, le gouvernement canadien a annoncé sa résolution de développer le Nord canadien en lançant sa Stratégie pour le nord du Canada. L’intention de la Stratégie était de répondre au problème du changement climatique et de ses effets associés, à savoir l’augmentation de l’extraction minière et de l’activité maritime dans la région arctique canadienne. Contrairement à la politique fédérale gouvernementale et aux initiatives de développement appliquées par le passé dans l’Arctique canadien, cette Stratégie semblait accorder une place centrale aux voix inuit en les impliquant dans les quatre piliers constitutifs de celle-ci: exercer notre souveraineté dans l’Arctique; promouvoir le développement social et économique; protéger le patrimoine naturel; et améliorer et décentraliser la gouvernance dans le Nord. Mais cependant, à mesure que cette Stratégie était déployée, les réactions des communautés inuit indiquent qu’il n’en allait pas ainsi. Les travaux actuels portant sur cette question s’accordent sur le fait que les Inuit ont été placés à la périphérie de la Stratégie pour le nord du Canada. Au lieu de nous demander comment cela s’est produit, nous nous sommes concentrés sur les moyens de mieux intégrer les voix inuit à cette Stratégie qui se poursuit. Par conséquent, ce problème ne peut pas être totalement résolu. Ma thèse examine cette question: comment les Inuit ont-ils été placés à la périphérie du Canada pour commencer? Je propose que l’on peut répondre à cette question en éclairant la logique politique qui sous-tend la Stratégie. À partir d’un cadre de gouvernance néolibérale, j’examine trois études de cas de la Stratégie pour le nord du Canada qui en sont toutes à leurs premiers stades de développement, afin de révéler comment une logique politique néolibérale opère au sein de chacun de ces projets et, par conséquent, définit la façon dont les communautés inuit ont la possibilité d’y participer. Cette analyse a pour intention d’éclairer à la fois les technologies objectives et associées responsables du positionnement des Inuit à la périphérie, afin de pouvoir reconsidérer la façon dont ces aspects influencent la Stratégie et le progrès de sa relation avec les communautés inuit.

STEELANDT, Stéphanie

2015 Disponibilité et exploitation des ressources ligneuses par les Paléoesquimaux et les Inuit sur la côte ouest du Nunavik (Québec, Canada), Ph.D., Université Laval, Québec.

Les bois flottés actuels et ressources ligneuses archéologiques trouvés sur la côte ouest du Nunavik ont été étudiés afin de documenter leurs caractéristiques, méthodes de collecte, exploitation et origine. Au total, 1572 bois flottés provenant des plages d’Ivujivik, Akulivik, Inukjuak et Umiujaq ont été examinés. Ces bois étaient moins nombreux, de plus petite taille et plus dégradés dans les aires les plus au nord. Huit taxons ont été identifiés sous microscope. L’épinette était majoritaire, suivie du saule, du mélèze, du peuplier et de l’aulne. Le cèdre blanc, le bouleau blanc et le sapin baumier étaient également présents mais extrêmement rares. La composition de 293 bois archéologiques, 550 charbons et 11 artéfacts ligneux provenant de 11 sites archéologiques dans les quatre zones d’étude n’était guère différente. Des charbons de pin rouge ou pin sylvestre et de châtaignier ont été découverts dans un site archéologique à Ivujivik mais étaient probablement importés. De plus, de nombreux charbons d’éricacées probablement locaux ainsi que du chêne ont été trouvés dans les sites archéologiques aux alentours d’Umiujaq. La présence du cèdre blanc et du bouleau blanc dans les amas de bois flottés actuels et archéologiques témoigne d’une origine des bois au sud et sud-est de la baie James. Ce résultat est également appuyé par les études comparatives et interdatations des largeurs moyennes de cernes de croissance. Des entrevues avec 27 aînés dans les quatre villages révèlent que: le vocabulaire du bois était plus diversifié dans les villages les plus méridionaux; les arbustes étaient coupés en automne et utilisés pour la confection de matelas ou pour le feu; les plus gros bois étaient prioritairement utilisés pour la construction des bateaux, des kayaks et des traîneaux; à Ivujivik, les bois flottés étaient principalement collectés l’été par bateau autour des îles alors que plus au sud, les gros bois étaient collectés ou coupés l’hiver puis rapportés par traîneaux à chiens. Finalement, des expérimentations visant à différencier chimiquement un bois flotté d’un bois non flotté pour en déduire le mode de collecte des gros bois archéologiques ont montré un plus fort enrichissement en sodium dans les bois immergés. Des analyses en composantes principales (ACP), basées sur les concentrations relatives des cations, montrent que les bois immergés et secs peuvent être séparés en deux groupes. La complémentarité de ces recherches xylologiques, anthracologiques, radiométriques, dendrochronologiques, sociales et chimiques sur les ressources ligneuses au Nunavik apporte des connaissances précieuses et inédites sur cette matière première fondamentale dans la vie quotidienne des Inuit et de leurs ancêtres.

Availability and exploitation of wood by Palaeoeskimos and Inuit along the west coast of Nunavik (Quebec, Canada), Ph.D., Université Laval, Quebec City.

Modern driftwood and archaeological wood found on the west coast of Nunavik were studied in order to document its characteristics, methods of collection, uses and origins. In total, 1,572 driftwood samples from beaches around Ivujivik, Akulivik, Inukjuak and Umiujaq were examined. Driftwood in the more northern areas was less frequent, smaller in size and more degraded. Eight taxa were identified under a microscope. Spruce was the most abundant, followed by willow, larch, poplar and alder. White cedar, white birch and balsam fir were extremely rare. The composition of the 293 wood samples, 550 charcoals and 11 wooden artifacts from 11 archaeological sites located within the four study areas was similar to the driftwood composition. Charcoals of red pine, Scots pine and chestnut were found at an archeological site in Ivujivik, but these were probably imported. In addition, many local ericaceous charcoals and an oak sample were found at archaeological sites around Umiujaq. The presence of white cedar and white birch in both modern and archaeological wood samples indicated that the wood originated from the south and southeast of James Bay. This conclusion is supported by comparative studies and cross-dating of the average growth rings. Interviews with 27 elders from the four villages revealed that: the wood vocabulary was more diversified in the southern villages; shrubs were cut in autumn and used for making mattresses or as fuel; the larger driftwood pieces were primarily used for the construction of boats, kayaks or sleds; in Ivujivik, driftwood was mainly collected in the summer by boat from around the islands whereas further south the large wood pieces were collected or cut in winter and carried by dogsled. Finally, experiments to chemically differentiate immersed wood from dry wood, in order to deduce the harvesting method of the large archaeological wood specimens, showed a stronger enrichment in sodium in the submerged woods. Principal component analyses (PCA), based on the relative concentrations of cations, reveal that the immersed and dry samples can be separated into two groups. The complementarity of these xylological, anthracological, radiometric, dendrochronological, social and chemical studies on wood resources in Nunavik provides invaluable and original knowledge concerning this essential raw material in the daily life of the Inuit and their ancestors.