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Vers le milieu de recherche pour soutenir les élèves : une CAP sur le vocabulaire[Notice]

  • Danielle Latour

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  • Danielle Latour
    Commission scolaire Marie-Victorin (Canada)

De plus en plus d’élèves allophones sont accueillis dans les classes au Québec et le développement du vocabulaire en français représente un défi important pour le personnel enseignant (Fleury, 2013). C’est le constat qu’ont fait les membres d’une communauté enseignante dans une école primaire dont la population est majoritairement allophone pour ensuite se mobiliser avec comme objectif de trouver des moyens éprouvés par la recherche visant l’enrichissement du vocabulaire chez leurs élèves. En effet, convaincues des bénéfices engendrés par un vocabulaire plus étendu au regard de la compréhension en lecture ou des travaux d’écriture des élèves, la direction d’école et les enseignantes du 2e cycle ont formé une communauté d’apprentissage professionnelle (CAP). Après une consultation intensive des pratiques avérées efficaces, la CAP s’est unanimement arrêtée sur une pratique : le développement de la conscience morphologique en travaillant les racines, les préfixes et les suffixes avec les enfants. Le présent article rend compte de l’expérience pédagogique vécue à cette école, des progrès constatés chez les élèves ainsi que des conditions gagnantes qui ont rapproché les milieux scolaires et scientifiques au cours de l’implantation d’un programme d’enseignement issu de la recherche visant le développement de la conscience morphologique. C’est à la fin de l’année scolaire 2017-2018 que le personnel enseignant et la direction se sont réunis pour se pencher sur les besoins des élèves de l’école. L’objectif était de mieux répondre aux besoins afin de parvenir à réduire le nombre d’élèves identifiés comme éprouvant des difficultés d’apprentissage. Ensemble, ils ont dégagé que le bagage de vocabulaire en français demeurait assez pauvre chez les enfants de la maternelle jusqu’à la fin du primaire probablement parce que la majorité des élèves revenait à leur langue maternelle aussitôt de retour dans leur milieu respectif. Or, puisqu’il suffit de ne pas connaitre seulement 2 % des mots d’un texte pour que sa compréhension devienne ardue (Fezjo, Godard et Laplante, 2014) le besoin commun ciblé fut l’amélioration du vocabulaire des élèves de l’école dont une forte majorité évolue au sein d’une famille allophone. L’orthopédagogue de l’école s’est alors penchée sur la recherche afin de trouver les moyens les plus efficaces d’intervenir pour enrichir le vocabulaire chez les élèves. C’est le développement de la conscience morphologique qui a retenu son attention puisque les études récentes démontrent que cette pratique pédagogique favorise les habiletés de lecture et d’écriture chez les enfants, et ce, plus particulièrement chez les élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage (Bowers, Kirby et Deacon, 2010). En fouillant davantage sur le sujet, il s’est avéré intéressant d’apprendre qu’à partir du 2e cycle du primaire 60 % des mots composant les textes scolaires peuvent être compris grâce à leur structure morphologique (Nagy et Anderson, 1984, cités dans Fejzo, 2016). Aussi, il appert que la connaissance des préfixes et des suffixes d’un mot permet de comprendre trois ou quatre nouveaux mots appartenant à la même famille (Fejzo, 2016) contribuant ainsi à l’amélioration du vocabulaire chez les élèves. Finalement, un aspect non négligeable lié au développement de la conscience morphologique que Fejzo a constaté dans le cadre de ses recherches est qu’il amène aussi les élèves à se questionner et analyser les mots inconnus rencontrés dans un texte avant même de songer à consulter un dictionnaire. C’est en s’appuyant sur ces faits que le programme d’enseignement issu de la recherche Histoire de famille (Fejzo, 2016) s’adressant principalement aux élèves du 2e cycle du primaire a été ciblé comme outil de choix à présenter aux enseignantes. Il s’agit d’un programme développé pour un enseignement universel en classe, donc au palier 1 du modèle de réponse à l’intervention (RàI) et …

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