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La tricherie aux examens : un aperçu de la recherche[Notice]

  • Sylvie Fontaine

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  • Sylvie Fontaine
    Université du Québec en Outaouais

Nous assistons depuis quelques années à une prolifération d’examens préparés par le personnel enseignant, les commissions scolaires, le ministère de l’Éducation et autres organismes officiels, et ce, à tous les ordres d’enseignement et dans plusieurs ordres professionnels. Or, qui dit examen dit aussi tricherie. C’est du moins ce que rapportent les nombreuses recherches menées auprès d’élèves et d’étudiants de plusieurs pays (p. ex., Crittenden, Hanna et Peterson, 2009). La tricherie aux examens n’est pas un phénomène nouveau. En fait, un des premiers articles scientifiques à mentionner un acte de tricherie date du début du vingtième siècle (Barnes, 1904). Cet auteur rapporte le vol par un étudiant d’une copie d’examen à l’imprimerie d’une grande université américaine. Depuis, les méthodes de tricherie se sont diversifiées et multipliées et la recherche récente fait état de l’ampleur considérable du phénomène, des facteurs qui motivent les étudiants à tricher, mais aussi des initiatives mises en place pour réduire la tricherie, notamment dans les universités. Selon les auteurs consultés, les statistiques sur la tricherie aux examens (incluant souvent le plagiat dans les travaux) varient entre 30 % et 80 % (Williams et Williams, 2012). Bien qu’il n’y ait pas de consensus sur le pourcentage de tricheurs, il n’en demeure pas moins que la tricherie est bien présente dans nos milieux scolaires, et ce constat va au-delà de nos frontières nord-américaines. En effet, certains chercheurs parlent même d’une culture mondiale de la tricherie pour décrire la situation dans le milieu universitaire à travers le monde (Crittenden et al., 2009). Trois catégories de méthodes pour tricher sont identifiées dans la littérature. La première catégorie se présente en amont de l’examen et implique un échange d’informations qui ne devraient pas être partagées. La publication sur les réseaux sociaux des questions d’examens produits par la commission scolaire avant que tous les élèves aient fait l’examen en est un bel exemple. La deuxième catégorie comprend l’utilisation de matériel interdit pendant les examens, par exemple, l’usage de notes écrites sur les avant-bras ou d’informations encodées dans des montres intelligentes. La troisième catégorie de méthodes s’applique après l’examen, par exemple, lorsqu’un étudiant prétend que l’enseignant a fait des erreurs dans sa correction alors qu’il a lui-même modifié ses réponses lors du retour de l’examen en classe. Avec le développement de la technologie et la mise en marché de certains outils (oreillette branchée à un souffleur de réponses, loupe pour lire les minuscules caractères sur une étiquette de bouteille d’eau, etc.), l’imagination du tricheur est la seule limite face à la diversité des méthodes existantes pour faciliter la tricherie. La recherche montre que certaines variables démographiques comme le sexe, l’âge, les résultats scolaires ou une expérience antérieure de tricherie auraient une incidence sur la décision de l’étudiant de tricher à un examen. Ainsi, les garçons d’un plus jeune âge qui ont déjà triché dans le passé seraient les plus enclins à tricher (Olafson, Schraw, Nadelson, Nadelson et Kehrwald, 2013). L’influence des pairs sur la décision de tricher est largement documentée, et les chercheurs s’entendent pour dire que le fait d’avoir des amis qui trichent, ou même simplement de savoir que certains étudiants de la classe trichent, serait suffisant pour inciter un étudiant à tricher (Rettinger et Kramer, 2009). Un autre facteur serait l’engagement de l’étudiant dans ses études et le type de but qu’il poursuit. Ainsi, un étudiant qui consacre peu de temps à ses études, qui n’est pas motivé et qui a tendance à procrastiner dans ses tâches scolaires serait plus enclin à tricher. De même, lorsque l’étudiant poursuit des objectifs centrés sur l’obtention de notes élevées ou d’un diplôme ou qu’il étudie …

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