Résumés
Résumé
Perçus à l’époque comme typiques du « nouveau mal du siècle », tel que le nomme en 1924 Arland dans La Nouvelle revue française, les romans de Soupault mettent en leur coeur l’aventure pour montrer l’impossible adhésion au monde de l’homme occidental moderne : l’homme blanc n’y trouve qu’ennui tandis que l’écriture romanesque empêche tout départ véritable en perpétuant la chaîne des souvenirs. Il ne reste au romancier qu’à se faire le témoin émerveillé de l’énergie de l’homme noir. Celui-ci introduit non seulement dans la prose narrative un autre rapport au monde et au temps, mais ce faisant bouleverse l’écriture en la fragmentant : au lieu de dissoudre le réel dans le souvenir et l’ennui, la prose parvient alors à lui rendre son opacité signifiante.
Abstract
Labelled at the time as representative of the “new plight of the century” as defined in 1924 by Arland in La Nouvelle revue française, Soupault’s novels delve on adventure to illustrate how impossible it is for the modern man to embrace his world: in it, the white man finds only boredom; from it, escape is never completely possible once trapped by the sequence of memories captured by the author. The latter can only wonder at the black man’s energy. The novelist not only adds another relationship with time and place to narrative prose but, in so doing, also unsettles writing by fragmenting it: rather than diluting reality with memories and boredom, prose successfully returns its defining opacity.
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Parties annexes
Note biographique
Ivanne Rialland, agrégée de lettres modernes et docteure en littérature française, est PRAG à l’IUT de Marne-la-Vallée et chercheuse au sein de l’équipe « Littérature française, XIXe-XXIe siècles » de l’Université Paris-Sorbonne. Elle a publié L’Imaginaire de Georges Limbour (Grenoble, ELLUG, 2009). Elle a dirigé L’Écrivain et le spécialiste. Écrire les arts plastiques au XIXe et au XXe siècle (avec Dominique Vaugeois, Paris, Classiques Garnier, 2010) et Écrire la sculpture (XIXe-XXe siècles) (Paris, Classiques Garnier, 2012). Elle travaille sur l’écrit sur l’art au XXe siècle et sur le récit surréaliste, auquel elle a consacré plusieurs articles, dont « “C’est alors que le Corsaire Sanglot…” Le stéréotype romanesque dans les romans surréalistes des années vingt » (Cahiers de narratologie, n° 17, 15 décembre 2009, [http://revel.unice.fr/cnarra/sommaire.html?id=1070] et « L’aventure à rebours : récit d’aventures et récit surréaliste » (ELFe XX-XXI, n° 1, 2011, p. 109-125).
Références
- Aragon, Louis, Traité du style, Paris, Gallimard (L’imaginaire), 2004 [1928].
- Arland, Marcel, « Sur le nouveau mal du siècle », La Nouvelle revue française, n° 125, 1er février 1924, p. 149-158.
- Barthes, Roland, « Le troisième sens » (1970), Oeuvres complètes, nouv. éd. revue, corrigée et présentée par Éric Marty, Paris, Éditions du Seuil, 2002, t. 3, p. 485-506.
- Maran, René, Batouala, véritable roman nègre, Paris, Albin Michel, 1921.
- Mauriac, François, « Le Bon apôtre, par Philippe Soupault », La Nouvelle revue française, n° 122, 1er novembre 1923, p. 610-612.
- Soupault, Philippe, À la dérive, Paris, J. Ferenczi et fils (Colette), 1923.
- Soupault, Philippe, Le Bon apôtre, Paris, Lachenal & Ritter, 1988.
- Soupault, Philippe, Le Coeur d’or, Paris, Grasset, 1927.
- Soupault, Philippe, Corps perdu, Paris, Au sans pareil, 1926.
- Soupault, Philippe, Les Dernières nuits de Paris, Paris, Gallimard (L’imaginaire), 1997.
- Soupault, Philippe, En joue !, Paris, Lachenal & Ritter, 1984 [1925].
- Soupault, Philippe, Le Grand Homme, Paris, Gallimard (L’imaginaire), 2009 [1929].
- Soupault, Philippe, Histoire d’un blanc, Paris, Gallimard (L’imaginaire), 2003 [1927].
- Soupault, Philippe, Mémoires de l’oubli (1923-1926), Paris, Lachenal & Ritter, 1986.
- Soupault, Philippe, Le Nègre, préface de Myriam Boucharenc, Paris, Gallimard (L’imaginaire), 1997 [1927].
- Soupault, Philippe, Le Roi de la vie et autres nouvelles, Paris, Lachenal & Ritter, 1992 [1928].
- Soupault, Philippe, Voyage d’Horace Pirouelle, Paris, Lachenal & Ritter, 1983 [1925].