Comptes rendus

Aird, Robert et Mira Falardeau, Histoire de la caricature au Québec (Montréal, VLB éditeur, coll. « Études québécoises », no 87, 2009), 258 p.Aird, Robert, Histoire politique du comique au Québec (Montréal, VLB éditeur, coll. « Études québécoises », no 90, 2010), 264 p.[Notice]

  • Alexandre Turgeon

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  • Alexandre Turgeon
    Département d’histoire, Université Laval

Dans les dernières années, Robert Aird et Mira Falardeau se sont imposés comme des spécialistes de l’histoire de l’humour au Québec. Le premier, historien de formation, a fait ses armes avec L’histoire de l’humour au Québec : de 1945 à nos jours (2004), tandis que la seconde, historienne de l’art, a fait paraître Histoire du cinéma d’animation au Québec (2006) et Histoire de la bande dessinée au Québec (2008). Suivant leur intérêt respectif d’écrire l’histoire de l’humour au Québec sous toutes ses facettes, il semblait opportun que leurs chemins se croisent. Leur réunion a donné en 2009 Histoire de la caricature au Québec, tandis que R. Aird récidivait de son côté en 2010 avec Histoire politique du comique au Québec. Ces deux ouvrages se ressemblent beaucoup. Ils suivent un plan chronologique, du Régime français jusqu’à nos jours. Ils portent chacun sur un objet si vaste que les auteurs, ne pouvant l’aborder dans sa totalité, ont dû se limiter à certains aspects. Pour le premier, seules les caricatures publiées dans les magazines, les journaux et les sites Internet de ceux-ci ont été considérées. Pour le second, le comique a été considéré dans sa « dimension politique et sociale » (p. 7), soit un très vaste terrain. Parmi les objets d’étude de R. Aird, les fêtes populaires, les polémistes, les monologuistes et les stand-up comic ont été retenu, tandis que le comique n’a pas été abordé dans le théâtre, le cinéma et la caricature. Pour le premier ouvrage, Histoire de la caricature au Québec, R. Aird et M. Falardeau soutiennent l’idée que la caricature joue un rôle de premier plan dans nos sociétés occidentales, les caricaturistes étant les « gardiens de la liberté d’expression » (p. 7). Au premier chapitre, dans l’un des passages les plus intéressants de l’ouvrage, les auteurs nous exposent les tenants et aboutissants de cette pratique en Occident en remontant jusqu’à Leonardo Da Vinci. Exagérer ou simplifier les traits de caractère ou de figure, tels seraient les grands principes de la caricature. Ils nous présentent également celui par qui la caricature fait son entrée au Canada : George Townshend, officier de James Wolfe. Mais ce n’est qu’au siècle suivant, le XIXe, que la pratique de la caricature s’impose de façon durable. Le deuxième chapitre voit justement les publications satiriques pulluler à un rythme effarant, à un point tel qu’elles sont innombrables. Les journaux affiliés aux partis politiques ne sont pas en reste, de leur côté. L’analphabétisme étant largement répandu, le recours à l’image est un moyen sûr pour rejoindre un plus grand lectorat. À cette époque où les journaux sont la propriété de membres de la classe bourgeoise, les premiers caricaturistes présentent dans leurs dessins une vision bourgeoise du monde, dessins qui sont alors gravés sur bois. Le troisième chapitre porte, quant à lui, sur la naissance de la grande presse, qui voit le passage « d’une presse de polémique à une presse d’information » (p. 62), alors que les partis politiques commencent à se retirer du paysage journalistique, forçant les journaux à revoir leur façon de faire du tout au tout. C’est à ce moment, selon les auteurs, que l’on peut commencer à parler de caricaturistes de métier, notamment Henri Julien au Montreal Daily Star et Albéric Bourgeois à La Presse. Le quatrième chapitre porte sur une période mouvementée de l’histoire du Québec, traversée part en part par les deux conflits mondiaux et le Krach boursier de 1929. D’un côté, A. Bourgeois continue de faire sa marque dans La Presse, de l’autre, maints caricaturistes se joignent à des journaux de …