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Malgré certains défauts, il faut avouer que la présente anthologie arrive à point pour ceux qui s’intéressent à la question universitaire québécoise. L’avant-propos, tenant lieu d’introduction générale, résume l’objectif principal de l’ouvrage : « [C]omment a-t-on conçu et compris l’université au Québec entre 1770 et 1990 ? » (p. 11). L’auteur propose une catégorisation en cinq types pour expliquer les multiples compréhensions de l’université : théologique, humaniste, fonctionnelle, utopiste et révolutionnaire. En amalgamant les défenseurs de l’éducation supérieure des femmes du début du siècle et le mouvement étudiant de la fin des années 1960, l’université « utopiste » suscite toutefois certains questionnements quant à sa pertinence.

L’anthologie reproduit 53 textes et propose une brève présentation pour chacun. À ce sujet, il faut déplorer que ces présentations s’apparentent plus à un résumé qu’à une véritable analyse ou à une mise en contexte. Quelques contradictions mineures entre le texte de présentation et le texte lui-même agacent aussi à l’occasion (p. 69 et 71-72 par exemple).

Le choix des textes est assez judicieux. L’anthologie regroupe ainsi les « incontournables » de l’histoire universitaire québécoise, tant anglophone que francophone. Pour cela, il faut féliciter les auteurs. Les représentants officiels (professeurs, chercheurs, recteurs, principaux…) de McGill, de l’Université Laval, de l’Université de Montréal et des autres universités plus récemment créées ont voix au chapitre. Quelques représentants de l’Église, journalistes, hommes d’affaires, comités et commissions d’enquêtessont aussi cités. Par contre, un seul étudiant (la présentation ne confirme malheureusement pas son statut) et une association étudiante y ont obtenu la parole. Aucune femme — même au sujet de débat de l’accession des femmes à l’Université (on a préféré la parole de William Dawson) — n’a eu la même chance. On aurait également souhaité un peu plus de témoignages provenant de l’extérieur du milieu universitaire, particulièrement du côté anglophone.