Résumés
Résumé
Si l’humour est destiné à divertir et à amuser, son usage permet également de révéler un point de vue, de critiquer une situation, de se démarquer d’un discours considéré comme conformiste, réactionnaire et inacceptable, et d’interpeler le lecteur dont la complicité active est suscitée par les affirmations et les « non-dit » de l’oeuvre.
L’humour qui se déploie dans les oeuvres d’Alain Mabanckou et d’Azouz Begag est particulier à chacun des auteurs ; il constitue leur « marque » d’écriture et souligne ainsi leur singularité d’écrivain. C’est cette singularité, implicitement revendiquée, qui constitue l’ambiguïté de leur discours où sont mises en évidence à la fois une sorte d’autodérision et une autosatisfaction. C’est ce que ces réflexions tenteront de cerner à travers quelques références ponctuelles aux oeuvres des deux écrivains.
Abstract
While humour seeks to entertain and amuse, he who uses it can also do so to highlight a stance, rail against a situation, distance himself from conventional, reactionary or unacceptable viewpoints, or enlist the reader’s active complicity through both the stated and the unspoken. The humour that permeates the writings of Alain Mabanckou and Azouz Begag is unique to each of them, a personal writing stamp that emphasises their distinctiveness as authors. Such singularity, which they implicitly acknowledge, is the ambiguity behind writings in which they poke fun at themselves while patting their own backs. This article will look at selected excerpts from their works to support the above arguments.
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Parties annexes
Note biographique
Maître-assistante au Département de français de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université de Sousse (Tunisie), Nadra Lajri enseigne les littératures francophones (essentiellement celles de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb) et la poésie française des XIXe et XXe siècles. Ses recherches portent sur la poésie de Léopold Sédar Senghor (thèse de doctorat) et sur les littératures africaines au nord et au sud du continent (Driss Chraïbi, Ahmadou Kourouma, Alain Mabanckou, Cheikh Hamidou Kane, Albert Memmi, Chems Nadir, Assia Djebar, Melika Mokkedem). Elle est l’auteur de « Des maux et des mots : une lecture de La statue de sel d’Albert Memmi », Études Littéraires, vol. 40, n° 3 (automne 2009) ; « Ironie et ambiguïté dans Verre Cassé d’Alain Mabanckou et Quand on refuse on dit non d’Ahmadou Kourouma », dans Samia Kassab-Charfi (dir.), Altérité et mutations dans la langue. Pour une stylistique des littératures francophones (Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, 2010) ; « Le temps, la mémoire et la nostalgie dans le roman africain », dans Ridha Bouguerra (dir.), Le temps dans le roman du XXe siècle. Colloque international de l’Institut des Langues de Tunis, 25-26 novembre 2004 (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010) ; « Construction(s), déconstruction(s) dans l’oeuvre d’Ahmadou Kourouma », dans Jean Ouédraogo (dir.), L’imaginaire d’Ahmadou Kourouma. Contours et enjeux d’une esthétique (Paris, Karthala, 2010) ; « L’oeil du jour de Hélé Béji : un tableau du réel », dans Afifa Marzouki (dir.), Littérature tunisienne de langue française : voix anciennes et nouvelles voies (Tunis, Sud Éditions, 2010).
Références
- Begag, Azouz, Béni ou le paradis privé, Paris, Éditions du Seuil (Points), 1989.
- Begag, Azouz, Le gone du Chaâba, Paris, Éditions du Seuil (Points), 1986.
- Ducrot, Oswald, Le Dire et le dit, Paris, Éditions de Minuit, 1984.
- Gendrel, Bernard et Patrick Moran, « Humour : réflexions sur une analyse de Genette », dans Groupe de recherche Fabula, Fabula, atelier de théorie littéraire, [en ligne]. http://www.fabula.org/atelier.php?Humour%3A_r%26eacute%3Bflexions_sur_une_analyse_de_G%2E_Genette
- Mabanckou, Alain, Black Bazar, Paris, Éditions du Seuil, 2009.
- Moura, Jean-Marc, Le sens littéraire de l’humour, Paris, Presses universitaires de France, 2010.