FR :
Je suis Alicia, un genre de Belle au bois dormant, qui s’éveille après quelques années de coma, délivrée à la suite d’une grossesse non désirée. Que dire maintenant que je retrouve l’usage de la parole ? Je veux critiquer le récit de Pedro Almodovar, dans Parle avec elle, concernant les conditions d’un accompagnement de qualité. Je m’interroge sur les questions importantes du respect, de l’identité, de l’altérité, de la charité, de l’autonomie, de l’amour et de ses dérives. Toutes des questions qui me sont venues avec force lorsque j’étais endormie et que j’étais l’objet de tant de gestes de la part de Benigno, mon principal infirmier. Je cherche aussi, inlassablement, le sens de ces gestes à travers mon questionnement sur le don et la dette. Quel est l’esprit du don ? Ce que je fais au fond en racontant « mon » histoire ? Je déplace mes regards, candide ou noir, sur la fragilité de l’amour.
EN :
My name is Alicia. Like Sleeping Beauty, I have awoken from a coma lasting several years: delivered, after an unwanted pregnancy. My speech recovered, what shall I say? I wish to speak of Almodóvar’s tale, Hable con ella (Talk to Her) with its view of quality supportive care. I am pondering such things as respect, identity, otherness, charity, autonomy, and the curious mutations of love. These questions came to me, quite forcefully, in the long sleep where I lived under the varied ministrations of my main nurse, Benigno. I am also tirelessly questing for the meaning of caring gestures, from the viewpoint of giving and indebtedness. What is the spirit of giving? What am I in fact doing, in this telling of “my” tale? My gaze, in turns candid and dark, is searching out the frailties of love.