Comptes rendus

GAUMER, Benoît et Georges DESROSIERS, avec la collaboration de Jean-Claude DIONNE, Enseignement et recherche en santé publique. L’exemple de la Faculté de médecine et de l’École d’hygiène de l’Université de Montréal (1911-2006) (Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2007), 269 p.[Notice]

  • Julien Prud’Homme

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  • Julien Prud’Homme
    Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie, Université du Québec à Montréal

Cette nouvelle publication des médecins Benoît Gaumer et Georges Desrosiers offre « une histoire organisationnelle de l’enseignement et de la recherche en santé publique à l’Université de Montréal autour de sa Faculté de médecine » (p. 14). Pas moins, pas plus : on n’y traite donc pas du contexte général de la santé publique, ni de son enseignement dans d’autres universités québécoises ou même d’autres unités de l’Université de Montréal, comme la Faculté des sciences infirmières. On n’y décrit guère, non plus, le contenu de l’enseignement ou de la recherche, le texte s’en tenant à l’histoire proprement administrative des quelques unités actives en santé publique dans l’entourage de la Faculté de médecine. Sur ce sujet très précis, l’ouvrage se montre toutefois complet et détaillé, représentant le point culminant de plus de vingt ans de recherche des auteurs, dont le texte reprend d’ailleurs de larges pans d’articles parus antérieurement. L’ouvrage se divise en neuf chapitres, qu’on peut regrou--per en trois sections distinctes. Les deux premiers chapitres suivent la trace des programmes d’hygiène publique à l’Université de Montréal avant 1970. Bien que la future faculté de médecine ait donné des cours d’hygiène dès 1874, le chapitre 1 s’ouvre plutôt, un peu abruptement, sur la création, en 1911, d’un premier programme formel en « hygiène appliquée ». Ce programme, pourvu d’un enseignant à temps plein en 1917, ne forme qu’un nombre limité de médecins, mais sert de tremplin à l’ouverture, en 1925, d’une École d’infirmières hygiénistes à la postérité plus conséquente. Comme il est décrit au chapitre 2, le véritable envol de l’enseignement médical de la santé publique survient à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec la création, sous l’impulsion d’Armand Frappier, de l’École d’hygiène de l’Université de Montréal, alors indépendante de la Faculté de médecine. Chargée de former le personnel des services sanitaires provinciaux et municipaux, l’École assure l’enseignement d’une variété de programmes dont plusieurs ne sont pas destinés aux médecins, notamment des infirmières et des dentistes, ce qui témoigne du projet de ses dirigeants « d’assurer la formation de toute “l’équipe de santé publique” » (p. 31). Ce rôle intégrateur prend cependant fin en 1970, alors que les recommandations de la Commission Castonguay-Nepveu entraînent la dissolution de l’École et l’incorporation de ses principales composantes à la Faculté de médecine, à qui est désormais attribué le mandat d’enseigner l’approche « globale » de la santé qui faisait la spécificité de l’hygiène publique. Les chapitres 3, 4 et 5 décrivent le sort des différents départements de l’École ainsi avalés par la Faculté, parfois en reprenant leur parcours du début. Le chapitre 3 décrit ainsi l’émergence à l’École, dans les années 1950, d’un premier enseignement universitaire en administration hospitalière, dont le contrôle fait alors l’objet d’une rivalité entre les représentants de l’École et des membres du clergé catholique. Le chapitre 4, pour sa part, montre la naissance au sein de l’École d’un département d’« hygiène des milieux » dont le premier directeur est un ingénieur et qui, entre 1950 et 1965, assure principalement la formation d’inspecteurs sanitaires. Transformées respectivement en départements d’administration de la santé et de santé environnementale/santé au travail après leur intégration à la Faculté de médecine, ces unités y développent rapidement des équipes professorales plus importantes et orientées vers la recherche. Enfin, le chapitre 5 montre en quoi le volet épidémiologique de la défunte École d’hygiène est, à terme, pris en charge par un nouveau département de médecine sociale et préventive, créé administrativement par la Faculté dès 1965 sous la pression d’organismes accréditeurs mais qui demeure une coquille vide jusqu’en 1973. Consacré aussi à la médecine familiale, ce département …