L’histoire appliquée et l’histoire universitaire à Parcs Canada[Notice]

  • Dianne Dodd

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  • Dianne Dodd
    Parcs Canada

Avec la hausse de la popularité de l’histoire, il est plus important que jamais que les historiens universitaires, en particulier les spécialistes de l’histoire sociale, collaborent avec les historiens publics pour faire entendre les voix oubliées du passé dans les lieux historiques, les musées, sur Internet, dans les chaînes spécialisées d’histoire et dans les écoles. Il n’est cependant pas facile de jeter des ponts, surtout quand chacun entretient une vision stéréotypée de l’autre. Dans le secteur public, on considère parfois les historiens universitaires comme des intellectuels enfermés dans leur tour d’ivoire, loin des pressions politiques normales d’un monde où les perceptions du passé sont conditionnées par divers groupes. Au pire, ces « excentriques », travaillant en vase clos, recourent à un langage délibérément hermétique, émaillé de jargon, compréhensible seulement pour eux-mêmes et une coterie de collègues. Du côté universitaire, on considère les historiens publics comme obsédés par les détails de l’architecture, des documents et des artefacts, au point d’être incapables d’en analyser la signification plus profonde. Pire encore, ils simplifient des idées complexes, ne jouissent pas d’une véritable autonomie qu’autorise un poste permanent à l’université et se mettent trop facilement à plat ventre devant leurs maîtres politiques. Comme toute caricature, ces deux points de vue contiennent une part de vérité, mais ils déforment la réalité plus qu’ils ne la révèlent. Les historiens universitaires subissent la pression de leurs étudiants, des organismes de subventions et des universités qui leur versent leur salaire, elles-mêmes étant financées par les deniers publics. Bien que l’historien universitaire succombe parfois aux attraits d’un langage spécialisé, ce qui compte davantage, ce sont ses démarches créatrices qui permettent de faire progresser notre compréhension du passé et d’élaborer une historiographie à laquelle puisent les éducateurs et les vulgarisateurs. Et, fait encourageant, quelques universitaires sortent maintenant de leur tour d’ivoire. Les historiens publics, comme ceux de Parcs Canada, jouent un rôle différent, mais tout aussi important. Non seulement ils et elles enrichissent la connaissance par leurs propres recherches dans des domaines spécialisés comme l’archéologie, l’histoire de l’architecture et du bâti et des « paysages culturels », mais ils peuvent jeter un pont fort utile entre l’historien universitaire et l’amateur d’histoire. Mon expérience m’a ainsi démontré qu’il était possible — voire stimulant — de traduire des idées historiographiques complexes en langage accessible à un plus grand public. Lorsque cette conversion est bien faite, le contenu n’est pas appauvri. En ce qui me concerne, la vision commune partagée par les historiens universitaires et ceux du domaine public est plus importante que les différences entre leurs rôles. Tous partagent la conviction que l’histoire a sa place, qu’elle nous fournit une perspective, voire une certaine sagesse, qu’elle peut être tantôt une source de fierté, tantôt un sujet de honte, mais en nous renvoyant toujours à notre image comme société. Les historiens universitaires peuvent aider à faire comprendre l’importance de l’histoire de multiples façons, mais j’aimerais en indiquer deux, par rapport au programme de Parcs Canada. En premier lieu, les historiens universitaires peuvent participer à la mise en nomination de personnes, de lieux ou d’événements pour désignation nationale. En second lieu, ils peuvent collaborer avec leurs collègues du secteur public en examinant des rapports de recherche de même qu’en participant à des commémorations publiques. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) a été créée en 1919 pour conseiller le ou la ministre responsable, sur la commémoration de personnes, de lieux et d’événements notables dans l’histoire du Canada. Bénéficiant d’une représentation régionale équilibrée de spécialistes du patrimoine et de l’histoire, auxquels s’ajoutent des représentants des Archives nationales et du Musée canadien des civilisations, …

Parties annexes