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L’Histoire du Centre-du-Québec s’inscrit dans les synthèses d’histoire régionale écrites sous la supervision de l’INRS. Ces publications sont toujours imposantes et couvrent une période qui s’étend de la glaciation jusqu’à aujourd’hui, ou presque…

Cet ouvrage, de plus de 1000 pages et contenant 20 chapitres, possède ses propres forces et faiblesses. D’entrée de jeu, la couverture nous surprend. Une scène qu’on aurait beaucoup de difficulté à identifier à une région en particulier. Le thème pointu de l’enseignement religieux n’a vraiment rien d’original en soi. On y voit une religieuse pointant sa baguette vers une carte sur laquelle figure la Floride. C’est la fête et presque l’anarchie dans la classe où un jeune garçon semble vouloir flirter une jeune fille assise directement à ses côtés. Honnêtement, nous ne nous souvenons pas…

La qualité de l’iconographie est très moyenne au niveau de la présentation. Certaines des images sont minuscules et ne rendent probablement pas justice à leur intérêt. Plusieurs n’ont pas été traitées et adaptées pour le type d’impression choisie et demeurent fades.

Les figures, semblables aux tableaux faits à partir du logiciel Excel, manquent souvent de clarté et sont mal adaptées à une publication en niveau de gris. Sur le plan de la démarche, nous ne comprenons pas qu’une étude faite par des universitaires ne comprenne pas une bibliographie, surtout pour un livre de cette ampleur et publié par des presses universitaires. On se contente d’une suite de nombreuses notes toutes rassemblées en fin d’ouvrage alors que leur consultation aurait été beaucoup plus facile si on les avait disposées en fin de chapitres.

La somme de travail d’un tel ouvrage est colossale. Par ailleurs, on se réjouit qu’enfin une étude historique soit consacrée au centre du Québec. Nous apprécions l’inclusion de thématiques comme le très bon chapitre sur les médias, les arts et les lettres et celui sur la santé. Nous apprécions aussi l’intérêt des auteurs pour des sujets de notre temps comme la sensibilisation aux milieux humides. Par contre, le chapitre sur la politique 1896-1966 est incomplet et ce thème est trop inachevé. Tous les autres chapitres sont bien étoffés, comme celui sur l’éducation.

Il est très difficile de trouver une identité spécifique à cette région. Les Municipalités régionales de comté ont certes contribué à en façonner une, mais c’est un phénomène très récent. Et encore là, le territoire est si vaste qu’il comprend cinq MRC : Arthabaska, Bécancour, Drummond, L’Érable et Nicolet-Yamaska. La région nous semble presque étouffée entre la région métropolitaine et la capitale nationale sans compter la proximité de Trois-Rivières. Dans leur conclusion, les auteurs demeurent même très vagues au point de se sentir obligés de parler de la mission de l’historien.

Y a-t-il des oublis, des omissions ? Évidemment. Par exemple, il y a peu de mentions du milieu communautaire autre que religieux. C’est là que les sociétés d’histoire locale et régionale ont toutes leur importance. Nous nous réjouissons cependant que les auteurs aient puisé abondamment dans les archives des sociétés d’histoire locale pour leurs fonds photographiques.

Cet ouvrage, comme tous les autres de cette collection, devient un incontournable et il comble un grand vide. La plupart des plus grandes faiblesses ne relèvent pas des auteurs, mais de choix éditoriaux et de mise en pages.

Ce livre vise surtout une clientèle vivant dans cette région et qui voudra s’approprier certains détails historiques, données, images ou repères géographiques pour mieux comprendre son propre milieu et son évolution.