Résumés
RÉSUMÉ
Cet article propose une réflexion sur les orientations de l’historiographie du Québec rural jusqu’à la Révolution tranquille. Selon la thèse présentée, cette historiographie s’est montrée relativement fermée aux influences et aux problématiques canadiennes-anglaises et américaines. Reflétant les aspirations des élites nationalistes conservatrices, elle a accrédité un double postulat donnant la société québécoise comme étant a priori homogène en elle-même et fondamentalement différente de ses voisines. Parallèlement, l’identité canadienne-française était définie en termes de continuité avec la France et de fidélité à ses traditions, plutôt qu’en termes de rupture et de recommencement dans un nouvel environnement.
Ces prémisses allaient engendrer des pratiques scientifiques assez paradoxales qui transposaient à la jeune société en voie de formation des problématiques et des démarches élaborées en référence à de vieux habitats encombrés, menacés d’éclatement. L’article signale certains malentendus, contradictions et impasses méthodologiques qui en ont résulté. Il suggère aussi qu’une plus grande osmose avec l’historiographie du nouveau continent — américaine surtout — aurait permis de formuler des questions et de construire des représentations collectives plus en accord avec les conditions et genres de vie des classes populaires, en l’occurrence la grande majorité des Québécois.
ABSTRACT
This paper discusses major characteristics of francophone historiography on rural Quebec up to the so called Quiet Revolution. According to the author's thesis, this historiography was very little permeated by the scientific trends and "problématiques" that prevailed in English Canada and United States. Mirroring the social and political aspirations of the conservative elites, it has provided scientific ground to a double postulate assuming that the Quebec society was internally homogeneous and basically different from its neighbours. Concurrently, the French Canadian identity was defined in terms of continuity with the mother country and faithfullness to its traditions rather than breaking off and starting from scratch on the new land. Such premises have generated rather paradoxical scientific analyses which, to a large extent, consisted in transferring to a young society still in the process of formation paradigms and models that were primarily developed with reference to very old, overpopulated countries experiencing major disequilibrium problems.
The paper signals some misunderstandings, contradictions and deadlocks which resulted from this. It also suggests that wider and deeper interaction with historians of the new continent — mainly American — might have led to debates and interpretations much more in keeping with the actual experience of most of the Quebecers in their north american environment.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger