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Publié dans la collection « Enseignement supérieur » des Presses de l’Université du Québec, l’ouvrage collectif Récits de professeurs d’université à mi-carrière. Si c’était à refaire... (Allaire et Deschenaux, 2022) s’adresse principalement aux doctorants qui visent une carrière universitaire et aux professeurs en début de carrière. Cela dit, il pourra aussi intéresser les professeurs plus expérimentés ainsi que tous ceux qui sont curieux d’en savoir plus sur les coulisses de la carrière professorale. Par l’approche du récit de pratique (Desgagnés, 2005), une vingtaine de professeurs de différents horizons y racontent des éléments marquants de leur parcours professionnel. La présente proposera d’abord un résumé de l’ouvrage, puis elle tentera d’exposer sa contribution pertinente et originale au regard des autres écrits abordant la carrière de professeur universitaire.

Résumé

Sous la direction de Stéphane Allaire et Frédéric Deschenaux, ce livre est scindé en quatre parties qui traitent chacune d’un aspect différent de la carrière universitaire. La préface, signée par le scientifique en chef du Québec Rémi Quirion, donne déjà le ton au reste de l’ouvrage. Dès l’introduction, en s’inspirant des points de convergence qui ressortent des récits proposés, Deschenaux et Allaire proposent les dix commandements de la recrue dans la carrière professorale. Ils ont su viser juste : le jeune professeur ou le professeur en devenir gagnera à garder en tête ces « lignes de conduite pour naviguer dans les eaux troubles du début de la carrière universitaire » (p. 5).

La première partie, intitulée « La construction identitaire de la profession », comprend quatre récits portant sur des questionnements inhérents aux diverses facettes de la carrière universitaire. On y aborde notamment les pressions réelles ou imaginaires (Natalia Dankavo, chapitre 1), les premiers pas dans la profession et la culture universitaire (France Dubé, chapitre 2), la recherche interdisciplinaire (Marcelo M. Wanderley, chapitre 3) ainsi que la gestion universitaire (Étienne Hébert, chapitre 4).

La deuxième partie, qui s’intitule « Une profession de choix », comporte cinq textes qui mettent de l’avant l’univers de possibilités et d’avenues proposées aux professeurs d’université, mais aussi comment éviter de s’y perdre. À cet effet, l’analogie proposée par Chantale Beaucher (chapitre 5) entre le déroulement de la carrière professorale et une partie de Monopoly est particulièrement juste, en plus d’être drôlement amusante ! Le récit suivant d’Alexandre Bureau (chapitre 6) est rempli d’honnêteté : le professeur raconte comment il a vécu la décroissance de ses fonds de recherche, avec les effets que cela engendre. Karine Lemarchand (chapitre 7) s’adonne quant à elle à une réflexion sur les services à la collectivité comme frein ou comme levier à la carrière professorale. Carole Raby (chapitre 8) poursuit en illustrant les nombreux choix à faire pour préserver un équilibre entre la carrière et le bien-être, et ce, de l’embauche jusqu’à la titularisation. Le récit de Patrice Rivard (chapitre 9) clôt cette partie en abordant le besoin fondamental de reconnaissance.

La troisième partie, « Aux frontières de la profession », comprend quatre récits qui abordent plutôt l’angle des transitions et de la difficile conciliation travail-famille. Nancy Leblanc (chapitre 10) et Manon Guay (chapitre 11) abordent notamment l’équilibre à atteindre entre la vie de mère et celle de professeure. Louis Patrick Leroux (chapitre 12) s’intéresse quant à lui aux transitions entre les volets de la tâche professorale. Le dernier récit de cette partie en est un collectif : Sabrina Tremblay, Sandra Coulombe, Jacinthe Dion, Eve Pouliot, Christiane Bergeron-Leclerc et Mélanie Paré (chapitre 13) tracent des parallèles entre leur parcours de femme dans le milieu universitaire.

La quatrième partie de l’ouvrage, intitulée « L’aspect collectif de la profession », comporte trois récits s’intéressant à la dimension collective de la tâche professorale. Julie Gosselin (chapitre 14) aborde le rôle des communautés de pratique dans les débuts de la carrière alors que Romain Chesnaux (chapitre 15) discute de l’importance des relations humaines et de la collégialité. Catherine Beaudry (chapitre 16) signe le dernier récit en illustrant comment diverses formes de collaboration contribuent à façonner la carrière universitaire, cette collaboration étant particulièrement importante dans une visée d’équité, de diversité et d’inclusion.

Contribution de l’ouvrage : accéder aux coulisses de la carrière universitaire

La lecture de cet ouvrage contribuera assurément à la préparation des futurs ou des jeunes professeurs à ces fameux trois volets de la tâche professorale que sont l’enseignement, la recherche et les services à la collectivité. Pour y arriver, le choix du récit est un moyen qui apparait particulièrement riche : les auteurs des chapitres ont osé sortir des sentiers battus pour bifurquer vers des directions différentes, ce qui apporte réellement un éclairage nouveau sur des enjeux importants. À ce propos, un récit disponible en libre accès donne un bon aperçu du contenu de l’ouvrage (Allaire, 2022).

Somme toute, il apparait que l’ensemble des récits présentés dans l’ouvrage dirigé par Allaire et Deschenaux (2022) reflètent bien la réalité d’être professeur d’université. Les récits illustrent de manière concrète les bons côtés de la profession, dont la grande liberté de choix qui l’accompagne, mais aussi l’envers du décor et les écueils à éviter, dont la pression du regard des autres et les jeux de coulisses. À la fameuse question « et si c’était à refaire? », il semble se dégager un certain consensus. En effet, les professeurs qui partagent leurs expériences dans cet ouvrage ne semblent pas regretter leurs choix, les bons comme les moins bons. Plutôt que de constamment remettre en question leurs décisions, ils préfèrent les assumer et regarder vers le futur en visant le plaisir et l’équilibre dans leur vie professionnelle.

Comme le soulignent Deschenaux et Allaire (2022), « le récit de pratique implique une certaine mise à nu professionnelle dont le courage du partage mérite d’être souligné. » (p. 6) En effet, ce généreux partage permet au lecteur d’apprendre grâce à l’expérience de ceux qui l’ont précédé. Chacun saura se reconnaitre dans l’un ou l’autre de ces récits, ce qui constitue sans contredit l’une des forces de cet ouvrage. On en retient que c’est une suite d’évènements et de choix, à la fois planifiés et imprévus, qui nous amène à devenir le chercheur ou l’étudiant-chercheur que nous sommes.