Résumés
Résumé
Depuis le début du dernier siècle au Québec, deux grandes visions de la sexualité se juxtaposent et s’enchevêtrent : les prescriptions morales et religieuses qui maintiennent l’idée de naturalisme dans les pratiques sexuelles (procréation et hétérosexualité), et le développement d’une approche individualiste et plurielle qui prône le plaisir. À partir de ce constat, cet article analyse les discours catholiques sur la sexualité féminine au Québec de 1930 à 1960. Les sources, les manuels de sexualité maritale, offrent les détails et les instructions d’une activité sexuelle comme elle se doit d’être. Les auteurs de ces manuels développent leurs idées sur l’identité sexuelle et genrée de même que sur les pratiques sexuelles spécifiques aux femmes et aux hommes. Les discours alternent du moralisme chrétien à la psychologie individuelle pour justifier l’équilibre conjugal au moment où celui-ci est mis à mal. Alors que physiquement les femmes sont visiblement différentes par leurs facultés de procréation, il semble également important de les distinguer moralement et intellectuellement. Ces différences permettent de réaffirmer et de justifier le rôle sexuel des femmes au sein du couple durant la période étudiée.
Abstract
Since the beginning of the last century in Quebec, two main views on sexuality have existed alongside each other and been inextricably linked : moral and religious prescriptions, which maintained the idea of naturalism in sexual practices (procreation and heterosexuality) ; and the development of an individualistic and multi-faceted approach which advocated pleasure. Starting from this observation, this article analyzes Catholic discourse on female sexuality in Quebec from 1930 to 1960. The sources, handbooks on marital sexuality, explain in detail and provide instructions for proper sexual activity. The authors of these handbooks expanded on their ideas of gendered and sexual identity as well as sexual practices specific to women and to men. The discourse alternated between Christian moralism and individual psychology in order to justify marital balance at a time it was under strain. Whereas women were obviously physically different (because of their ability to procreate), it also seemed important to distinguish them morally and intellectually from men. These differences made it possible to reaffirm and to justify the sexual role of women within the couple during the period studied.