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Moins célèbre que Dumont de Montigny, que Le Page du Pratz ou que Bossu (qu’il rencontra très vraisemblablement), Étienne Martin Vaugine de Nuisement n’en est pas moins un relationnaire précieux de la Louisiane du xviiie siècle. Originaire de Bourgogne, ce lieutenant d’une compagnie d’infanterie débarque à La Nouvelle-Orléans en 1751 à l’âge de 28 ans, et il est détaché l’année suivante « aux Illinois » où il demeure trois années (1752-1755). Son témoignage, assez bref, est composé de trois parties : une description de la vallée du Mississippi, de l’embouchure du fleuve jusqu’à la Haute Louisiane (p. 13-43); une série d’« observations » ethnographiques sur les Amérindiens, en particulier sur les Illinois et les Quapaws (ou Arkansas) (p. 44-64); et une présentation, très succincte, du territoire et des groupes indiens situés entre La Nouvelle-Orléans et La Mobile (p. 65-70). Par ses réflexions sur la vie des colons aux Illinois comme par ses très riches remarques sur les « moeurs et coutumes des Sauvages », le Journal de Vaugine gagne à être connu. Édité une première fois en 1939, il est ici agrémenté d’un solide appareil critique. Les deux éditeurs, des linguistes, se sont en particulier penchés sur la langue de l’auteur. Ils ont ainsi établi (p. 71-133) un long glossaire (de « abord » à « voyer (grand) », en passant par « berdache », « bayou », « calumet », « écore », « jonglerie », « piquer », « prairie » ou « rassade »…) révélateur du français d’Amérique du Nord au xviiie siècle. On trouvera en outre, dans les annexes, des extraits de la correspondance coloniale relatifs à Vaugine et une partie du Journal de Diron d’Artaguiette (1722-1723), qui contient lui aussi une relation d’un voyage aux Illinois.