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Pour souligner ses trente ans d’existence, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), a confié le mandat au politologue et historien Denis Gravel – qui compte plusieurs publications en histoire municipale – de produire un nouvel historique de son organisation. Pour ce deuxième opus en moins de quinze ans portant sur son histoire, la Fédération voulait obtenir un document retraçant les grands événements qui ont marqué son évolution. D’emblée, l’auteur précise que «ce livre n’est pas une analyse politique» et il réfère plutôt au premier historique de la FAÉCUM, rédigé par Éric Bédard[1], pour qui s’intéresse plus particulièrement à l’analyse politique des premières années de la Fédération. S’appuyant sur le travail effectué en 1994 par Bédard, sur les documents d’archives de la FAÉCUM, sur les médias écrits et sur les entrevues qu’il a effectuées avec d’anciens militants, Gravel reconstitue l’histoire de la FAÉCUM, en s’attardant aux principaux événements ayant occupé le bureau exécutif de la Fédération. On notera dès le survol de la table des matières qu’une grande place est accordée ici à la gestion même de la Fédération et de ses différents services. Que l’on pense aux boires et déboires du Clandestin (bar étudiant), à la création de la radio étudiante CISM 89,3 MF ou encore à la gestion des photocopieurs, la FAÉCUM a derrière elle une longue histoire de services aux étudiants. En parcourant cet ouvrage, on comprend rapidement qu’il s’agit d’un élément fondamental dans l’histoire même de cette fédération. En fait, on pourrait même reprocher à cet ouvrage de justement trop s’attarder à l’historique de création, de gestion et des succès ou échecs de ces services au détriment des enjeux de nature scolaire ou politique. Bien que l’auteur n’ait pas souhaité y faire une analyse politique de l’histoire de la Fédération, il aurait tout de même été intéressant de voir les dossiers politiques et scolaires de la FAÉCUM prendre une plus large part dans ce deuxième historique. Qui plus est, l’étude de Gravel aurait grandement gagné à privilégier un traitement thématique plutôt que chronologique. Au final, cela donne lieu à une narration parfois décousue. Gravel aurait eu avantage à diviser son ouvrage pour traiter, dans un premier temps, de l’histoire administrative et institutionnelle de la Fédération (création de la FAÉCUM, développement des différents services…), pour ensuite regrouper au sein d’un même chapitre les dossiers à caractère scolaire ; puis, dans un dernier chapitre, les enjeux politiques, fort nombreux en ces trente ans d’existence de la Fédération. À la décharge de l’auteur, il faut noter qu’il n’a eu que quelques mois pour faire ses recherches, prendre possession de l’histoire de la Fédération et rédiger son étude. Malgré ces quelques faiblesses, l’ouvrage apporte tout de même une contribution utile à une historiographie encore peu développée au Québec, celle du mouvement étudiant.