Résumés
Résumé
L’article examine la présence du tragique dans la réflexion blanchotienne. À partir du commentaire des fragments de L’Écriture du désastre intitulés « (Une scène primitive ?) », l’analyse met en lumière l’irréconciliation fondamentale de l’homme avec lui-même, qui hante tout le travail de Blanchot. La réflexion porte dans un premier temps sur le paradoxe d’un savoir de soi à la fois nécessaire et défait. Elle souligne ensuite l’importance du corps impropre et de la dénaturation dans l’écriture blanchotienne et montre que c’est tout l’être qui se trouve mis à l’épreuve par l’intensité d’un pathos associé à une disconvenance à la fois originaire et immémoriale. L’analyse montre dans un troisième temps que la réflexion sur le fragment comme dire de l’être doit être interprétée chez Blanchot comme l’expérience tragique, à la fois désappropriatrice et jubilatoire, d’une errance ontologique.
Abstract
The article examines the presence of tragedy in Blanchotean thinking. Based on the commentary on the fragments of L’Écriture du désastre (The Writing of Disaster) entitled « (Une scène primitive?) » (“A Primitive Scene ?”), the analysis highlights the fundamental irreconcilability of man with himself, which haunts all of Blanchot’s work. The first part of the reflection focuses on the paradox of a knowledge of oneself that is both necessary and undermined. It then underlines the importance of the improper body and denaturation in Blanchotean writing and shows that it is the whole being that is put to the test by the intensity of a pathos associated with both original and immemorial disconformity. The analysis subsequently shows that reflection on the fragment as a statement of being should be interpreted in Blanchot as the tragic experience, both disappropriative and jubilant, of an ontological wandering.
Parties annexes
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