Résumés
Résumé
La parole prescriptive au nom de l’islam est incarnée par un corps d’oulémas. Leurs fonctions historiques, centrées sur l’enseignement et la justice, ont été remises en question à partir du xixe siècle. Au sein des États modernes, nés d’un processus de décolonisation ou non, ces hommes de religion ont été placés dans une situation de dépendance accrue à l’égard des autorités politiques, légitimées religieusement. Néanmoins, le statut de subordination n’a pas été synonyme de soumission, notamment dans les domaines de l’éducation, de la culture et de normes juridiques où l’influence des oulémas s’est renforcée depuis les années 1960. La multiplication des structures d’encadrement étatiques témoigne d’un rapport de forces en perpétuelle évolution avec les autorités religieuses instituées et de la volonté d’étouffer celles qui ont contesté les pouvoirs établis. La crise en cours ne concerne pas seulement les États à référence islamique, elle a des échos partout où ceux-ci estiment devoir prendre en charge des communautés de musulmans.
Abstract
The prescriptive speech in the name of Islam is established by a group composed by the ulamas. From the 19th century, their historical work, mainly based on teaching and delivering justice, has been challenged. Within the modern States, whether they were colonized or not, those men of religion became more and more dependant from political authorities to which they gave a religious legitimacy. However, their situation of subordination didn’t mean a submission, especially in the fields of education, culture or juridical norms where their influence grew up since the sixties. The proliferation of state oversight bodies is a proof of a power balance with the official religious authorities and of a willingness to stifle the ulamas who contend the established power. The current crisis is not only an issue for States with Islamic reference, it as consequences wherever they intent to control communities of Muslims.
Parties annexes
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