La fin de l’aventure[Notice]

  • André G. Roy

…plus d’informations

  • André G. Roy
    Directeur

Avec ce numéro, la grande aventure de notre revue, Géographie physique et Quaternaire, prend fin. Après une longue bataille pour sa survie, le constat est inéluctable : on doit mettre un terme aux activités de la revue. Cela nous attriste profondément mais il serait irréaliste de tenter de poursuivre la publication de la revue dans le contexte que l’on connaît maintenant. La route de GpQ aura été jalonnée de grandes réussites mais aussi d’embûches qui auront finalement eu raison de l’ardeur de ses artisans. Autant la pertinence pour ne pas dire l’urgence de sa mission ne faisait aucun doute en 1977, autant aujourd’hui en 2009, il ne reste pas beaucoup de place pour une revue comme GpQ. Devant la compétition croissante et la diversité grandissante de la recherche en sciences de la Terre, GpQ, une revue généraliste, voyait son créneau s’éroder. Il faut aussi reconnaître que l’intérêt pour les études du Quaternaire au Québec s’est atténué au fil des ans. L’AQQUA a dû renouveler sa mission devant la diversité de la recherche dans le domaine, mais cela n’a pas empêché le nombre de membres de l’association de chuter substantiellement depuis une dizaine d’années. La diversité de la recherche entraîne aussi une augmentation de la diversité des médiums de publication et par conséquent, des revues scientifiques pertinentes pour la diffusion des travaux des chercheurs. GpQ ne rejoignait pas toujours l’auditoire souhaité par plusieurs chercheurs, ce qui se ressentait par la baisse du nombre de manuscrits soumis pour publication. À cette réalité qu’est l’évolution de la recherche en sciences de la Terre s’ajoute la dégradation du contexte financier, tant dans l’institution d’attache, l’Université de Montréal, que chez les organismes subventionnaires. Les Presses de l’Université de Montréal ont toujours fortement appuyé la mission de la revue et l’ont considéré comme un de ses fleurons. Par contre, il est clair que la perte du poste de secrétaire de rédaction de GpQ suite aux coupures budgétaires pratiquées par l’institution en 1999 a eu un effet très négatif. Malgré toute notre bonne volonté, ceci a mené à des retards de production que nous n’avons jamais réussi à combler dans les années qui ont suivi. Finalement, le fait que les organismes subventionnaires (CRSNG et FQRNT) se soient tour à tour désistés de leur rôle de soutien de la publication scientifique aura été fatal. Bien que l’on soit reconnaissant de l’appui reçu au fil des ans, il faut tout de même souligner la courte vue du Fonds québécois de la recherche en sciences et technologie (FQRNT) dont le conseil a décidé de mettre un terme au programme de financement des revues scientifiques en 2007. Malgré nos représentations au FQRNT précisant les périls que ce changement de politique pourrait avoir sur les trois revues financées, rien n’y fit : le FQRNT a gardé le cap sur sa décision malgré la qualité évidente des revues concernées. Dans le cas de GpQ, cette perte de financement ne pouvait être compensée par d’autres revenus d’appoint. Au final, la communauté scientifique perd une revue de grande tradition en sciences de la Terre, et une des rares où l’on pouvait publier en français. Par son bilinguisme, la revue avait un caractère unique qui a permis de porter une voix francophone dans le monde entier et de donner une plus grande visibilité à des travaux en français. Pour moi, il s’agit d’une réalisation des plus importantes, et croire en cette mission aujourd’hui demeure essentiel : la science se vit aussi en français et GpQ aura été un agent important de la coexistence linguistique en science. Malgré cette fin que l’on pourrait …