Comptes rendus

FAY, Terrence J., A History of Canadian Catholics : Gallicanism, Romanism, and Canadianism (Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2002), xv-400 p.[Notice]

  • Guy Laperrière

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  • Guy Laperrière
    Département d’histoire
    Université de Sherbrooke

Fay, un jésuite professeur d’histoire au Séminaire Saint-Augustin de l’Université de Toronto, a voulu couronner sa carrière par la publication d’un ouvrage synthèse, la première histoire complète des catholiques au Canada, à partir des études existantes. C’est un pari largement tenu. Son plan est chronologique, en gros, mais il suit aussi les thématiques des articles et des ouvrages qu’il résume. C’est ainsi, par exemple, que toute la question des hôpitaux catholiques est traitée en trois pages, des origines à nos jours, à l’intérieur d’un chapitre (Church and Society) qui couvre la période 1840-1940. Une autre division traverse l’ouvrage, celle qui apparaît dans le sous-titre : Gallicanism, Romanism, and Canadianism. La frontière entre le gallicanisme et le « romanisme » passe pour lui entre Plessis et Lartigue. Elle n’est pas que politique : la spiritualité française est opposée à la spiritualité romaine. Quant au « canadianisme », c’est une notion beaucoup plus floue, qui se met en marche avec la Confédération. On voit que les frontières chronologiques n’ont ici rien de strict, et c’est heureux. Autre qualité : l’ouvrage couvre bien les différentes régions du pays, les Maritimes, le Québec, l’Ontario et l’Ouest (le Nord un peu moins). Quelles sont les positions de Fay ? Elles sont plutôt modérées, mais il a manifestement un penchant pour les universités catholiques, pour les femmes dans l’Église, dont il parle beaucoup, pour les Autochtones, les immigrants, l’oecuménisme, les questions sociales. Son traitement du fait français est bon, en général. De manière assez amusante, il utilise pour désigner les francophones le mot canadien, un peu à la façon dont Michel Brunet utilisait le mot Canadian. Mais là où ce mot prenait un ton acerbe dans la bouche du maître montréalais, il comporte une touche de sympathie sous la plume de Fay. Du point de vue scientifique, l’ouvrage de Fay ne repose pas sur des recherches personnelles (dans les archives, par exemple), mais uniquement sur les publications disponibles, qu’il résume. Son traitement est donc d’autant meilleur que les textes qu’il utilise sont bons. Pour le Canada français et le Québec, il suit surtout Chaussé, Choquette et Hamelin, ce qui le met à bonne école. Jusqu’en 1850, son histoire parle surtout d’évêques et là, il s’appuie beaucoup sur le DBC, qui rend ici service plus que jamais. Pour les francophones, l’ouvrage permettra surtout de découvrir le catholicisme canadien-anglais. Donnons l’exemple d’un chapitre qui me paraît particulièrement réussi, le chapitre 10. Les titres des chapitres sont souvent vagues (ici : Catholic Responses to the Depression), mais les titres de sections sont plus précis et plus parlants. Ainsi, ce chapitre traite du mouvement d’Antigonish (coopératives), de l’ordre social catholique au Québec, de l’enseignement social de Henry Somerville, le rédacteur du Canadian Register de 1933 à 1953, et de l’attitude des catholiques face au CCF en Saskatchewan (voix pour et contre). On voit bien le mouvement du chapitre d’est en ouest, et qui peut prétendre, au Québec, connaître toutes ces questions ? On trouvera assez peu à critiquer dans les prises de position de Fay, si ce n’est sur certaines interprétations, notamment en ce qui touche la politique. Ainsi, le chapitre 11, Catholics Caught Between Communism and Fascism, m’a paru bien tendre pour les inclinations au fascisme, qu’il excuse par le danger plus grand que représentait le communisme. De même, je me demande qui le suivra quand il prétend que la guerre civile espagnole était une guerre civile interne qui avait peu à voir avec le communisme ou le fascisme... En général, Fay suit les positions des auteurs qu’il lit. Quand ils …