Introduction : Les systèmes fluviaux, un thème cher aux géographes francophones[Notice]

  • Hervé Piégay et
  • André G. Roy

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  • Hervé Piégay
    Rédacteur ad hoc

  • André G. Roy
    Rédacteur ad hoc

Depuis une dizaine d’années, la communauté francophone des géographes travaillant dans le domaine fluvial tend à se renouveler et à s’élargir. Cette évolution est constatée autant au Québec qu’en Belgique ou encore en France. Au Québec, plusieurs universités ont accueilli ces dernières années des spécialistes travaillant dans ce cadre thématique. Un colloque centré sur les « Approches et méthodes en géomorphologie fluviale : pratiques et étude de cas » a ainsi eu lieu en mai 2007 à Trois-Rivières dans le cadre du rassemblement de l’ACFAS, accueillant pas moins de 50 chercheurs et offrant 21 communications. La communauté des hydro-géomorphologues rassemblée en France au sein de la commission « hydrosystèmes » du Comité National de Géographie est également active. Les géographes francophones ont aussi élargi leur sphère thématique, abordant des questions hydrologiques, de plus en plus en phase avec les problèmes environnementaux, notamment les risques ou la gestion de la ressource en eau, et des questions hydrauliques, se penchant entre autres sur les facteurs régissant les écoulements ou le transport solide dans les cours d’eau. L’approche privilégiée dans plusieurs projets repose sur la mesure des processus in situ, qu’il s’agisse de la turbulence ou du transport de la charge de fond. L’analyse des structures spatiales est aussi en plein essor dans le cadre disciplinaire, qu’il s’agisse des questions régionales (hydrologie régionalisée, typologie des cours d’eau), des tronçons fluviaux ou des habitats plus localisés nécessaires à la faune et la flore. Dans ce contexte, le recours à l’imagerie est aussi un phénomène récent qui émerge pour répondre à des questions scientifiques se posant à différentes échelles spatiales. Les interactions entre géomorphologie fluviale et écologie sont également très fortes, concernant notamment l’habitat piscicole ou la dynamique de la végétation aquatique ou riveraine. Si l’étude des dynamiques holocènes est l’un des champs thématiques qui a longtemps été privilégié par la communauté francophone, celle-ci a aussi ouvert des chantiers à des échelles de temps plus courtes. L’analyse des effets des pressions humaines contemporaines sur les systèmes fluviaux fait aujourd’hui l’objet de nombreux travaux. Les démarches sont de plus en plus axées sur les questions que se posent les gestionnaires. À l’échelle nationale ou régionale, on a comme objectif de caractériser la variabilité géographique, notamment pour asseoir les politiques de planification et d’actions publiques pour la gestion des écosystèmes aquatiques ou des risques. À l’échelle plus locale, on tente d’apporter aux gestionnaires des éléments de connaissance concernant les changements structuraux ou les dynamiques actuelles des cours d’eau. Les prises de décision à cette échelle intègrent aujourd’hui le temps long et replacent le cours d’eau étudié dans son bassin versant, renforçant de fait les questionnements géographiques. Les géographes francophones semblent aussi s’exprimer sur des terrains de plus en plus éloignés de leurs bases traditionnelles, qu’il s’agisse de la Belgique, de la France métropolitaine ou du Québec, des travaux étant en cours aux États-Unis, en Italie, en Bolivie, au Brésil, en Indonésie, en Afrique du Sud, en Corse, en Slovaquie, au Vietnam, en Chine ou encore en Grèce. Afin de rendre compte de cette dynamique, un appel à contribution a été lancé en 2005 auprès de la communauté pour organiser un numéro collectif de Géographie physique et Quaternaire. Les réactions ont été si positives que deux numéros ont finalement été programmés. Ce premier numéro rassemble six contributions. Assani, Lajoie, Vadnais, Benseghir et Bureau illustrent l’approche hydrologique soulignée précédemment. Ils abordent en effet une question d’hydrologie régionalisée au Québec. Ils souhaitent mieux comprendre la variabilité des débits moyens annuels entre 1970 et aujourd’hui et relier celle-ci à certains indices climatiques globaux. Leur démarche s’inscrit dans les approches …