Comptes rendus

PALMER, Alexandra, dir., Fashion : A Canadian Perspective (Toronto, University of Toronto Press, 2004), 382 p.[Notice]

  • Françoise Dulac

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  • Françoise Dulac
    École supérieure de mode de Montréal

Très peu d’ouvrages s’intéressent à la mode canadienne. Le défi relevé par Alexandra Palmer est d’autant plus louable que le sujet est abordé sous plusieurs aspects. Que ce soit dans les contextes économique, social et culturel, ou sous l’angle de la haute couture et de la production de masse, ou de l’impact de sa diffusion dans les médias, la mode est étudiée en regard de la spécificité canadienne. Quinze auteurs ont apporté leur contribution à la rédaction de cet ouvrage divisé en quatre parties. Les essais, très documentés, dressent un large portrait du secteur de la mode et apportent un nouvel éclairage sur son développement au Canada. Trois textes de la première partie démontrent comment certaines tenues vestimentaires de la seconde moitié du xixe siècle sont liées à l’expression de l’identité nationale, féminine ou masculine. Eileen Stack retrace l’histoire du manteau en couverture de laine (blanket coat) adopté par les raquetteurs qui en ont fait un objet de prestige. Ce manteau qui tire ses origines de la capote portée autant par les marins français, les tribus des Premières Nations, les militaires que les paysans canadiens-français est devenu au fil du temps un symbole de l’appartenance anglo-saxonne des Canadiens. Cynthia Cooper analyse l’expression de l’identité masculine et féminine dans les tenues de bals costumés. Si c’est une occasion de transcender les limites imposées par la mode, elle démontre que les règles de la moralité doivent aussi être respectées. Jan Noël s’attarde aux liens entre le vêtement et l’identité culturelle à partir des tenues vestimentaires portées par trois Montréalais d’origine différente. L’Écossais John Redpath, le Français Claude de Ramezay et le Canadien français Louis-Joseph Papineau expriment chacun à leur façon leur masculinité à travers des vêtements qui font référence à leur identité première. Par contre, ces chapitres ne permettent pas de généraliser à l’ensemble de la population, étant donné que ce sont des cas particuliers et isolés. Si ces trois textes s’avèrent très intéressants, le lecteur reste sur son appétit puisque la majorité des exemples cités concernent le milieu anglophone. Il est dommage que la comparaison des symboles identitaires de deux peuples qui se côtoient n’ait pas été faite de façon plus globale. Dans le dernier texte de cette partie, Alexandra Palmer relate les difficultés rencontrées par l’Association des couturiers canadiens au milieu du xxe siècle pour se faire reconnaître sur la scène internationale même si beaucoup d’efforts furent entrepris. Plusieurs facteurs comme, entre autres, l’émergence du prêt-à-porter et le peu de ressources en matières premières disponibles ici, n’ont pas aidé les créateurs de mode à arriver à se distancier de l’influence européenne pour concevoir des collections représentatives de notre identité tout en étant commerciales. Quatre textes de la deuxième partie sont consacrés aux méthodes de fabrication et au fonctionnement d’industries du secteur de la mode. Tout d’abord, Christina Bates trace un portrait assez complet de l’évolution de la fabrication des chapeaux de 1870 à 1930 en Ontario. En plus de donner des précisions sur les différents styles et des détails sur la confection, elle réussit à bien illustrer les changements imposés lors du passage de la fabrication manuelle à la fabrication industrielle autant dans les méthodes de travail que dans les formes et le design. Deux auteurs examinent de plus près les débuts de la machine à coudre dans l’industrie des vêtements féminins. Si Larocque fait ressortir, avec statistiques à l’appui, les caractéristiques et l’apport des femmes dans les entreprises du vêtement à St. John en 1871, MacKay démontre comment la productivité dans les usines de Halifax a été améliorée par ce changement de technologie. Les ajustements …